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ARTICLE20 avril 2023

Rendre leur dignité aux plus vulnérables

The World Bank

Maimouna Ousmanou

Odilia Hebga @ Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS

  • Le Cameroun compte 7,5 millions de personnes vivant dans la pauvreté et plus de 2 millions de personnes déplacées par les conflits.
  • Depuis son lancement il y a 10 ans, le projet de filets sociaux de sécurité (SSNP) a bénéficié à quelque 2,3 millions de personnes à travers les dix régions du pays, permettant de répondre à leurs besoins fondamentaux, d'investir dans le capital humain, et de se sortir de la pauvreté.
  • Le projet a également permis de jeter les bases d'un système de filets sociaux inclusif et adaptatif, que le gouvernement peut utiliser pour venir en aide aux pauvres et faire face aux chocs.

Maimouna se tient fièrement à l'entrée de sa petite boutique remplie de tissus colorés. La jeune femme est heureuse du tour qu'ont pris les choses dans sa vie : « Le projet de filets sociaux m'a rendu ma dignité. Nous avons dû fuir le conflit, et nous arrivions tout juste à survivre. J'ai été sélectionnée pour faire partie des bénéficiaires du projet SSNP en 2015. Avec l'argent que j'ai reçu, j'ai d'abord pu envoyer mes enfants à nouveau à l'école et, par la suite, m'établir à mon compte avec une petite entreprise de vente de tissus et d'alimentation. »

Une personne sur quatre au Cameroun vit sous le seuil national de pauvreté. Malgré la récente croissance économique, la pauvreté et les inégalités restent élevées au Cameroun, affectant particulièrement les habitants des zones rurales où la moitié de la population est pauvre.

Le projet de Filet Sociaux de Sécurité (SSNP) a été lancé en 2013 pour fournir des transferts monétaires et des emplois dans les travaux publics aux ménages les plus pauvres. Auparavant, les programmes de filets sociaux existant dans le pays ne permettaient pas de s'attaquer à la pauvreté chronique ou transitoire. Le pays disposait de plusieurs programmes de filets sociaux à petite échelle ou ponctuels, allant de programmes d'alimentation scolaire, ou d'exonération de frais, à des transferts de fonds pour les personnes dans le besoin, en passant par des aides alimentaires temporaires en cas d'urgence.

Avec le projet SSNP, la Banque mondiale a appuyé le gouvernement pour mettre en place des systèmes de filets sociaux de base et atteindre près d'un tiers des pauvres par le biais d'interventions vitales. Ce projet de financement comprenait trois interventions : (a) des transferts monétaires réguliers, assortis de mesures d'accompagnement ; (b) des transferts de fonds d'urgence ; et (c) des travaux publics à haute intensité de main d'œuvre.

Le projet a tout de suite enregistré de nombreux impacts positifs : les bénéficiaires étaient plus à même de répondre à leurs besoins de consommation de base ainsi qu'à la couverture de leurs frais de santé et d'éducation, comme Maimouna et sa famille. Ils ont également pu faire des investissements productifs dans l'agriculture et/ou dans des micro-entreprises, ils ont aussi été plus à même d'envoyer leurs enfants à l'école, et ont obtenu des documents d'état civil.

L'échelle du SSNP a par la suite été élargie pour offrir un soutien d'urgence aux réfugiés fuyant le conflit en République centrafricaine voisine. Tout comme Maimouna, plus de 19 143 ménages réfugiés ont bénéficié de l'appui du projet lorsqu'ils en avaient le plus besoin.

La capacité unique du projet à toucher les ménages en a fait une option privilégiée de réponse aux crises. Lors de la pandémie de COVID-19, le gouvernement a tiré parti des systèmes de SSNP pour offrir un appui au 80 000 ménages urbains qui subissaient des répercussions économiques négatives.

Ernest Elema, l'un des bénéficiaires qui vit à Douala, a frôlé la faillite lorsque la pandémie est survenue.   « Les transferts monétaires d'urgence dont j'ai bénéficié m'ont aidé à développer mon activité de cordonnier ; j'ai pu également lancer un nouveau commerce de vente de charbon et ouvrir un point d'appel téléphonique. »

The World Bank

Ernest Elema

Odilia Hebga @ World Bank

Suite à de multiples extensions, le projet SSNP a pu atteindre 385 000 foyers (soit environ 2,3 millions de personnes) au cours de la dernière décennie. Un ménage pauvre sur trois a ainsi reçu un appui du projet. Cependant, les besoins dépassent encore l'aide disponible – surtout en temps de crises, liées au conflit, au climat, ou à d'autres chocs qui continuent à exacerber la pauvreté et la vulnérabilité.

Le gouvernement a récemment lancé un projet de filets sociaux adaptatifs et d'inclusion économique pour prolonger le succès du SSNP et étendre le soutien à l'emploi des jeunes dans les zones urbaines. Ce nouveau projet devrait toucher 200 000 foyers d'ici 2028, en se concentrant encore davantage sur les systèmes de réponse aux chocs (par exemple via les paiements numériques ou les registres sociaux) qui peuvent être déployés rapidement pour atteindre ceux dans le besoin en cas de crise.

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