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ARTICLE03 mars 2023

Du Ghana aux Caraïbes, la pêche est sous tension

The World Bank

Des bateaux de pêche à Winneba, au Ghana.

Morgan Graham/Banque mondiale.

LES POINTS MARQUANTS

  • Surpêche, plastique, destruction des habitats et réchauffement des eaux épuisent la ressource.
  • Trois pays des Caraïbes orientales vont travailler ensemble pour lutter contre la pêche illégale tout en renforçant le tourisme, la gestion des déchets et la résilience au changement climatique.
  • Au Ghana, un projet de gestion des mangroves vise à relancer la pêche côtière et à stocker du carbone.

Des bateaux de pêche traditionnels en bois sont amarrés dans la ville côtière de Winneba, au Ghana. Leurs prises sont vendues par des poissonniers sur le marché voisin. Mais ces dernières années, les bateaux capturent moins de poissons. « Entre le changement climatique et d'autres facteurs, les pêcheurs locaux déclarent qu'ils ramènent moins de poissons et plus de plastique », explique Kofi Agbogah, directeur de Hen Mpoano, une organisation non gouvernementale ghanéenne spécialisée dans la gestion de la pêche et des écosystèmes côtiers.

La surexploitation des ressources halieutiques, les déchets plastiques, la destruction des habitats et le réchauffement des eaux épuisent la richesse naturelle des océans, affectant particulièrement la communauté des artisans pêcheurs du Ghana. D'ici 2050, le changement climatique pourrait à lui seul réduire le potentiel de pêche du pays de 25 % ou plus, menaçant ainsi une source de nourriture et un mode de vie essentiels.

De nombreux pays d'Afrique de l'Ouest sont face à des perspectives similaires. Selon une étude de la Banque mondiale de 2019, la République démocratique du Congo, la Côte d'Ivoire, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Libéria et Sao Tomé-et-Principe pourraient voir le potentiel de capture dans leurs zones de pêche diminuer de 30 % ou davantage (a) d’ici 2050 en raison du changement climatique. Les prises pourraient même chuter de plus de 40 % en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Libéria et à Sao Tomé-et-Principe à l’horizon 2100.

Ces phénomènes ne se limiteront pas à la côte ouest-africaine. À l'échelle mondiale, le dérèglement du climat provoque de graves déséquilibres dans les océans, alors même que la surpêche entraîne un manque à gagner économique estimé à 80 milliards de dollars par an (a). Les océans se réchauffent et s'acidifient à mesure qu'ils absorbent le dioxyde de carbone présent dans l'atmosphère. Les courants océaniques se modifient, altérant les nutriments nécessaires aux plantes aquatiques qui nourrissent les jeunes poissons pour qu'ils puissent survivre jusqu'à l'âge adulte. La hausse de la température de l'eau pousse également les poissons à se déplacer vers des zones plus fraîches. Par conséquent, les activités de pêche pourraient être moins touchées dans des pays situés à des latitudes élevées, tandis que d'autres connaîtraient un déclin massif.

The World Bank

Sainte-Lucie (Caraïbes orientales). 

Banque mondiale

De l’autre côté de l’Atlantique, dans les Caraïbes, les réserves halieutiques se réduisent également sous l'effet des pratiques de pêche illégale, non déclarée et non réglementée. En 2017, l'Union internationale pour la conservation de la nature a alerté sur le fait que la surpêche et la dégradation des récifs coralliens dans les îles des Caraïbes et du Pacifique menaçaient d'extinction de nombreux poissons, y compris des sources alimentaires comme les thons et les mérous.
 

Développer l'économie bleue dans les Caraïbes orientales

Face à cette situation, trois pays des Caraïbes unissent leurs forces à celles de l'Organisation des États des Caraïbes orientales pour lutter contre la pêche illégale tout en renforçant le tourisme, la gestion des déchets et la résilience au changement climatique. Géographiquement proches, la Grenade, Sainte-Lucie et Saint-Vincent-et-les Grenadines ont élaboré ensemble un plan d'aménagement de l'espace marin (a) afin de gérer durablement leurs ressources naturelles marines et côtières. Confrontés aux défis de la relance économique après la pandémie de COVID-19 et aux dangers de la saison des ouragans, ces trois petits États insulaires doivent aussi faire face aux conséquences de la surexploitation des ressources marines, qui menace leurs économies fortement dépendantes de la pêche et du tourisme, ainsi que leur mode de vie.

Un nouveau projet baptisé « Libérer l'économie bleue des Caraïbes » (a) renforcera la coopération entre les pays de la région au cours des 15 prochaines années, dans le but de protéger l'intégrité de leurs habitats naturels côtiers et marins communs. Il est financé par des crédits et dons de l'IDA à hauteur de 56 millions de dollars, et par 4 millions de dollars apportés par le fonds fiduciaire PROBLUE (a).

On entend par « économie bleue » l'exploitation durable des ressources naturelles côtières et marines (a) au profit de la croissance économique et de l'amélioration des moyens de subsistance et de l'emploi, tout en veillant à préserver l'intégrité et la santé des écosystèmes côtiers et marins.

« Compte tenu de la proximité géographique de ces pays des Caraïbes orientales, une approche régionale est logique, car en unissant leurs forces ils peuvent combattre la pêche illégale et les pratiques destructrices de manière beaucoup plus efficace », souligne Cary Anne Cadman, spécialiste senior de l'environnement à la Banque mondiale.

De même, une approche régionale du tourisme et de la gestion des déchets peut stimuler la relance économique et favoriser la stabilité, l'intégrité et la santé des écosystèmes côtiers. L'un des principaux objectifs est d'aider les pays à aller vers un tourisme à haute valeur ajoutée et à moindre impact environnemental. Ainsi, l'aquaculture, notamment l'élevage de fruits de mer et d'algues, peut créer de nouveaux emplois. Le programme investira dans des entreprises détenues et gérées par des femmes — les plus durement touchées par la pandémie — au travers d'un mécanisme régional de subventions de contrepartie. Il renforcera également l'autonomie des femmes dans le secteur de la pêche en leur donnant accès au dispositif d’assurance contre les risques climatiques du Fonds pour la durabilité des océans et de l'aquaculture dans les Caraïbes (COAST) (a), qui protège les moyens de subsistance en cas de conditions météorologiques extrêmes.

La première phase du projet a été lancée et les suivantes intégreront progressivement d'autres pays des Caraïbes sur une période de 15 ans.

The World Bank
Des pêcheurs au Ghana. Photo : Andrea Borgarello/Banque mondiale.

 

Planter des mangroves pour restaurer les habitats des poissons au Ghana

En Afrique de l'Ouest, le Ghana va planter des mangroves pour reconstituer les habitats des poissons et protéger ses côtes grâce à un programme pilote de développement des mangroves et du carbone bleu (a), doté d'un budget de 13,5 millions de dollars. Soutenu par l'IDA, le fonds fiduciaire PROBLUE et l'entreprise énergétique danoise Ørsted, ce programme permettra de planter et d'entretenir 3 000 hectares de mangroves sur le littoral au cours des 20 prochaines années. Les mangroves se développent dans l'eau, protègent les côtes et stockent plus de carbone que les forêts. Elles fournissent également des nutriments et un abri aux jeunes poissons et peuvent contribuer à reconstituer la ressource halieutique.

Par ailleurs, le Ghana a rejoint le programme de gestion du littoral ouest-africain (WACA), qui soutient la pêche et les actions qui visent à réduire l'érosion côtière, les inondations et la pollution, favorisant ainsi une pêche durable dans neuf pays. Le pays a aussi pris d'autres mesures, comme la décision de proscrire la pêche (a) durant une certaine période chaque année pour permettre à la ressource de se reconstituer, une initiative qui devrait être pérennisée (a).

Jusqu'à présent, le programme WACA a mobilisé 650 millions de dollars en faveur de la résilience côtière en Afrique de l'Ouest, avec l'ambition d'aller plus loin sur l'ensemble du continent africain. Cet objectif pourrait être atteint dans le cadre d’une nouvelle initiative de la Banque mondiale, le programme Économie bleue pour une Afrique résiliente (BE4RAP) (a), dont le but est de déployer à plus grande échelle des projets ayant obtenu des résultats pour créer des zones côtières saines et productives qui renforcent la résilience des populations face au changement climatique, la sécurité alimentaire et les économies nationales.

Du Ghana et des Caraïbes au Pacifique Sud et dans le monde entier, la protection des ressources naturelles côtières et marines et les investissements dans ce domaine seront bénéfiques pour les pays, les populations, la biodiversité et le climat.

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