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ARTICLE11 novembre 2022

Partenariat mondial pour la sécurité hydrique et l’assainissement : bilan de cinq années d’action

The World Bank

Scène quotidienne de collecte d’eau : un homme est en train de verser de l’eau dans une jarre tenue par une femme. © Gajendra Begar

LES POINTS MARQUANTS

  • Au cours des cinq dernières années, les enjeux du climat sont devenus partie intégrante du soutien apporté par le Partenariat mondial pour la sécurité hydrique et l’assainissement (GWSP), comme en témoigne la montée en puissance des projets procurant des co-bénéfices climatiques.
  • Sur la même période, le pôle mondial d'expertise en Eau de la Banque mondiale a considérablement développé ses activités dans les zones en situations de fragilité, de conflit et de violence. Le GWSP appuie désormais des projets dans 33 pays.
  • Par ailleurs, l'inclusion sociale s'est accrue dans le secteur de l'eau. En Éthiopie, par exemple, en deux ans seulement, la proportion moyenne de femmes ingénieurs est passée de 8 à 12 % dans 23 compagnies des eaux.

L’heure est au bilan pour le Partenariat mondial pour la sécurité hydrique et l’assainissement (GWSP). Lancé en 2017, le GWSP revient aujourd’hui sur les progrès accomplis, dans un contexte marqué par la crise de la COVID-19, la hausse des taux d'intérêt et de l'inflation, la guerre en Europe et l'impact croissant du changement climatique. Et même si ces difficultés viennent compliquer sa mission, qui est de garantir à tous des services d'eau durables, le dernier rapport annuel du GWSP est porteur d'espoir.  

Indispensable à toutes les formes de vie, l’eau est liée à presque tous les Objectifs de développement durable (ODD). Les progrès dans la réalisation des objectifs relatifs à l'eau ne sont pas toujours au rendez-vous, et des inégalités se creusent tant entre les pays qu'au sein de chacun d’eux. Si les solutions techniques existent pour remédier à nombre des problèmes du secteur de l’eau, le plus grand des défis tient au fait que ce secteur est sous-estimé, mal évalué, doté de financements insuffisants et bien souvent mal géré.

Laboratoire d'idées orienté vers l'action, le Partenariat mondial pour la sécurité hydrique et l’assainissement (GWSP) (a) met à la disposition des pays clients et des partenaires de développement les connaissances les plus récentes, les innovations et le soutien technique nécessaire pour améliorer la sécurité hydrique dans le monde. Rien que sur l'exercice 2022, il a accompagné l’octroi de prêts d’un montant total de 13 milliards de dollars.

Au cours de cette période, le portefeuille de financements géré par le pôle Eau de la Banque mondiale comprenait 148 projets en cours, pour un montant évalué à plus de 25,6 milliards de dollars. Le portefeuille total de la Banque pour l'ensemble des prêts liés à l’eau dépasse les 50 milliards de dollars pour l'exercice 2022, ce qui en fait la plus grande source multilatérale de financements pour ce secteur dans les pays en développement.

Dans son dernier rapport annuel, le GWSP se penche sur les problématiques qui sont au cœur de ses efforts depuis maintenant plusieurs années. Voici un bref panorama de son travail en première ligne dans différents domaines d'action.

Eau et changement climatique

Le réchauffement climatique a un impact sur la quasi-totalité des phases du cycle de l'eau, avec des conséquences potentiellement catastrophiques pour la production alimentaire et d'énergie, la santé et les moyens de subsistance. Au cours des cinq dernières années, les enjeux du climat sont devenus partie intégrante du soutien apporté par le GWSP, comme en témoigne la montée en puissance des projets procurant des co-bénéfices climatiques.

Ainsi, le GWSP appuie un partenariat avec Deltares, un institut indépendant de recherche appliquée dans le domaine de l'eau, afin d’élaborer un cadre de lutte contre les innovations et les sécheresses (a). Baptisé EPIC (Enable, Plan, Invest, and Control), ce cadre promeut une gestion globale et collaborative et est actuellement mis à l'essai en Inde et en Gambie.

Protection de la biodiversité

L'eau et la biodiversité vont de pair : les cours d'eau, les zones humides ou encore les forêts sont autant d’écosystèmes qui sont essentiels pour atteindre les objectifs en matière de gestion de l'eau. Autrement dit, la protection et la conservation de la biodiversité sont fondamentales pour le développement durable. Au cours des cinq dernières années, le GWSP a aidé ses pays clients à exploiter le potentiel des infrastructures « vertes » et des solutions fondées sur la nature, parallèlement aux investissements dans des ouvrages en dur classiques.

En Colombie, un diagnostic de l'eau soutenu par le GWSP a permis d’identifier des signaux d'alerte clairs d'un risque accru de contamination. L'analyse a permis de formuler des propositions de mesures visant à réduire ce risque tout en restaurant les écosystèmes dégradés et en augmentant la biodiversité. Elle préconise notamment de recourir à des solutions naturelles pour accroître les capacités de stockage de l’eau en restaurant des écosystèmes tels que les zones humides et les estuaires, et de concevoir des politiques qui récompensent les efforts déployés par les industriels et autres gros consommateurs d'eau afin de restaurer l'intégrité naturelle des cours d'eau et de soutenir la biodiversité.

Dépenses dans le secteur de l'eau

Les examens des dépenses publiques permettent d'évaluer comment les fonds publics sont dépensés, dans quelle mesure ils sont utilisés à bon escient, et quels sont les besoins de financement. Près de 20 pays à travers le monde ont pu procéder à cet exercice dans le secteur de l’eau grâce au soutien du GWSP, avec à la clé une abondance d’informations sur l'évolution et la situation des dépenses. Il s’agit d’un effort sans précédent pour appréhender les dépenses publiques dans l'ensemble du secteur de l'eau, qui s’appuie sur de nouvelles sources de données en exploitant notamment les données budgétaires et les comptes nationaux. 

Au Bangladesh, cet examen des dépenses a révélé que ce n’étaient pas les plus démunis qui bénéficiaient des retombées des dépenses publiques consacrées à l'assainissement, mais les couches les plus riches de la société. Au Népal, il a montré que les dépenses publiques dans le secteur de l'eau étaient fortement orientées vers l'hydroélectricité, tandis qu’en République dominicaine, il a eu une influence majeure sur les réformes politiques et institutionnelles et contribué à renforcer la détermination du gouvernement à réformer l'ensemble du secteur.

Développement inclusif

L'inclusion sociale est essentielle pour garantir une égalité d’accès aux services de l'eau, aux emplois et aux marchés. À l’origine axé sur l'égalité des sexes, le champ d'action du programme d'inclusion sociale du GWSP s'est élargi pour inclure des directives et des outils permettant d'atteindre d'autres groupes marginalisés, comme les personnes handicapées, et de promouvoir efficacement la participation citoyenne.

S'il est possible de changer réellement les choses, il faut néanmoins réussir à faire évoluer les institutions, à modifier les normes sociales et à trouver des moyens de mieux aligner les incitations pour promouvoir l'inclusion. En Éthiopie, en deux ans seulement, la proportion moyenne de femmes ingénieurs est passée de 8 à 12 % dans les 23 compagnies des eaux participantes, et la proportion de femmes membres de conseils d'administration est passée de 16 à 24 %. En Argentine, dans l'une des plus grandes entreprises d’eau et d'assainissement de la région (AySA), la proportion de femmes occupant des postes de direction est passée de 22 à 24 % en un peu plus d'un an.

Eau et situations de fragilité, de conflit et de violence

La fragilité, les conflits et la violence freinent le développement et menacent sérieusement les efforts d'éradication de la pauvreté. La Banque mondiale intervient depuis longtemps dans ces situations, notamment dans le secteur de l'eau. À sa création en 2017, le GWSP a pu s'appuyer sur le travail considérable réalisé dans les États fragiles dans le cadre du Programme pour l’eau et l’assainissement (WSP).

Les activités du pôle Eau dans les zones de fragilité, de conflit et de violence se sont depuis considérablement développées, et le GWSP appuie désormais des projets dans 33 pays. L'établissement de partenariats entre le pôle Eau de la Banque mondiale, avec le soutien du GWSP, et les organisations humanitaires permet à toutes les parties de bénéficier d'un partage des connaissances et des compétences. Un rapport consacré à la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (a) et publié conjointement par la Banque mondiale, le Comité international de la Croix-Rouge et l’UNICEF (2021) examine les problèmes signalés par les prestataires des services de l'eau dans des contextes de crises prolongées et propose des recommandations.  

Le rapport annuel 2022 du GWSP peut être téléchargé ici (a).