Skip to Main Navigation
ARTICLE16 octobre 2022

Assemblées annuelles 2022 : le développement en crise

The World Bank

Assemblées annuelles 2022 du FMI et du Groupe de la Banque mondiale : réunion du Comité de développement. Photo : Grant Ellis/Banque mondiale

Hausse de la pauvreté. Pénuries alimentaires. Chocs énergétiques. Crises de la dette. Changement climatique. Inflation. Guerre.

Ces sujets d'actualité se sont imposés en toile de fond bien sombre des Assemblées annuelles du Fonds monétaire international et du Groupe de la Banque mondiale. Un rendez-vous qui a permis d’alerter sur ces dangers, mais aussi d'explorer les actions nécessaires pour aller de l’avant.

« La conjugaison d’une série d'évènements difficiles et de politiques macroéconomiques inédites est en train de plonger le développement dans une crise », a déclaré le président du Groupe de la Banque mondiale dans son allocution prononcée depuis l'université Stanford, en prélude aux Assemblées. « Les conséquences humaines de ces crises concomitantes sont catastrophiques. »

Lors de la séance plénière qui s’est tenue ce vendredi, David Malpass a souligné la nécessité, pour les institutions de Bretton Woods, de se pencher sur leurs missions et sur leur structure financière, et d'évoluer pour mieux lutter contre le changement climatique et soutenir les biens publics mondiaux.

Dans sa déclaration publiée samedi, la présidente du Comité du développement, forum ministériel représentant les 189 pays membres des deux institutions, a pris acte du recul des progrès en matière de réduction de la pauvreté et de la hausse des inégalités engendrés par l'actuelle conjonction de crises. Et d’inviter la direction du Groupe de la Banque mondiale à engager un dialogue avec le Conseil des administrateurs en vue de renforcer la vision commune qui anime le Groupe, sur le plan notamment de ses priorités stratégiques, de son approche opérationnelle et de sa capacité financière pour soutenir et intensifier les actions menées face aux défis mondiaux du développement. La déclaration demande également à la direction d’analyser les recommandations du récent rapport indépendant relatif au cadre d’adéquation du capital des banques multilatérales de développement et de produire d’ici la fin de l’année une feuille de route qui permettra d’évaluer et examiner chacune de ces mesures.

Les nouvelles quotidiennes sur l’inflation, le changement climatique, la famine, les troubles civils et la violence indiquent clairement que nous devons agir rapidement. Le Groupe de la Banque mondiale affronte résolument ces défis en s’appuyant sur des évaluations réalistes, et est prêt à rechercher des solutions.
David Malpass
Président, Groupe de la Banque mondiale

L’invasion de l’Ukraine par la Russie était dans l'esprit de tous les responsables politiques réunis à l’occasion des Assemblées. Lors de la deuxième table ronde ministérielle sur l’Ukraine, les dirigeants ont manifesté un soutien uni au pays. Le mois dernier, la Banque mondiale, l’Union européenne et le gouvernement ukrainien ont publié une évaluation rapide des dommages et des besoins, qui chiffre le coût du relèvement et de la reconstruction à 349 milliards de dollars, soit une fois et demie le PIB du pays avant l’invasion.

« Plus l’Ukraine recevra d’aide maintenant, plus vite nous parviendrons à mettre fin à la guerre menée par la Russie », a déclaré le président Volodymyr Zelensky en visioconférence.

Ce conflit est l’une des multiples crises qui frappent le monde aujourd’hui. Des enjeux d’une croissance inclusive aux problèmes de sécurité alimentaire, en passant par l’éducation et la transition bas carbone, la série d'évènements publics organisée cette année a permis aux décideurs, experts, acteurs du secteur privé et autres parties prenantes réunis à Washington d’aborder des défis majeurs. Les discussions ont revêtu un caractère d'autant plus urgent que le monde est confronté à un risque toujours plus grand de récession mondiale, à une hausse sans précédent de la pauvreté et à une vague d’endettement qui pourrait conduire à des crises dans les pays en développement.

Que faut-il retenir de ces conversations ? Sur le front de la croissance inclusive, nos tables rondes ont souligné la nécessité pour les responsables publics de se préparer dès maintenant à un resserrement des conditions financières, mais aussi l’importance des efforts de réforme, d’innovation et d’investissement dans la population pour parvenir à une plus grande prospérité partagée.

« Nous devons placer la barre haut », a déclaré Lawrence Summers, président honoraire de l’université Harvard, durant son entretien avec David Malpass. L’ancien secrétaire au Trésor des États-Unis et économiste en chef de la Banque mondiale a poursuivi : « Il ne s’agit pas de savoir si on réalise de bonnes choses ni même si on en fait plus que par le passé, mais de se demander si on en fait assez par rapport à l’immense défi mondial qui se dresse devant nous et à l’immense opportunité qui l’accompagne ».

Lors de l’évènement consacré au coût humain des crises alimentaire et énergétique, les discussions se sont attachées à mettre en lumière la manière dont les pays peuvent faire face à la flambée des prix de l’alimentation et de l'énergie, que l’invasion russe de l’Ukraine a contribué à amplifier et dont les effets touchent plus durement les pauvres. Il en est ressorti trois grandes préconisations : les pouvoirs publics doivent éviter de recourir aux restrictions à l’exportation, protéger les populations vulnérables et maintenir le cap sur la transition vers des énergies propres et des systèmes alimentaires résilients.

Mardi, devant les ministres des Finances et de l’Agriculture du G20 (a), David Malpass a indiqué que les prix des denrées alimentaires resteraient probablement à des niveaux historiquement élevés jusqu’en 2024, alors que la guerre en Ukraine continue de modifier la physionomie des échanges, de la production et de la consommation. La Banque mondiale a déjà engagé 6,3 milliards de dollars sur les 30 milliards de dollars prévus dans le cadre de son programme en faveur de la sécurité alimentaire, conçu pour aider les agriculteurs à accroître la production, améliorer la nutrition et mettre en place des systèmes alimentaires résilients.

L’urgence climatique a également occupé une place de premier plan lors de ces Assemblées. Comment répondre simultanément aux exigences de l’action climatique et du développement tout en accompagnant les populations et les communautés ? Cette question était au cœur de l’évènement sur le financement d’une transition sobre en carbone et résiliente.

L’enjeu du climat a constitué un fil rouge tout au long de cette semaine d'échanges et de rencontres. Les dirigeants ont notamment commenté la création d’un fonds de soutien à la réduction des émissions (ou SCALE [a] selon son acronyme en anglais), qui fournira des financements sous forme de dons aux pays en développement pour les aider à réaliser des réductions d’émissions vérifiées. Le nouveau fonds sera lancé dès le mois prochain, lors de la COP27. Lors de la réunion de la Coalition des ministres des Finances pour l’action climatique (a), M. Malpass a par ailleurs rappelé que la Banque mondiale travaillait également sur des projets de démantèlement du charbon, des initiatives de réduction des émissions de méthane et une série de nouveaux rapports nationaux sur le climat et le développement (CCDR). À l’instar du rapport publié mercredi sur la Chine (a), qui chiffre entre 14 et 17 000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires dans les infrastructures et les technologies vertes pour les seuls secteurs de l’énergie et des transports en vue d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060.

Dans un contexte dominé par les craintes de récession et la montée des fragilités, un secteur reste particulièrement exposé aux effets durables de la COVID-19 : l’éducation. Un évènement s’est penché sur le défi posé par les pertes d’apprentissage dues à la pandémie, alors que 70 % des enfants des pays en développement sont incapables de comprendre un texte simple à l’écrit et que les jeunes sont confrontés à la difficulté de s'insérer sur un marché du travail hostile. De l’avis de tous les participants aux tables rondes, il est indispensable d’investir en priorité dans l'éducation afin d'accélérer la relance des apprentissages et des compétences.

Dans son discours à Stanford, M. Malpass a livré une analyse du paysage économique mondial : le changement profond des politiques budgétaires, monétaires et financières des économies avancées depuis la crise financière de 2008 crée le risque de décennies de sous-investissement dans le développement, a-t-il alerté.

Avant de conclure : « Les nouvelles quotidiennes sur l’inflation, le changement climatique, la famine, les troubles civils et la violence indiquent clairement que nous devons agir rapidement. Le Groupe de la Banque mondiale affronte résolument ces défis en s’appuyant sur des évaluations réalistes, et est prêt à rechercher des solutions. »

Blogs

    loader image

Nouveautés

    loader image