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ARTICLE 13 janvier 2022

Burkina Faso : élèves des villes, élèves des campagnes, offrir le même accès aux filières scientifiques et les mêmes chances de réussir

Burkina Faso :  élèves des villes, élèves des campagnes, offrir le même accès aux filières scientifiques et les mêmes chances de réussir

LES POINTS MARQUANTS

  • En 2017, le Burkina Faso a lancé un programme de construction de lycées scientifiques dans les 13 régions du pays
  • Les élèves les plus méritants peuvent désormais accéder à ces établissements, qui les préparent à de brillantes études supérieures et les mettent en bonne voie pour réaliser leurs rêves d’enfance
  • Les lycées scientifiques sont devenus des centres d’excellence qui encouragent l’égalité entre filles et garçons ainsi qu'entre les jeunes ruraux et les jeunes urbains

OUGADOUGOU, le 13 janvier 2022— Lorsqu’elle était enfant, Faizal Jessica Makango Taroré aimait jouer avec de petits robots que ses parents lui offraient. De là est né son rêve de faire carrière dans le domaine de la robotique. Mais le déclic est venu après son admission à l’examen du Brevet d’étude du premier cycle (BEPC) où elle a obtenu une moyenne très élevée.

Ses résultats excellents lui ont permis d’être acceptée comme interne au lycée scientifique national de Ouagadougou. À 16 ans, Faizal fait aujourd’hui partie des meilleurs élèves de sa classe de 1re C et compte bien devenir ingénieur en robotique après ses études. « J’aime surtout les mathématiques, la physique et la chimie. Mes notes varient entre 18 et 20 sur 20 », déclare-t-elle toute souriante.

Ici, sélectionnés au quatre coins du pays sur la base de leurs résultats au BEPC, tous les élèves sont brillants et le rythme est intense. « Le matin je me réveille à 4h30 du matin. Je fais ma prière et vais au bloc pédagogique pour réviser mes cours avant d’aller au réfectoire à 6h30 pour prendre mon petit déjeuner. Ensuite je vais en classe pour suivre les cours jusqu’à midi. Avant la reprise, je jette un coup d’œil dans mes cahiers. » Le soir à la fin des classes, Faizal s’accorde un moment de détente en allant  arroser l’arbre qu’elle a planté dans la cour du lycée. « Ensuite, je prends une douche et je me repose un peu. Après le dîner, je révise à nouveau mes cours jusqu’à 23 heures avant d’aller me coucher ».

Burkina Faso :  élèves des villes, élèves des campagnes, offrir le même accès aux filières scientifiques et les mêmes chances de réussir
Faizal Jessica Makango Traoré, une lycéenne enthousiaste du Lycée scientifique de Ouagadougou qui se donne les moyens de ses ambitions. Burkina Faso. © Banque mondiale

Promouvoir la parité entre les garçons et les filles …

Contrairement à la plupart des établissement scolaires du Burkina qui comptent davantage de garçons que de filles, le lycée scientifique de Ouagadougou est fier d’afficher presque autant de filles que de garçons (97 filles pour 101 garçons).  

Au-delà des normes sociales à l’origine des disparités de scolarisation entre les filles et les garçons, telle que le mariage précoce, les problèmes de sécurité empêchent de nombreuses filles de poursuivre leurs scolarité secondaire. Surtout en zones rurales. Beaucoup de parents ont peur de les laisser parcourir de longues distances à pied sur des routes isolées pour se rendre au lycée, qui peut parfois se trouver à des dizaines de kilomètres de leur maison.

C’est pour cette raison que le lycée scientifique dispose de dortoirs qui permettent d’accueillir les filles comme internes. C’est aussi pour offrir les mêmes chances de réussite aux élèves des communes rurales qui sont contraints d’abandonner leurs études, fautes d’infrastructures et de moyens.


« Un soir, un camarade m’informe que je suis convoqué de toute urgence au Lycée Notre-Dame de Léo. Lorsque je me présente à l’administration, c’est le proviseur qui m’informe qu’avec ma moyenne de 18,35 sur 20 obtenue au BEPC, je bénéficie d’une bourse pour m’inscrire au lycée scientifique de Ouagadougou ! »
Abdoul Wahab Kadio,
élève du Lycée national scientifique de Ouagadougou.

Burkina Faso :  élèves des villes, élèves des campagnes, offrir le même accès aux filières scientifiques et les mêmes chances de réussir

Faizal et Abdoul entourés de camardes devant le lycée scientifique national de Ouagadougou, un modèle de parité, loin des clichés. 

Burkina Faso © Banque mondiale


… et entre les jeunes urbains et ruraux

Abdoul Wahab Kadio, 17 ans, est dans la même classe que Faizal. Il vient de Léo, une localité située à environ 170 km de Ouagadougou. Son père est cultivateur et sa maman est mère au foyer. Après son succès au brevet, Abdoul Wahab ne savait que faire parce qu’aucun établissement proche de chez lui ne proposait d’enseignement scientifique.

« Un soir, un camarade m’informe que je suis convoqué de toute urgence au Lycée Notre-Dame de Léo. Lorsque je me présente à l’administration, c’est le proviseur qui m’informe qu’avec ma moyenne de 18,35 sur 20 obtenue au BEPC, je bénéficie d’une bourse pour m’inscrire au lycée scientifique de Ouagadougou », s’enorgueillit-il. « J’ai crié de joie parce que ma carrière dans l’enseignement des matières scientifiques à l’université était en train de se dessiner ». Pour lui, c’est une chance de compter parmi les élèves de cet établissement.

Construit en 2017 et financé par la Banque mondiale par le biais de l’Association internationale de développement, l’établissement possède un bloc pédagogique, un bloc administratif, un bloc pour les activités parascolaires, une salle polyvalente, une infirmerie, plusieurs dortoirs, un réfectoire, deux buanderies et deux logements. Le tout entièrement équipé.

« Depuis son ouverture en octobre 2O17, l’établissement a toujours affiché un taux de réussite de 100 % au baccalauréat. Avec ces résultats, nous ne pouvons que regarder l’avenir avec beaucoup de sérénité », confie Jean Paul Boumboundi, le proviseur du lycée.

Une stratégie de long terme

Pour faire face au manque criant d’établissements secondaires scientifiques au Burkina Faso, le gouvernement prévoit de construire au moins un lycée scientifique dans chacune de ses 13 régions. À ce jour, selon les statistiques du ministère de l’Éducation nationale de l’Alphabétisation et la Promotion des langues nationale, le pays compte 14 lycées scientifiques filles, dont deux nationaux à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, et 12 régionaux. Ils accueillent au total 1 175 élèves, dont 727 garçons et 448 filles.

« Par votre engagement dans la voie scientifique, vous investissez non seulement dans une carrière professionnelle prometteuse, mais aussi dans l’avenir économique et social de votre pays », a encouragé Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale au cours de leur rencontre.

Burkina Faso :  élèves des villes, élèves des campagnes, offrir le même accès aux filières scientifiques et les mêmes chances de réussir
Ousmane Diagana suivant le déroulement de l’expérience chimique de deux élèves, en visite au Lycée scientifique de Ouagadougou en juin 2021. Burkina Faso. © Erick Kaglan, Banque mondiale



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