Skip to Main Navigation
ARTICLE 08 septembre 2021

Une obligation à impact sur le développement innovante pour offrir aux Palestiniens des emplois et des formations malgré la pandémie de COVID-19

Image

Eman, Ingénieure diplômée, Cisjordanie, 2020.


LES POINTS MARQUANTS

  • La Banque mondiale et ses partenaires ont lancé dans les Territoires palestiniens la première « obligation à impact sur le développement » axée sur l’emploi, afin d’aider la population à se former et à trouver un emploi.
  • Ce mécanisme de financement basé sur les résultats s’appuie sur des investisseurs privés dont la mise de fonds initiale destinée à financer une initiative est remboursée une fois les résultats atteints.
  • Malgré les restrictions induites par la COVID-19, il a permis à ce jour à plus de 460 jeunes d’intégrer des programmes de formation, à 350 d’achever leur formation et à 60 de trouver un emploi, tandis que plus d’un million de dollars ont été reversés aux investisseurs.

Au cours des 18 derniers mois, l’une des premières obligations à impact sur le développement émise par la Banque mondiale a fait la preuve de son adaptabilité et de son efficacité dans les Territoires palestiniens, en proie à une crise où se conjuguent conflit et COVID-19. Les obligations à impact s’apparentent à des financements basés sur les résultats : des investisseurs privés apportent une mise de fonds initiale destinée à financer une initiative, puis sont remboursés par le « financeur des résultats », une fois les objectifs convenus atteints. Ce type d’obligation ne doit donc pas être confondu avec les instruments traditionnels de financement par l’emprunt. Il est communément admis que les obligations à impact favorisent l’obtention de meilleurs résultats, en raison de leur souplesse, d’une gestion rigoureuse des performances et d’une prise de décisions s’appuyant sur les données.

Le lancement de l’obligation à impact sur le développement (a) dans les Territoires palestiniens date de début 2020. Cet instrument, destiné à lutter contre le chômage des jeunes et des femmes, s’inscrit dans le cadre du projet de financements pour l’emploi II qui bénéficie de l’appui de la Banque mondiale. L’ambition de ce programme est de piloter des initiatives innovantes en faveur de la création d’emplois et de stimuler l’investissement. L’obligation à impact octroie un financement initial à des prestataires de services qui dispensent des formations aux Palestiniens, notamment les jeunes et les femmes, dans une multiplicité de domaines (soins médicaux ou infirmiers, par ex.) et les aident à trouver un emploi. Les fonds proviennent de quatre investisseurs privés à impact, à savoir : la FMO (Société néerlandaise de financement du développement), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, le Fonds d’investissement palestinien et Invest Palestine. Ce quatuor n’est remboursé par le bailleur du projet qu’une fois les résultats atteints. Ce mécanisme incite ainsi à des investissements axés sur les résultats.  


Selon la Brookings Institution (a), plus de 200 obligations à impact ont été signées dans 35 pays, pour un total de 437 millions de dollars de capital initial (en juin 2021). À ce jour, seules 19 de ces opérations concernent des pays en développement. La performance de ces instruments par rapport au financement traditionnel n’est cependant pas suffisamment établie. L’objectif plus large de l'opération réalisée en Cisjordanie et à Gaza est de vérifier, par le biais d’une évaluation d’impact aujourd’hui en cours, si une telle approche est plus efficace que des instruments classiques orientés sur les ressources plutôt que sur les résultats. Bien qu’il soit trop tôt pour tirer des conclusions définitives, les prestataires de services sous contrat ont fait savoir que ce mécanisme favorise un lien plus étroit entre formation et demande du marché, une transparence accrue sur les activités et les résultats, une meilleure prise de conscience des risques liés aux projets et une planification plus large de l’atténuation des risques. 

Malgré le défi prodigieux que représentent la pandémie de COVID-19 et la récente recrudescence de violences dans les Territoires palestiniens, tous les partenaires se sont employés à surmonter les obstacles à la mise en œuvre de l’opération. L’une de ses composantes majeures, qui portait sur l’accueil des personnes formées sur site, a pâti des restrictions liées à la COVID-19. Plusieurs raisons pratiques interdisaient le basculement vers une formation entièrement virtuelle, notamment les critères de certification formelle et un accès restreint à une connexion internet stable sur de longues durées. Autre enjeu : le processus de vérification des résultats, qui a dû être adapté pour tenir compte des restrictions de déplacement. 

Afin d’ajuster dans les plus brefs délais l’opération au contexte sanitaire, un programme de formation alliant séances virtuelles et sur site a été mis sur pied. En l’espace de quelques jours, les prestataires de services chargés de la formation du personnel médical ont fait l’objet d’un travail prioritaire et leur processus de vérification des résultats a été modulé. On doit cette rapidité à la souplesse inhérente à ce type d’opération, qui met plus l’accent sur les résultats que sur le processus, ainsi qu’à l’ingéniosité de nos partenaires palestiniens, qui ont l’habitude de travailler dans des conditions particulièrement difficiles, même à l’aune des situations « normales » de fragilité, conflit et violence. L’un des prestataires, chargé de former et de certifier les récents diplômés en soins infirmiers pour le module gestes élémentaires de survie, a panaché formations en ligne et courtes plages de formation en face à face, dans le respect des règles de distanciation sociale. Par ailleurs, le processus de vérification indépendante, aspect fondamental pour garantir l’intégrité de l’opération, a été temporairement adapté au nouveau programme hybride, avec un moindre recours à des supports matériels au profit de contrôles ponctuels virtuels et de procédures de vérification documentaires. 

Malgré ces obstacles, des résultats se dessinent dans trois domaines clés : la formation et embauche de jeunes Palestiniens ; la participation plus forte que prévu des femmes ; et les premiers paiements aux investisseurs. Premier point : l’accueil de plus de 460 jeunes au sein du programme sur les 1 200 jeunes attendus pour la durée de ce programme pluriannuel. Près de 350 jeunes ont achevé leur formation et près de 60 d’entre eux ont aujourd’hui trouvé un travail. Deuxième point : une large inclusion des femmes. L’opération compte plus de 50 % de femmes bénéficiaires, contre un objectif initial de 30 %. Dernier point : le remboursement partiel des investisseurs. Au regard des résultats obtenus à ce jour, plus d’un million de dollars de paiements ont été versés aux investisseurs (depuis mai 2021) sur les 5,75 millions de dollars susceptibles d’être générés par l’obligation à impact jusqu’à son terme, en octobre 2023. 

Les premiers résultats sont prometteurs : si l’opération se déroule comme prévu, elle procurera un emploi à environ 460 jeunes et contribuera à étayer les connaissances sur les stratégies à même de relever les défis liés au chômage dans le monde. Nous poursuivrons notre travail de collecte des données et d’évaluation des résultats pour tester l’efficacité de cet instrument, un travail essentiel tant ces programmes de formation et de placement professionnel jouent un rôle central pour la reprise économique après la pandémie. Certaines prémices peuvent augurer de l’intérêt croissant de certains États (a) pour des instruments axés sur les résultats dans le cadre de leur volonté de mieux reconstruire, notamment dans des contextes de resserrement budgétaire. La COVID-19 a nécessité une mobilisation inouïe des dépenses publiques. Nous vous invitons donc à consulter régulièrement l’avancement de cette obligation à impact sur le développement et ses enseignements pour le reste du monde.


Ce mécanisme d’obligation à impact sur le développement s’inscrit dans le cadre du projet de financements pour l’emploi II mené par le ministère palestinien des Finances, financé par la Banque mondiale (Fonds pour la consolidation de la paix et de l’État) et mis en œuvre par DAI. Sa gestion est confiée à l’équipe des services de conseil du projet avec l’appui de la FMO, de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, du Fonds d’investissement palestinien et d’Invest Palestine. Le projet inclut également des prestataires de services et un agent de vérification (Deloitte). La vidéo de promotion a été réalisée avec le concours financier du fonds fiduciaire multidonateurs pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. 


Api
Api