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ARTICLE 15 janvier 2019

Yémen : faire face à la menace et redonner espoir

Près de 16 millions de Yéménites sont actuellement privés d’un accès à l’eau potable et à l’assainissement et quelque 18 millions de soins de santé de base. Plus d’un million de cas de choléra ont été confirmés depuis le début de l’épidémie, l’an dernier.

L’absence de progrès dans le domaine de l’eau et de l’assainissement risque de compromettre les efforts des institutions yéménites et de la communauté internationale destinés à prévenir la propagation de l’épidémie de choléra au Yémen. Au cours des quatre dernières années, les infrastructures dédiées à l’eau et l’assainissement du pays ont subi des dommages considérables du fait de la guerre qui fait rage, de pénuries d’énergie, d’un entretien insuffisant et plus de 36 mois d’arriérés de traitements des fonctionnaires. Près de 16 millions de Yéménites sont actuellement privés d’un accès à l’eau potable et à l’assainissement et quelque 18 millions de soins de santé de base. Plus d’un million de cas de choléra ont été confirmés depuis le début de l’épidémie, l’an dernier.

La Banque mondiale œuvre sans relâche aux côtés de l’UNICEF et de l’OMS dans le but de circonscrire dans les meilleurs délais l’épidémie de choléra qui sévit au Yémen. Cette action s’inscrit dans le cadre du projet d’urgence à l’appui de services sanitaires et nutritionnels, une opération financée par un don de l’IDA qui a déjà permis d’améliorer les services de l’eau dans les zones touchées par le choléra, au profit de 1,6 million de personnes, et de remettre en état les équipements d’approvisionnement en eau et d’assainissement dans les centres de santé, les écoles et les lieux de rassemblement communautaires. Le projet s’est attaché à assurer le traitement de l’eau par la chloration des sources hydriques, des réseaux d’adduction et des camions-citernes privés. Des trousses d’hygiène ont également été distribuées dans les écoles et les foyers. Enfin, dans les zones touchées par le choléra, 1,85 million de Yéménites bénéficient aujourd’hui d’un accès amélioré à l’assainissement.

En dépit de ces efforts, la situation au Yémen demeure très difficile. Les habitants sont chaque jour exposés à de multiples menaces, depuis le conflit toujours en cours à l’absence de services de base en passant par la flambée des prix des produits de première nécessité. Ces risques peuvent être fatals, tout particulièrement dans les régions isolées comme le district de Maswar, dans le gouvernorat d’Amran, où les routes sont mauvaises et l’épidémie bien installée.


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Yasser Al-Azani a réchappé de justesse au choléra. Cet habitant du village de Beit Al-Azani a contracté la maladie en s’abreuvant à une source contaminée sans savoir qu’il aurait pu en mourir.

Il a ressenti de fortes douleurs à l’estomac. Par bonheur, sa mère a pu obtenir l’aide de villageois pour l’emmener au centre de santé le plus proche, lui qui est l’unique soutien de toute sa famille.

« Quand Yasser tombe malade, nous sommes inquiets parce que la famille dépend de lui. Cette fois, j’avais peur qu’il meure du choléra », confie sa mère, Zahra Sadeq.

Une fois admis au centre de santé, les premiers soins lui ont été administrés. L’une des équipes d’intervention rapide, formée dans le cadre du projet financé par l’IDA, s’est rendue dans le village pour y mener des actions anti-choléra.

« Quand nous avons vu Yasser au centre de santé, il était maigre et épuisé. Il n’avait plus que la peau sur les os », se souvient Mohammed, membre de l’équipe.

Yasser a expliqué que les habitants du village avaient l’habitude de s’abreuver à des puits contaminés et à d’autres sources d’eau souillées, sans savoir qu’ils s’exposaient à des infections potentiellement mortelles. 

« Nous ne nous préoccupions pas d’hygiène au village. Nous buvions à toutes les sources d’eau, même infectées. Nous ne connaissions ni le chlore ni son utilisation. Lorsque les équipes sanitaires d’intervention rapide sont venues, elles nous ont appris l’importance de boire de l’eau potable et d’ajouter du chlore pour désinfecter l’eau », relate Yasser.

Dans le cadre d’un partenariat avec la Banque mondiale, l’UNICEF a formé à ce jour 850 équipes d’intervention rapide qui relèvent désormais de l’Autorité générale du projet d’approvisionnement en eau en milieu rural (GARWSP). Cette formation s’inscrit dans le cadre du projet d’urgence à l’appui de services sanitaires et nutritionnels et vise à former des binômes (formés chacun d’un homme et d’une femme) afin de juguler l’épidémie de choléra dans de nombreux districts du Yémen. 

À la suite de l’admission de Yasser au centre de santé, l’équipe a pris la route en direction de son village. En l’absence de voies carrossables, elle a dû s’arrêter dans le village voisin d’Al-Maghraba et poursuivre à pied jusqu’à Beit Al-Azani. Deux heures après son arrivée, elle s’était rendue chez Yasser et auprès de 25 familles voisines.

« L’équipe a distribué les fournitures indispensables aux habitants et nous a appris à nous prémunir du choléra et à utiliser le chlore pour désinfecter les citernes », témoigne le villageois.

Les agents ont ainsi distribué des trousses d’hygiène et du chlore à tous les habitants et prodigué des conseils en matière d’hygiène et de prévention.

Akram Mansour Al-Maghraba, qui habite également le village, indique que ses voisins et voisines parcourent de longues distances pour aller chercher de l’eau.

« Le trajet prend environ deux heures sur des routes accidentées. Les membres de l’équipe de santé ont couvert la même distance pour atteindre le village et désinfecter les sources d’eau », a-t-il ajouté.

Maswar est l’une des zones où le nombre de cas de choléra déclarés en 2017 a été parmi les plus élevés. Grâce aux efforts des équipes d’intervention rapide qui ont sensibilisé la population à des règles d’hygiène de base, le village a enregistré une baisse significative des cas de choléra signalés depuis le début de l’année 2018.

Le projet d’urgence à l’appui de services sanitaires et nutritionnels a permis de traiter plus de 664 000 de cas de choléra suspectés sur le million recensé : le taux de mortalité due à cette affection a ainsi reflué, passant de 2,3 % à 0,21 %. Par ailleurs, quelque 700 000 personnes ont été vaccinées par voie orale dans les districts à haut risque. Le projet accompagne également le personnel hospitalier et sanitaire et a financé 2 900 établissements de santé dans le but de préserver les capacités du secteur.

Il comporte également un volet de prévention. Outre le financement du déploiement des équipes d’intervention rapide, il a ouvert l’accès à des sources d’eau améliorées à 1,43 million de Yéménites et permis à 1,79 million de personnes de bénéficier d’un assainissement amélioré dans les zones touchées par l’épidémie.



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