WASHINGTON, 6 juin 2017 — . Ce secteur, qui occupe une place centrale dans l’économie du pays, emploie 53 000 personnes, dont environ 30 % de femmes.
Dans la ville de Nouadhibou, au nord du pays, la plupart des femmes qui travaillent dans cette filière le font par obligation, pour nourrir leurs familles. . C’est le cas des femmes Imraguen, réputées pour la manière dont elles préparent la poutargue, une préparation d’œufs de mulet salés et séchés dont les Européens sont friands.
Bien que leur rôle et leur savoir-faire soient reconnus, les Mauritaniennes sont toujours marginalisées dans l’économie nationale et globalement évincées du marché de la pêche.
« Comme ce ne sont pas elles qui pêchent, elles ont rarement un accès direct à la matière première », explique Alexandre Laure, spécialiste senior du secteur privé à la Banque mondiale. « Elles ne jouent pratiquement aucun rôle au niveau des exportations, là où les profits sont les plus élevés. Elles doivent se contenter de la demande des marchés locaux, limitée, sachant que les meilleurs poissons iront aux grossistes. »
Cette situation est particulièrement pénalisante pour les petits manutentionnaires, qui se plaignent d’être chassés du marché par les grossistes qui gagnent très bien leur vie en alimentant les usines de transformation du pays, en plein essor.
« Nous ne pouvons même pas négocier avec les intermédiaires qui revendent le poisson aux usines », explique Kouba Taleb, vendeuse de poissons à Nouadhibou, « parce qu’ils savent que nos délais sont beaucoup plus contraignants puisque nous n’avons pas les moyens de congeler ou réfrigérer la marchandise. Donc nos bénéfices sont encore plus maigres. »
Toutes ces difficultés sont aggravées par l’isolement géographique. Le marché de Nouadhibou est tellement saturé que les marchandes de poisson doivent vendre leur marchandise à la sauvette, dans la rue. Stockés en plein air, les produits perdent de leur valeur. C’est pour cela qu’ils sont souvent écoulés sur des marchés de moindre importance, plus près du domicile des vendeuses où, faute de clientèle, elles doivent casser les prix.
Ces mauvaises conditions de travail conjuguées à un problème d’accès aux financements, aux terres et aux équipements, contraignent de nombreuses femmes à réduire leurs journées de travail ou à abandonner tout simplement la pêche.