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Yémen : préserver les institutions qui aident les populations au quotidien et joueront un rôle clé dans le redressement du pays

17 janvier 2017


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LES POINTS MARQUANTS
  • Le Yémen a sombré dans la crise après deux années de conflit, ce qui a plongé des millions d’habitants dans de graves difficultés économiques et désorganisé les services de base.
  • La Banque mondiale s’est appuyée sur son partenariat de longue date avec deux institutions yéménites afin d’apporter malgré tout un soutien aux plus vulnérables — une aide qu’elle veut étendre à l’ensemble du pays.

Les deux années de conflit ont plongé le Yémen dans une crise généralisée. En plus des victimes et des déplacés, des millions d’habitants se retrouvent dans une situation économique terriblement précaire et sont privés d’accès aux services essentiels. Le Groupe de la Banque mondiale est cependant parvenu à maintenir son soutien financier à deux institutions locales avec lesquelles il travaille depuis longtemps et qui jouent un rôle clé pour aider les plus vulnérables.

La Banque s’est engagée à ce que ces deux organisations vitales, le Fonds social pour le développement (SFD) et le Projet de travaux publics (PWP), puissent continuer à fonctionner pendant la crise et préserver leurs capacités d’action pour renforcer la résilience des communautés locales et des infrastructures sociales qui seront au cœur du redressement du pays une fois que les armes se seront tues.

En août 2016, l’Association internationale de développement (IDA), le fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres, dotait le Projet d’intervention d’urgence en réponse à la crise de 50 millions de dollars de dons. Elle vient d’octroyer une allocation supplémentaire de 250 millions de dollars, pour que le SFD et le PWP puissent conserver leur personnel clé et embaucher de nouvelles recrues de manière à doubler le nombre de districts d’intervention dans le pays. Parallèlement, ce nouveau financement devrait permettre à environ deux millions de Yéménites de bénéficier de ces programmes.

Le Projet d’intervention d’urgence est administré par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), un partenaire de confiance de la Banque très présent sur le terrain, et mis en œuvre par le SFD et le PWP. Ces deux organisations, basées à Sanaa, la capitale, ont des bureaux dans tout le pays.

Dans leurs districts d’intervention, le SFD rémunère le travail manuel effectué pour des projets sélectionnés par les communautés qu’il soutient tandis que le PWP recrute les entreprises chargées des réparations sur les routes, les citernes ou les bâtiments. L’essentiel du travail est confié aux habitants et non à des machines, pour qu’un maximum bénéficient du dispositif « argent contre travail ».

Pour les Yéménites qui, comme Ahmed Saleh, étaient manœuvres avant l’aggravation du conflit, en mars 2015, il y a une certaine continuité. Ce père de six enfants installé à Taïz raconte : « Je travaillais comme journalier dans notre petite ville mais la guerre a tout détruit, y compris mon travail. » Pour les gens comme lui, la situation est « très dure », souligne Ahmed. Mais le projet lui a rapporté de quoi « acheter des denrées de base pour nourrir [s]a famille. »

En général, ces projets consistent à remettre en état les terrasses agricoles construites à flanc des collines pour combattre l’érosion, à refaire le revêtement des routes ou à construire des citernes pour recueillir l’eau. La priorité est scrupuleusement accordée aux plus vulnérables, à l’image des ménages dirigés par une femme, des jeunes ou des déplacés. En décembre 2016, 40 % environ des 16 000 manœuvres ainsi rémunérés étaient des personnes déplacées, 30 % des femmes et 30 % des jeunes.

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Zahra’a Hajar a dû fuir Haradh à cause de la guerre. Cette veuve et ses trois enfants se sont retrouvés à Mustaba (Hajjah). Le projet « argent contre travail » du SFD lui a permis de toucher son premier revenu. « Grâce à Dieu, le SFD nous a fourni un travail et nous avons pu construire la cabane qui nous abrite désormais. En échange de ce travail, nous avons reçu un premier versement de 39 500 riyals (environ 130 dollars). Nous avons pu rembourser l’épicier et acheter de quoi manger, de la farine, du sucre et des tomates », explique-t-elle. Avant d’ajouter : « Nous sommes en train de construire le toit. L’hiver est très rude ici mais nous avons de quoi nous abriter la nuit contre le vent et la pluie. Jamais nous n’aurions imaginé pouvoir obtenir un jour un tel endroit. »

Ce nouveau financement va permettre au SFD d’augmenter considérablement le nombre de personnes pouvant être rémunérées en échange de leur travail, puisqu’il va créer 9 millions de jours/travail au cours des deux prochaines années, pour environ 400 000 Yéménites, sachant que ces revenus profiteront à 2 millions de personnes supplémentaires.

Le SFD soutient également l’éducation sanitaire des femmes afin de déceler et prévenir la malnutrition chez les femmes enceintes et les enfants. Un nouveau projet de la Banque mondiale, doté d’une enveloppe de 200 millions de dollars, viendra compléter ces efforts en garantissant l’accès à des services médicaux.

Le Yémen était déjà le pays le plus pauvre du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord avant la guerre. Les combats, les pénuries de carburant et les coupures d’électricité n’ont fait que déstabiliser un peu plus une économie chancelante. Le nouveau financement de l’IDA, qui vient d’octroyer 250 millions de dollars de dons, permettra aux institutions yéménites soutenues par la Banque mondiale d’étendre leur empreinte géographique à plus de 200 districts sur les 333 que comptent les 22 gouvernorats du pays.


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