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Le Groupe de la Banque mondiale appelé à intensifier son action pour faire face aux risques mondiaux

08 octobre 2016


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Comité du développement

 

Franz Mahr/Banque mondiale

Le Groupe de la Banque mondiale devra être « meilleur, plus solide et plus souple » pour faire face aux grands défis du monde au cours des 15 prochaines années, tout en œuvrant pour mettre fin à l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée, et pour assurer la réalisation des Objectifs de développement durable et l’accord de Paris sur le climat.

Tel est le message clé du Comité du développement dans un communiqué publié à la clôture des Assemblées annuelles 2016 du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).

L’instance conjointe de la Banque et du FMI, qui représente les 189 pays actionnaires des deux institutions, insiste notamment sur les « mutations fondamentales » que va connaître le contexte du développement, et de citer le changement climatique, les catastrophes naturelles, les pandémies, les migrations, la fragilité, les conflits et la violence, l’urbanisation et les transformations démographiques. Autant de mutations qui exigent de la Banque une plus grande collaboration avec ses partenaires et plus de ressources.

Prenant acte de la conjoncture mondiale, marquée par une croissance économique « morose » et des « incertitudes géopolitiques et économiques », le Comité demande au Groupe de la Banque mondiale et au FMI de « collaborer avec les pays pour accroître les synergies entre les réformes monétaires, budgétaires et structurelles, stimuler la croissance, créer des emplois et renforcer, pour tous, les gains procurés par le multilatéralisme ».

Le communiqué du Comité vient conclure deux journées d’assemblée auxquelles ont participé les ministres de la quasi-totalité des pays du monde, et qui avaient été précédées par la publication d’un nouveau rapport phare du Groupe de la Banque mondiale sur la pauvreté, la prospérité partagée et les inégalités. À la veille des Assemblées annuelles, lors d’un discours à la Brookings Institution, Jim Yong Kim avait également exposé les orientations stratégiques de son second mandat et sa vision pour accélérer le développement et la lutte contre la pauvreté.

Le président du Groupe de la Banque mondiale a souligné notamment le rôle grandissant de l’institution dans des champs du développement qui ne relèvent pas de sa mission traditionnelle, à savoir en particulier des initiatives majeures pour faire face à la crise des réfugiés, au changement climatique et au risque de pandémie.  

Il a aussi insisté sur les difficultés que pourraient faire naître les mutations technologiques et l’automatisation du travail, dont les effets risquent de peser sur l’emploi et sur la capacité des pays en développement à soutenir la concurrence mondiale. À l’horizon 2030, a rappelé le président Kim, « près de la moitié des populations extrêmement pauvres vivront dans des pays fragiles et touchés par des conflits », tandis que « dans les pays émergents et à faible revenu, on estime que le déficit annuel de financement des infrastructures s’élève à 1 500 milliards de dollars ».

Dans son allocution en assemblée plénière, Jim Yong Kim a demandé aux États membres de donner à la Banque la marge de manœuvre dont elle a besoin « pour résoudre les problèmes les plus importants » et de s’assurer qu’elle dispose « de moyens financiers suffisants pour changer le monde, de sorte que les catégories les plus pauvres et les plus marginalisées de la population en profitent ».

Il a mis en avant le bilan de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) qui, « avec seulement 15 milliards de dollars de capital versé par l’ensemble des actionnaires depuis sa fondation il y a plus de 70 ans », est parvenue à « mobiliser plus de 600 milliards de dollars de prêts » et accroître ainsi l’aide disponible pour les pays en développement. De même, l’IFC, la branche du Groupe de la Banque mondiale chargée des opérations avec le secteur privé, et la Société multilatérale de garantie des investissements (MIGA) sont en mesure de démultiplier leur capital par 20 et 39 respectivement, selon une analyse prospective (Forward Look: A Vision for the World Bank Group in 2030) soumise à l’examen du Comité du développement.

Ce dernier indique dans son communiqué qu’il examinera les options pouvant être retenues pour renforcer la position financière des institutions du Groupe et qu’il conclura ces discussions au plus tard lors des prochaines Assemblées annuelles, qui se tiendront à Washington du 13 au 15 octobre 2017.

Il demande par ailleurs instamment au Groupe de la Banque mondiale « de contribuer à la création de marchés, en particulier dans les environnements les plus difficiles, et de mobiliser des ressources privées, notamment par le biais de garanties, en particulier pour financer des infrastructures de qualité et les petites et moyennes entreprises ».

Le président Kim, qui a été récemment réélu à son poste pour un second mandat, a décrit lors de son discours à la Brookings Institution les axes de son projet : favoriser une croissance économique plus rapide, solidaire et durable, accroître les investissements dans le capital humain et renforcer la résilience des pays face aux chocs mondiaux qui les menacent.

Soulignant le rôle indispensable des financements provenant du secteur privé, il a indiqué que le Groupe allait s’efforcer de mobiliser l’investissement privé dans les secteurs et les pays les plus difficiles et qu’il lui fallait « faire bien plus pour maîtriser certains risques qui limitent la participation du secteur privé dans ces pays ».

« Je veux que vous sachiez qu’à l’avenir nous déploierons bien plus d’énergie à mettre sur la table des produits financiers et des instruments spécifiques à même de réduire les risques. Ce faisant, nous pensons pouvoir ouvrir de nouveaux débouchés et encourager les investisseurs à s’engager dans des pays et des projets qu’ils n’auraient jamais envisagés auparavant », a poursuivi Jim Yong Kim.

Le Comité du développement accueille en outre favorablement le plan visant à accroître la capacité financière de l’Association internationale de développement (IDA), le fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres : « Nous prônons une importante mobilisation de ressources au titre d’IDA-18 associée à un élargissement de la base de donateurs. Nous nous félicitons du programme novateur de financements et de conseils, et notamment de la proposition visant à permettre à l’IDA, qui a récemment fait date en obtenant une notation AAA, de se financer sur les marchés des capitaux pour compléter ses ressources. »

S’agissant du rôle essentiel de cette institution, le Comité rappelle que plus de la moitié de la population pauvre du monde vit dans des pays touchés par la fragilité, les conflits et la violence, qui ont particulièrement besoin de l’appui de l’IDA.

Le défi du changement climatique figure aussi parmi les priorités du Comité, qui demande au Groupe de la Banque mondiale et au FMI de faciliter l’accès des pays vulnérables à des financements pour l’adaptation au changement climatique, l’atténuation des émissions de carbone et l’amélioration de la gestion des risques de catastrophe.

Dans son communiqué, le Comité du développement prie instamment la Banque « de continuer de mettre l’accent sur le renforcement de la résilience tout en élargissant la portée des mécanismes d’assurance et en accroissant les investissements dans une utilisation des terres intelligente sur le plan climatique, ainsi que dans les infrastructures vertes et les villes durables ».

Lors de son allocution en assemblée plénière, le président Kim a offert l’appui du Groupe de la Banque mondiale à Haïti, dévasté cette semaine par l’ouragan Matthew ; le Mécanisme d’assurance contre les risques de catastrophe aux Caraïbes, créé avec l’aide de la Banque mondiale, va en outre apporter une contribution de 20 millions de dollars.  


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