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L’action de la Banque mondiale au Sud Kivu: de l’urgence à une reconstruction durable

03 mai 2016


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Grâce à un projet de la Banque mondiale axé sur la gouvernance, la province de Sud Kivu a doublé ses recettes entre 2009 et 2014.

© Vincent Tremeau/World Bank

LES POINTS MARQUANTS
  • Lors de la reprise de son activité en RDC après de nombreuses années de guerre civile, la Banque mondiale et le gouvernement congolais ont donné la priorité à un plan d’urgence au Sud Kivu.
  • La RDC et la Banque mondiale ont ensuite mis en œuvre une série de projets destinés à améliorer la gouvernance, qui ont récemment fait l’objet d’une évaluation positive.
  • À présent, la Banque mondiale soutient les efforts de paix et encourage l’intégration régionale par le biais de l’initiative des pays des Grands Lacs.

BUKAVU, le 3 mai 2016—La vie a repris progressivement son cours dans cette ville au paysage idyllique où soleil et brouillard caressent à tour de rôle un lac majestueux bordé d’innombrables collines. Difficile d’imaginer les années de conflits qui ont déchiré cette province du Sud Kivu convoitée pour ses nombreuses ressources en minerais.  

Dès la reprise de son activité en République démocratique du Congo (RDC) en 2001, la Banque mondiale a accompagné la mise en œuvre de plusieurs plans d'urgence afin de répondre aux principaux besoins sanitaires et alimentaires de la population de cette région de l’est du pays. À Bukavu, 12 fontaines d’eau potable ont ainsi été aménagées dans le cadre du Projet d’adduction d’eau de Karhale, permettant de réduire la distance que devaient parcourir 2750 ménages pour accéder aux points d’eau. Cette amélioration de l’accès à l’eau potable a également eu des retombées positives sur la santé avec une diminution des maladies hydriques. « Ce projet  a beaucoup aidé la province » constate, Monseigneur Maroy, évêque de Bukavu.

Passé l’urgence, de nouveaux projets ont porté sur l’amélioration de la gouvernance. Tel est le cas du Projet de renforcement des capacités de gouvernance (PRCG) et du Projet de renforcement des capacités de gestion des fonctions de base de l’administration publique (PRC-GAP).

Le PRCG, destiné à instaurer un nouveau système de gestion des finances publiques et des ressources humaines aux niveaux de l’administration centrale et provinciale s’est achevé le 28 février dernier. Il a permis à la province du Sud Kivu de doubler ses recettes entre 2009 et 2014. « L’appui considérable reçu dans le cadre de ce projet a permis d’améliorer notre gouvernance dans de nombreux domaines. Les résultats en témoignent », affirme Marcellin Cisambo, gouverneur de la province Sud-Kivu.

Les résultats du PRC-GAP, qui s’achèvera en septembre 2016, sont tout aussi encourageants. Ce projet vise à réorganiser l’administration et à développer une culture de performance au niveau local. Il a permis de réhabiliter huit centres d’excellence assurant la formation continue des fonctionnaires à travers le pays. Cette nouvelle dynamique permet de réduire la dépendance du pays à l’égard de l’assistance technique extérieure en assurant notamment la formation universitaire ou d’instituts supérieurs.  Dans ce cadre, l’Université Catholique de Bukavu est désormais dotée d’un centre d’excellence.

« Nous adaptons notre approche au fur et à mesure que le pays progresse ;  notre objectif est de poser les jalons d’un développement durable dans la province de Sud Kivu, et à travers le pays », a déclaré le directeur des opérations de la Banque mondiale pour la RDC, Ahmadou Moustapha  Ndiaye, lors de sa première visite à Bukavu et dans l’est de la RDC. « Cela passe par la mise en place d’institutions et de systèmes de gestion efficaces et transparents. »

La paix, un élément clé du développement de la région

Ahmadou Moustapha Ndiaye a également souligné les progrès de l’Initiative Globale des Grands Lacs lancée conjointement en mai 2013 par le Président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, et le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-Moon, à la suite de l’accord de paix signé par 11 pays de la région  en février 2013. Le Groupe de la Banque mondiale s’était alors engagé à accompagner financièrement la reconstruction des pays de la région. Ce financement d’un milliard de dollars vise à fournir de meilleurs services de santé et d’éducation à la population, à accroître les échanges transfrontaliers et à financer des projets hydroélectriques. Il s’agit d’une initiative essentielle pour le Groupe de la Banque mondiale qui soutient deux grandes priorités de développement régional : le rétablissement des moyens de subsistance des populations meurtries par de longues années de conflit ; et la relance de l'activité économique transfrontalière afin de créer plus d'opportunités et de renforcer l’intégration régionale en matière d'agriculture, d'énergie, des transports et du commerce.

Le petit marché de Luvungi, dans l’immense plaine de la Ruzizi, illustre concrètement le succès de cette belle initiative. Luvungi est bien plus qu’un marché. C’est devenu un lieu d’échanges et de socialisation où se côtoient population locale, personnes déplacées et étrangers. Ce marché a pu s’agrandir grâce au Projet de stabilisation de l’est de la RDC pour la paix (STEP) qui a financé la construction de cinq nouveaux pavillons. Le pays espère ainsi favoriser l’intégration régionale en multipliant la création de marchés de ce genre. Comme le souligne Gilbert Kondo, coordinateur provincial du Fonds social en charge du projet : « Ce marché va nous réapprendre à vivre ensemble ».

Conscient des défis logistiques et sécuritaires du sud Kivu qu’il a pu observer en traversant la plaine de la Ruzizi, située à cheval sur les frontières du Rwanda et de la RDC, Ahmadou Moustapha Ndiaye n’a eu cesse de répéter tout au long de sa mission que  « la paix est fondamentale. Des résultats visibles doivent être rapidement obtenus pour diminuer les risques liés à l’insécurité. Il n’y a pas de paix sans développement et pas de développement sans paix ». 


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© Vincent Tremeau/World Bank

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