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La Somalie à la recherche de solutions durables pour les déplacés

15 mars 2016


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LES POINTS MARQUANTS
  • Comment créer des solutions durables pour les deux millions de personnes déplacées à l’intérieur de la Somalie ? Cette question était au cœur d’une discussion de haut niveau, à l’occasion du Forum 2016 sur la fragilité.
  • La discussion était organisée à l’initiative de l’équipe de la Banque mondiale en charge de la Somalie et du pôle Développement social, urbain et rural et résilience.
  • Dans une situation de déplacement prolongé comme celle que connaît la Somalie, les solutions durables résident notamment dans la coopération entre acteurs de l’humanitaire et acteurs du développement.

WASHINGTON, 15 mars 2016 – Alors que plus de deux millions de Somaliens vivent dans des habitations de fortune ou des camps de réfugiés, privés de tout accès à des services de base, la recherche de solutions durables pour améliorer leurs conditions de vie a été au cœur d’une rencontre publique récente entre plusieurs hauts responsables du pays et leurs partenaires de développement. 

Organisé dans le cadre du Forum 2016 sur la fragilité, à l’initiative de l’équipe de la Banque mondiale en charge de la Somalie et du pôle Développement social, urbain et rural et résilience, ce panel d’experts a réuni des représentants des Nations Unies, de l’Union européenne, de l’ONG International Rescue Committee (IRC), de la Banque mondiale et du gouvernement fédéral de Somalie. Le thème du débat : « Comment agir autrement dans la perspective du Sommet humanitaire mondial du mois de mai prochain ? »

« Nous devons mettre fin à l’exclusion des déplacés internes car c’est une condition indispensable à l’avancée du processus de consolidation de la paix et d’édification de l’État en Somalie », a déclaré Walter Kälin, conseiller auprès du représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies, coordonnateur résident et coordonnateur de l’action humanitaire pour la Somalie.

Cette discussion s’inscrivait dans le cadre d’une conférence consacrée aux situations de déplacement prolongé et plus particulièrement aux contours d’une solution durable en Somalie. Elle avait pour objectif de définir le rôle de la Banque mondiale et des autres partenaires de développement dans cette optique : comment peuvent-ils contribuer au retour durable des réfugiés et des déplacés internes somaliens, en s’inspirant de situations similaires ailleurs dans le monde ?

« On assiste à un changement de discours sur la Somalie », a affirmé Bella Bird, directrice des opérations de la Banque mondiale pour la Somalie, le Burundi, le Malawi et la Tanzanie. « C’est encourageant de voir que le gouvernement reconnaît l’importance de s’atteler au problème des personnes déplacées, sachant que celles-ci représentent 20 % de la population somalienne. »

Les personnes déplacées à l’intérieur du pays (1,1 million d’habitants) ou plus largement dans la région (1 million) vivent dans l’insécurité, sans services de base ni possibilités d’emploi depuis plus de deux décennies.

La Somalie est en effet le théâtre de l’une des plus longues crises de déplacés dans le monde et concentre des enjeux qui sont au cœur de l’action menée par la Banque mondiale pour réduire l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée.

Depuis le début de la guerre civile en 1991, les Somaliens n’ont jamais cessé de quitter leurs foyers pour fuir la guerre ou la famine ou pour offrir une vie meilleure à leurs familles. Le conflit qui perdure depuis 25 ans a détruit la structure sociale du pays et provoqué l’effondrement des systèmes d’éducation et de santé. Le gouvernement fédéral de Somalie, établi en 2012 et reconnu par la communauté internationale, s’est employé au cours des trois dernières années à restaurer l’État et à réorienter les efforts de ses partenaires internationaux vers un développement institutionnel de long terme. Tout en tenant compte de la nécessité de faire face aux besoins humanitaires immédiats, il apparaît désormais qu’il faut sortir du cercle vicieux de la dépendance internationale et s’attaquer aux facteurs de la fragilité par le biais d’interventions qui s’inscrivent dans une perspective de plus long terme.

« Les réponses humanitaires portent en général sur le court et moyen terme », a souligné Sahra Samantar, ministre somalienne des femmes et des droits de l’homme. « Mais cette approche est un échec et il faut se réjouir que l’on s’en détache à présent pour se tourner vers un développement durable. Nous avons recouru à ces approches humanitaires au coup par coup, pour faire face aux besoins immédiats, sans trop nous soucier du long terme et du fait qu’elles puissent nous entraîner dans un cercle vicieux. »

Alors que, dans trois mois, se tiendra le Sommet humanitaire mondial, avec à l’ordre du jour des discussions entre partenaires internationaux, la situation somalienne et la transition de l’aide humanitaire au développement, le gouvernement fédéral de la Somalie a confirmé qu’il lui incombait de prendre les rênes afin de garantir un environnement stable et sûr à tous ses citoyens, y compris ceux qui sont déplacés à l’intérieur du pays. 

« La population des déplacés en Somalie est confrontée à un grand nombre de difficultés », a indiqué le vice-Premier ministre Mohamed Omer Arteh. « Entre autres problèmes, et pas des moindres, cette situation, qui était à l’origine provisoire, s’est prolongée jusqu’à devenir permanente. Les personnes déplacées ne jouissent pas du même niveau de protection que les autres citoyens ni des mêmes possibilités d’améliorer leurs moyens d’existence. Le gouvernement s’emploie à affronter ces problèmes en recherchant des solutions durables aux difficultés auxquelles se heurtent les déplacés. Nous avons beaucoup de chemin à parcourir mais je suis convaincu que nous pouvons réussir. »


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