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Une billetterie en ligne : Balbutiement du cyber emploi en Haïti

01 février 2016


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Un member de l’équipe teste le site de Translokal. 

Berdine Edmond / La Banque Mondiale.

LES POINTS MARQUANTS
  • En Haïti plus de 60% des jeunes sont au chômage. L’économie virtuelle pourrait générer des emplois.
  • Translokal, la start-up qui a remporté la compétition Digital Jam Haïti 2015, lancera en 2016 la toute première agence de réservation de bus en ligne.
  • Environ 500 000 voyageurs par an pourraient bénéficier de ce service.

Et si réserver son billet de bus en Haïti prenait moins de deux minutes au lieu de quatre heures d’attente?

« Translokal » la start-up qui se prépare à lancer la première agence de réservation de billet en ligne en Haïti,   donnera à près de 500 000 voyageurs par an la possibilité d’acheter leurs billets par carte de crédit ou un service de cash sur leur smartphone. Une façon de simplifier le quotidien grâce à l’innovation technologique. 

«  C’est l’histoire de mon ami qui m’a inspiré »  commence Mackenson Pierre, le chef d’entreprise « Il devait acheter un billet de bus ».

Les agences de ventes de billets étant situées dans une zone difficile d’accès, son ami a passé une bonne demi-journée dans un tap-tap, les camionnettes de transport public peu confortables et aux couleurs vives, et a dépensé au moins 100 gourdes  (USD 2) pour s’y rendre. Translokal propose de réaliser la transaction pour 25 gourdes soit un quart du cout du transport et en 1 minute quinze.

C’est pour cette innovation que la jeune entreprise a remporté la compétition du Digital Jam Haiti en juin 2015 une initiative appuyée par la Banque mondiale déjà florissante en Jamaïque et dans le reste de la Caraïbes. L’objectif est d’identifier de jeunes entrepreneurs prometteurs dans le domaine de l’économie virtuelle, les encadrer et encourager des investisseurs potentiels à investir dans leur start-up.  Dans un pays où le chômage touche 60 pour cent des jeunes, les possibilités d’emploi que peut générer cette économie ne sont pas à négliger.

Un marché vierge 

Chaque jour, selon la start-up, ce sont environ 1400 voyageurs qui circulent sur les réseaux de transport inter-urbain desservis par 14 compagnies de bus. Les principales destinations sont Cap-Haitien, la deuxième ville du pays et les Gonaives. Les passagers se déplacent pour les affaires, les études, la famille et le tourisme local. En moyenne un billet coûte 700 gourdes.

Pour l’instant le marché ciblé est vierge : ce sont environ les  30% des voyageurs qui auraient des smartphones. La simplicité du logiciel développé lui permet de fonctionner à l’abri des caprices des réseaux internet en Haïti.  De plus une ligne spéciale est disponible pour ceux qui n’ont pas accès à internet : ils pourront finaliser la transaction en payant par un service de paiement par téléphone.

Mais dans un pays classé 188 sur 189 pour la création d’entreprise dans le Doing Business 2016, le défi de la start-up n’est pas que technologique. 


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L’équipe de Translokal discute des détails techniques.

Berdine Edmond / La Banque Mondiale.

« Il faut simplement se battre encore et encore »

Les jeunes de Translokal viennent de rentrer d’une visite d'échange d'expérience à Montréal dans le cadre du soutien apporté pour la formation et le réseautage des jeunes entrepreneurs de Digital Jam, « C’est dur partout d’être jeune entrepreneur et il faut simplement se battre encore et encore ». 

En Haïti « les défis sont nombreux »  selon  Antoine, entrepreneur depuis 36 ans en Haïti : « ils viennent du système légal actuel, un système caduque pas encore modernisé ; d’une administration plutôt lente, et d'une certaine mentalité... à prendre son temps ».   Il a fallu plus de deux mois à Translokal pour enregistrer leur entreprise en raison de lourdes procédures administratives et de la difficulté à trouver les informations nécessaires.

Mieux comprendre et voir en direct  la technologie intégrée dans le quotidien des Canadiens a stimulé cette jeune équipe d’entreprise : “ A Montreal, les différents moyens de transport sont interconnectés que ce soient les taxis, les bus et les trains. Les informations sont toujours disponibles et accessibles par le biais de la technologie. L’utilisation de nouvelles technologies permet non seulement la gestion mais aussi l’amélioration des services de transport. Et c’est ce genre de service que Translokal veut offrir. Simple et rapide,” souligne Mackenson.

A leur retour de voyage, l’équipe a également décidé certaines améliorations : « Nous avons changé l’atmosphère au travail, quand nous avons compris à quel point un environnement de travail agréable était important pour la productivité » confie Stevenson Volcy, qui a accompagné Mackenson à Montréal.

L’application devrait être lancée le mois prochain.

 “Je dirais que l'avenir appartient aux jeunes et qu'il revient aux jeunes de bâtir ou rebâtir ce pays» conclut Antoine. 

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