En rentrant chez eux le soir, de nombreux Dominicains appuient sur l’interrupteur et… rien ne se passe ! Sur une bonne partie du territoire national, les pannes de courant soudaines, parfois de longue durée, sont quotidiennes.
« Je dois souvent travailler de nuit pour subvenir aux besoins de ma famille », explique Miurbi Mendoza, une couturière qui habite à Los Mina, un quartier de Saint-Domingue, la capitale du pays. « Avant, il fallait que je me déplace pour trouver un peu de lumière. Je travaille pour des hôtels, et j’ai parfois dû me rendre chez mes clients tous les jours pendant un mois. Il m’est arrivé d’être loin de chez moi pendant quinze jours d’affilée. »
L’électricité est indispensable à cette couturière dont le revenu est mis en péril par chaque panne de courant, qui ponctionne aussi le temps dont elle dispose pour s’occuper de ses enfants.
Pendant 50 ans, les habitants de ce quartier, comme ceux de nombreux autres, ont souffert d’un approvisionnement en électricité très aléatoire. Ils ont dû se battre au quotidien pour s’en sortir malgré des coupures d’électricité qui les empêchaient de travailler et même d’avoir de l’eau potable.
« Avant, nous devions avoir plusieurs citernes d’eau à la maison car il n’y avait pas d’électricité, et quand il y avait du courant, on ne pouvait pas boire l’eau de la citerne », se souvient Julia Altagracia de Reyes, secrétaire au Conseil de suivi des travaux de réhabilitation du réseau d’eau à Los Mina.
Des pannes d’électricité persistantes
Concernant les coupures de courant, la République dominicaine se distingue du reste de l’Amérique latine, qui affiche l’un des taux les plus faibles de la planète, selon l’assureur Global Allianz. De fait, avec une moyenne de 18 pannes d’électricité par mois en 2010, elle arrive juste derrière la République démocratique du Congo et le Yémen.
Des années de négligence sont responsables des multiples problèmes dont souffre le secteur de l’électricité. Plus des deux cinquièmes de l’électricité achetée auprès des producteurs sont perdus avant d’arriver jusqu’au consommateur, à cause soit du mauvais état du réseau soit du grand nombre de branchements illégaux entre la source d’énergie et l’utilisateur final.
Il en résulte des coupures continues et régulières, qui grèvent la compétitivité du pays.
Le pays a donc décidé d’investir 42 millions de dollars dans un projet (auquel la Banque mondiale participe depuis 2011) visant à fournir de l’électricité 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 à près de 100 000 Dominicains, ce qui passe par la remise en état de quelque 350 kilomètres de lignes. En outre, chaque utilisateur dispose désormais d’un compteur qui permet de mesurer sa consommation et ses dépenses, ainsi que de repérer les fuites sur le réseau.
« Le changement a été totalement positif », affirme Mme Reyes. « Après 50 ans de coupures, de pénuries et de mauvaise gestion de l’approvisionnement électrique, nous pouvons aujourd’hui compter sur une alimentation 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Et toute la population du quartier en profite. »