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Comment prévenir Ebola ? Des ministres de la Santé ouest-africains et leurs partenaires débattent des mesures les plus efficaces

14 janvier 2015


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LES POINTS MARQUANTS
  • Une série de visioconférences organisées au bureau de la Banque mondiale au Sénégal a réuni des ministres et hauts fonctionnaires de la santé de sept pays d’Afrique de l'Ouest pour discuter des mesures de prévention d'Ebola
  • L’objectif de ces visioconférences est de discuter des mesures de prévention les plus efficaces et permettre aux pays de partager leur expérience
  • Les ministres ont exprimé la nécessité de renforcer leur système de santé pour renforcer les capacités de prévention contre l’épidémie actuelle et d’autres épidémies à venir

Dakar, le 14 janvier 2014 – Alors que le virus Ebola continue de faire des victimes dans trois pays ouest-africains, la Banque mondiale travaille en étroite collaboration avec les dirigeants régionaux pour contenir l'épidémie et restaurer la productivité économique. Dans ce contexte, une série de visioconférences organisées à la Banque mondiale a permis aux ministres et hauts fonctionnaires de la santé du Sénégal, du Mali, de la Côte d'Ivoire, de la Mauritanie, de la Gambie, du Nigeria et de la Guinée-Bissau de partager leurs expériences sur les conséquences de l'épidémie et de discuter des mesures à prendre pour prévenir la propagation de la maladie.

Les ministres ont convenu unanimement qu’ « un leadership politique fort au plus haut niveau de l’État est une condition nécessaire dans la lutte contre la propagation du virus Ebola ». La ministre sénégalaise de la Santé, Awa Marie Coll Seck, a déclaré que ce leadership  avait été crucial dans la gestion de l’unique cas d’Ebola enregistré au Sénégal en août 2014. Entre le moment où le cas d'Ebola a été détecté et celui où l'Organisation mondiale de la Santé a déclaré le pays libre de toute infection, de multiples acteurs ont été impliqués dans la mise en œuvre du dispositif de lutte contre la propagation du virus.



« Bien que l’épidémie commence à se résorber, il est néanmoins important de rester extrêmement vigilant dans la mesure où un nouveau cas peut arriver à tout moment  »

Awa Marie Coll Seck

Ministre de la santé du Sénégal


La ministre a rappelé les défis qu’il avait fallu relever dans toute la chaîne de gestion du cas, depuis l’isolement et le traitement médical jusqu’au suivi et à la prise en charge économique et psychologique des 74 personnes en contact avec le malade, sans oublier les démarches de  communication permettant de lutter contre la stigmatisation de ces personnes, ou encore les moyens matériels et financiers pour mener à bien ces actions. Elle a particulièrement mis en exergue l’indispensable besoin de coordination au niveau national et international pour harmoniser les interventions du gouvernement, de la société civile, du secteur privé, des partenaires techniques et financiers.

La ministre Seck espère que tous les pays travailleront ensemble dans la recherche pour un vaccin. Elle-même spécialiste des maladies infectieuses, Awa Marie Coll Seck a relevé que cette récente épidémie avait rendu toute la région vulnérable et souligné le besoin urgent de prendre des mesures préventives. Le Sénégal fera le premier pas en hébergeant une conférence internationale de deux jours qui réunira des chercheurs, des hauts fonctionnaires de la santé et des spécialistes des maladies infectieuses de toute la région pour faire le point sur la recherche d’un vaccin. Son ambition est que Dakar devienne la « capitale de la recherche contre Ebola » rappelant la nécessité d’intégrer plus de chercheurs aux différentes étapes de la lutte, allant de la prévention au traitement.

« Bien que l’épidémie commence à se résorber, il est néanmoins important de rester extrêmement vigilant dans la mesure où un nouveau cas peut arriver à tout moment », a souligné Mme Awa Marie Coll Seck. Le Sénégal, s’inspirant de l’expérience nigériane, a ainsi mis en place un centre de traitement spécialisé, mobilisant une équipe dédiée de 30 personnes prêtes à intervenir à tout moment pour répondre aux urgences liées à Ebola.

Le Dr. Omar Sey, Mme Raymonde Goudou Coffie et M. Ahmedou Ould Hademine Ould Jelvoune, ministres chargés de la Santé respectivement en Gambie, en Côte d’Ivoire et en Mauritanie, ainsi que Mme Mendes de Guinée-Bissau ont présenté un état des lieux de la prévention contre Ebola dans leur pays. L’ancien ministre de la santé du Nigeria, Onyebuchi Chukwu a analysé la réponse apportée par son pays expliquant que « l’accès du public à des informations précises et régulières, à travers des initiatives comme des lignes d’assistance gratuites, avait été crucial. Grâce à cette transparence, le peuple nigérian fait confiance aux autorités pour contrôler l’épidémie. »

Compte-tenu de la porosité des frontières ouest-africaines, l’urgence doit être mise sur l’identification et le diagnostic rapides des cas potentiels d’infection. Modou Njai, directeur de la communication et de l’éducation à la santé et Samba Ceesay, directeur adjoint des services de santé en Gambie, ont insisté sur le besoin de disposer d’un test de diagnostic rapide et fiable qui pourrait être réalisé à différents points d’entrée du pays. Actuellement, des responsables de la santé prennent la température des personnes entrant en Gambie bien que certaines préoccupations existent comme par exemple le fait que les médicaments antiparasitaires réduisent la température et empêche donc la détection du virus Ebola.

Pour contrôler l’épidémie du virus, le Mali a travaillé efficacement avec l’Organisation internationale pour les migrations pour enregistrer les mouvements de population entrant et sortant du pays et sensibiliser les voyageurs sur les risques de transmission du virus. Quelques jours après la deuxième visioconférence, qui a eu lieu le 14 janvier, le Mali a été déclaré libre de toute infection par l’Organisation mondiale de la Santé.

Tous les participants ont convenu du besoin urgent de renforcer leur système de santé, particulièrement au niveau communautaire, pour renforcer les capacités de prévention contre l’épidémie actuelle et d’autres épidémies à venir.

« Ces rencontres virtuelles sont le point de départ d’échanges réguliers entre pays de la région qui leur permettent d’avoir des conversations productives sur des enjeux de santé à plus long terme, en plus de la prévention contre Ebola » a dit Raja Bentaouet Kattan, directrice de programmes pour le développement humain à la Banque mondiale à Dakar. A cet égard, les ministres ont obtenu que la Banque mondiale continue de mettre à leur disposition la visioconférence afin de poursuivre le dialogue tant au niveau ministériel qu’entre leurs équipes techniques, aussi longtemps que le virus Ebola représentera une menace dans la sous-région. Ils ont par ailleurs convenu d’organiser des visites de terrain afin de mieux évaluer et de renforcer la riposte au virus.


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