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Pour le président Kim, la promotion d’une prospérité partagée est la clé de la lutte contre les inégalités

01 octobre 2014


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Le président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim avec Barron H. Harvey, doyen de l'université Howard 

Simone D. McCourtie/Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS
  • À quelques jours des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale, son président insiste sur la nécessité d’étendre les fruits de la croissance économique aux pauvres.
  • Jim Yong Kim revient également sur l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest pour souligner combien cette crise rappelle l’importance de lutter contre les inégalités.
  • L’objectif qui guide l’action de la Banque mondiale exige de l’institution qu’elle comprenne mieux les effets de la croissance économique d’un pays sur les ménages et qu’elle évalue l’impact de ses opérations sur le revenu des populations pauvres.

Que signifie, concrètement, favoriser une prospérité partagée dans les pays en développement ? C’est, comme le rappelle le président du Groupe de la Banque mondiale, accroître les revenus des 40 % les plus pauvres de la population, l’enjeu étant que toute la société bénéficie des fruits de la croissance, et pas seulement quelques privilégiés.

« Pour promouvoir une prospérité partagée, il faut augmenter les revenus, créer des emplois, assurer l’éducation des enfants et donner à tous un accès à la nourriture, à l’eau et aux soins de santé », a déclaré Jim Yong Kim mercredi lors d’un discours prononcé à quelques jours des Assemblées annuelles du FMI et du Groupe de la Banque mondiale à l’Université Howard, à Washington. « C’est ainsi que nous développerons notre richesse collective et prendrons soin de l’humanité », a-t-il poursuivi devant un parterre d’étudiants et d’enseignants.

Le président du Groupe de la Banque mondiale a insisté sur la nécessité d’aider les pays à faible revenu à développer leur économie, en citant l’exemple de la Chine (a) et de l’Inde (a), où, grâce à des taux de croissance élevés, 233 millions de personnes sont sortis de la pauvreté durant ces seules quatre dernières années.

Mais il faut aussi que les plus pauvres profitent des fruits de cette croissance. Jim Yong Kim a ainsi cité un récent rapport d’Oxfam International selon lequel le patrimoine des 85 personnes les plus riches du monde équivaut à celui des 3,6 milliards d’êtres humains les plus pauvres.

« La prospérité partagée fait partie des objectifs prioritaires de la Banque simplement parce qu’elle est nécessaire pour mettre fin à la pauvreté », a-t-il poursuivi. « Alors que tant de personnes vivent dans une pauvreté extrême en Afrique, ainsi qu’en Asie et en Amérique latine, cette situation entache notre conscience collective. »

Le président du Groupe de la Banque mondiale est également revenu sur l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest pour souligner combien cette crise rappelle l’importance de lutter contre les inégalités. « Cette pandémie révèle le coût mortel de l’inégalité d’accès aux services essentiels et les conséquences de notre incapacité à régler ce problème », a-t-il affirmé. 



« À moins que nous ne stoppions la propagation de l’infection maintenant, il y aura peu de prospérité à partager, sans parler du nombre de personnes qui ne pourront pas profiter de ce qu’il en restera.  »

Jim Yong Kim

président du Groupe de la Banque mondiale


Le Groupe de la Banque mondiale a transféré à la Guinée, au Libéria et à la Sierra Leone des financements d’urgence d’un montant de 105 millions de dollars afin de combattre le virus, soit un apport supérieur à celui de tout autre organisme à ce jour, a souligné Jim Yong Kim. Au total, son institution a engagé 400 millions de dollars à l’appui du traitement et de la maîtrise de l’épidémie.

Dans le pire des scénarios (a) examiné par l’organisme américain de surveillance épidémiologique (CDC), 1,4 million de personnes pourraient être contaminées par le virus Ebola, a indiqué M. Kim.

Aussi faut-il tout mettre en œuvre pour empêcher que des milliers de personnes ne meurent inutilement et pour prévenir une possible catastrophe économique. « Notre capacité à promouvoir une prospérité partagée en Afrique de l’Ouest, et éventuellement sur le continent tout entier, peut s’en trouver anéantie rapidement », prévient Jim Yong Kim. « À moins que nous ne stoppions la propagation de l’infection maintenant, il y aura peu de prospérité à partager, sans parler du nombre de personnes qui ne pourront pas profiter de ce qu’il en restera. »

Les objectifs que poursuit le Groupe de la Banque mondiale, à savoir la promotion d’une prospérité partagée et la lutte contre les inégalités, nécessitent de sa part deux mesures importantes. Il lui faut tout d’abord mieux comprendre les effets de la croissance économique d’un pays sur les ménages, ce qui exige de recueillir des données plus précises et de meilleure qualité auprès des pays à faible revenu.

En second lieu, le Groupe de la Banque mondiale doit continuer d’évaluer l’impact de ses opérations sur le revenu des populations démunies. Jim Yong Kim a mentionné l’exemple du Bangladesh, où son institution a aidé à construire et remettre en état 3 00 kilomètres de routes. En six ans à peine, a-t-il indiqué, le revenu moyen des ménages dans les zones couvertes par le projet avait augmenté de 74 %, en raison principalement du rôle joué par les axes routiers pour relier les populations aux marchés ; en revanche, dans les localités qui n’avaient pas bénéficié de ces aménagements, le revenu moyen des ménages avait diminué de 23 %.

Jim Yong Kim a énoncé les quatre stratégies qui sont au cœur de la promotion d’une prospérité partagée :

  • Renforcer le capital humain
  • Concevoir et mettre en place des filets de sécurité sociale efficaces
  • Offrir des incitations au secteur privé pour créer des emplois de qualité
  • Appliquer des politiques financièrement et écologiquement viables

À la fin de son discours, le président du Groupe de la Banque mondiale a cité l’un de ses « héros », Martin Luther King, en déclarant que la pauvreté est une « pieuvre monstrueuse » qui « étend ses tentacules préhensiles et oppressants dans les hameaux et les villages partout dans le monde ». Il a conclu son allocution par une autre citation du pasteur afro-américain : « Si un homme n’a pas d’emploi ou de revenu, il n’a ni vie ni liberté ni possibilité de quête du bonheur. Il ne fait qu’exister. »


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