ARTICLE

Le football : un remède social contre la violence

07 juillet 2014


Image

Des jeunes disputent un match de football dans une favela de Rio de Janeiro, au Brésil.

Tânia Rêgo/ABr.

LES POINTS MARQUANTS
  • Outre ses bons résultats pendant la Coupe du monde, la région a trouvé dans le football un partenaire efficace pour combattre et prévenir la délinquance.

Lors de cette Coupe du monde, nous avons été témoins de coups de pied, de coups de coude, de coups de tête et même d’une morsure. Les manifestations de joie qui ont suivi les victoires ne se sont pas toujours déroulées dans le calme : après le premier triomphe de la Colombie, il y a eu des morts et des blessés à Bogota et, au Chili, la fête s’est terminée par des bus incendiés et des affrontements avec la police.

Le football est aussi associé aux barras bravas dans certains pays d’Amérique latine et à leurs pendants européens, les hooligans, ainsi qu’à ce que l’on a appelé la « guerre du football en Amérique centrale » (1970), et même à l’augmentation des violences domestiques en Angleterre, d’après une étude récente.

Paradoxalement, ce sport qui déclenche la violence dans les stades et en dehors peut aussi avoir un rôle pacificateur au niveau des individus et des sociétés.

« Ce sport rassemble, passionne, attire, c’est un jeu collectif qui exige une interaction. C’est pourquoi il peut servir à inculquer chez les enfants et chez les jeunes la faculté de résoudre les conflits de façon pacifique », explique Martha Laverde, spécialiste de l’éducation à la Banque mondiale.

La solution semble dès lors évidente : si vous vivez dans une communauté où le taux de violence et de délinquance est élevé, mieux vaut aménager un terrain de foot qu’appeler la police.

Conclusion cependant nuancée par Mme Laverde : « Il ne suffit pas de jouer pour jouer, il faut qu’il y ait une volonté derrière. C’est ce qui conduit tant d’organisations dans le monde à utiliser le football comme un moyen de développer une culture de paix ».

Un football sans violence

C’est précisément cette volonté qui a été mise en œuvre avec succès dans différentes régions d’Amérique latine, où, dans des zones touchées par la criminalité ou les conflits armés, des milliers de jeunes ont choisi de troquer les armes contre des crampons.

À Zacatecoluca, l’une des villes d’El Salvador les plus touchées par la délinquance, l’équipe de football a été étoffée et un nouveau terrain a vu le jour. C’est là que les enfants du quartier apprennent les valeurs du sport et le respect.

« Auparavant, ce quartier était l’un des plus dangereux, mais, grâce au travail accompli avec les jeunes, nous avons réussi à y réduire la délinquance de près de 90 % », se réjouit Carlos Gómez Villegas, coordinateur de l’école de football de La Esperanza à Zacatecoluca (a).

Ainsi, en Colombie, où le conflit civil a tué plus de 200 000 personnes en 60 ans, l’initiative Fútbol con Corazón (a) permet à plus de 2 000 enfants issus de communautés pauvres ou exposées à la violence d’accéder à de nouvelles opportunités et de développer les capacités nécessaires pour affronter l’adversité et vivre en paix.

Alberto Gauci, un prêtre catholique, est allé encore plus loin. Il a bâti un stade pouvant accueillir 20 000 spectateurs (a) à Juticalpa, une ville d’à peine 120 000 habitants au Honduras, en proie au trafic de drogue et aux bandes armées.

Selon Martha Laverde, les jeunes trouvent dans le ballon rond la même distribution des rôles qui prévaut au sein de la famille, à l’école ou dans la communauté : le leader, le stratège, le défenseur, l’attaquant, celui qui ne cherche que les résultats, celui qui ne cherche qu’à entraver les autres.

« Pour remplir toutes ces fonctions, chacun doit posséder au moins deux qualités primordiales : l’empathie et la maîtrise des émotions », explique-t-elle.

Si, grâce au football, les enfants et les jeunes arrivent à maîtriser ces deux compétences sociales, « ils disposeront sans aucun doute des outils qui les empêcheront de commettre des actes violents ».

Toutes ces valeurs sont indispensables en Amérique latine, officiellement reconnue comme la région la plus violente du monde : on y recense 30 % des homicides pour 9 % seulement de la population mondiale.




Api
Api

Bienvenue