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Pakistan : Les hommes veulent avoir moins d’enfants et en savoir plus sur la planification des naissances

21 avril 2014


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Curt Carnemark/Banque mondiale

LES POINTS MARQUANTS
  • En 1950, les Pakistanaises avaient en moyenne plus de six enfants, un chiffre qui, s’il est retombé à un peu plus de trois, stagne depuis quelques années.
  • Les hommes souhaitent moins d’enfants et sont demandeurs d’informations techniques en matière de planification des naissances.
  • Il faudra veiller à un meilleur approvisionnement en contraceptifs et à la mise à disposition de services de planning familial dans des infrastructures accessibles.

En 1950, les Pakistanaises avaient en moyenne plus de six enfants, un chiffre qui, s’il est retombé à un peu plus de trois, stagne depuis quelques années. Et si une plus grande implication des hommes pouvait faire avancer les choses ?

S’il existe pour les femmes de nombreuses occasions de discuter de planification familiale (soins prénataux, accouchements, services de santé maternelle et infantile), pour les hommes, ces possibilités sont beaucoup plus rares. Une étude récente au Pakistan menée par le Conseil de la population avec l’appui de la Banque mondiale par l’intermédiaire du Bank Netherlands Partnership Program (BNPP), a montré que les hommes souhaitaient moins d’enfants et sont demandeurs d’informations techniques en matière de planification des naissances.

Ce travail a passé en revue les processus de décision des couples, quant à la taille de la famille voulue et aux méthodes contraceptives choisies. Il s’est également penché sur la perception des communautés à l’égard d’initiatives destinées aux hommes en matière de planification familiale et a examiné les suggestions d’hommes pour l’élaboration de futures stratégies d’intervention.

Cette étude qualitative, effectuée dans quatre quartiers du Pendjab au Pakistan, a reposé sur des discussions avec des hommes au sein de groupes témoins et d’entretiens approfondis avec des couples. Des données de référence quantitatives déjà disponibles et les enquêtes menées dans la même zone ont également fait l’objet d’une nouvelle analyse pour évaluer l’incidence des interventions dédiées aux hommes sur les intentions de fécondité et leur comportement.


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Source : Indicateurs du développement dans le monde, Banque mondiale

Parmi les principales conclusions, on relève :

Une évolution de l’attitude masculine vis-à-vis de la planification familiale :L’étude signale un changement réel ces vingt dernières années en matière de planification des naissances et une volonté chez les hommes de disposer d’un[FKM1] accès plus large à des informations et à des prestations. Principales sources de revenu du foyer et chefs de famille, les hommes ont des motivations qui entraînent des dépenses. Et la volonté d’avoir plus d’enfants suppose davantage de dépenses.

Une communication accrue entre époux favorise la prise de décisions en matière de fécondité : Les préoccupations économiques stimulent également la communication entre mari et femme sur la taille du foyer et l’utilisation de contraceptifs. S’il peut y avoir divergence d’opinions sur la famille idéale, l’utilisation de contraceptifs ou le choix des méthodes contraceptives, une communication accrue entre époux permet aux femmes de convaincre plus facilement leur époux de la nécessité d’une planification des naissances.

Les difficultés d’approvisionnement empêchent les hommes d’utiliser des contraceptifs : L’absence d’un centre de planning familial, de méthodes contraceptives, l’insuccès d’une méthode contraceptive et le coût empêchent les hommes de recourir à des contraceptifs, malgré l’accueil plus favorable qu’ils réservent à la planification familiale. Autres obstacles identifiés : la méconnaissance des méthodes spécifiques, les effets secondaires, perçus ou vécus, des méthodes modernes et des prestataires inaptes à traiter ces effets.

Une demande d’interventions réservées aux hommes : L’étude montre un vif intérêt chez les hommes pour les programmes de planification familiale. Les réunions entre hommes sont considérées (par les hommes comme par les femmes) comme le format d’intervention le plus adapté pour informer les hommes des différentes méthodes. Elles pourraient par exemple regrouper des représentants locaux chargés de l’organisation et une personne extérieure éduquée et compétente (un docteur de préférence) qui animerait la discussion. À l’issue de la réunion, des contraceptifs seraient fournis à ceux qui souhaitent recourir sans délai à la contraception.

L’implication de responsables religieux est mieux accueillie par les femmes : L’étude laisse apparaître des réactions partagées sur l’implication de responsables religieux dans les programmes de planification familiale, les femmes se disant plus favorables à cette option que les hommes. Ceux qui y sont prédisposés proposent que les responsables religieux soient formés et qu’ils discutent de planification familiale, en s’appuyant sur les hadiths et les enseignements du Coran. Les responsables religieux pourraient ainsi jouer un rôle de soutien, en communiquant et en cautionnant le message que l’islam n’interdit pas la planification familiale.

Le rôle des médias est limité : Les hommes se montrent en général plus réticents que les femmes sur la diffusion à la radio ou à la télévision de messages portant sur la planification familiale. Cette réticence s’explique principalement par le sentiment que la présentation détaillée de méthodes contraceptives à la télévision est inappropriée parce que ces messages à caractère informatif ne pourraient pas être regardés en présence d’autres membres de la famille (aînés ou enfants).

Une demande de personnel de la santé masculin : Parce qu’ils apprécient le rôle et l’efficacité du programme d’agents de la Santé féminins, les hommes ont suggéré l’embauche de personnel de la santé masculin dans les communautés, avec des missions comparables aux agents féminins, pour des prestations de santé destinées aux hommes.

Conclusion

En raison du poids financier que représente une grande famille, les hommes montrent un intérêt croissant pour la planification des naissances et la contraception. Cette préoccupation a favorisé la communication entre époux sur la taille de la famille voulue et le recours à la contraception. Il s’agira désormais de concrétiser ces intentions. Les questions d’approvisionnement qui constituent les principaux obstacles à l’adoption par les couples d’une planification familiale doivent être résolues. En outre, l’accueil positif et favorable que les hommes réservent à la planification des naissances et leur volonté d’être impliqués dans ces programmes laissent entendre que toutes les conditions sont aujourd’hui réunies pour des initiatives de santé ciblant directement les hommes du Pendjab. Leur mobilisation dans le cadre d’interventions concertées aura vraisemblablement pour effet d’augmenter la demande de contraceptifs. Parallèlement à ces initiatives, il faudra veiller à un meilleur approvisionnement en contraceptifs et à la mise à disposition de services de planning familial dans des infrastructures accessibles.

Recommendations

  •  Mettre les hommes au centre des programmes de planification familiale du Pendjab. Instaurer des interventions dédiées aux hommes afin de mieux les informer des méthodes de planification des naissances, d’encourager des décisions opportunes sur les questions de fécondité et d’accroître le recours aux contraceptifs.
  • Organiser des réunions entre hommes dans toute la province. Celles-ci seraient modérées par un habitant de la communauté ou de la localité et menées par un professionnel de la santé « extérieur » (un docteur de préférence). Pour minimiser les délais dans l’adoption de méthodes contraceptives, celles-ci devraient être disponibles au terme de ces réunions.
  • Former les responsables religieux afin qu’ils informent les communautés que l’espacement des naissances et la planification familiale sont reconnus par l’islam.       
  • Garantir un approvisionnement régulier afin de lever tous les obstacles relatifs à l’adoption de la planification familiale.
  • Les prestataires de services devraient être qualifiés et compétents, et formés au traitement des effets secondaires afin d’augmenter le recours à la planification familiale et son adoption à long terme


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