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Raconter l’histoire humaine du changement climatique

10 avril 2014


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Scott Wallace/Banque mondiale


 « Le changement climatique est une histoire humaine avant tout. Il concerne fondamentalement les gens. »

C’est ainsi que commence le message vidéo dans lequel James Cameron a présenté en avant-première sa série documentaire télévisée, Years of Living Dangerously, au siège de la Banque mondiale, le 10 avril. Et c’est aussi ce qui pousse le Groupe de la Banque mondiale et d’autres organisations internationales de lutte contre la pauvreté à encourager et soutenir un développement sobre en carbone : si nous ne parvenons pas à endiguer les effets du changement climatique, chacun de nous sera exposé à des risques grandissants, mais ce seront les pauvres et les plus vulnérables, ceux qui n’ont pas les moyens de s’adapter, qui en pâtiront le plus.

La nouvelle série documentaire produite par James Cameron explore les effets du changement climatique en donnant la parole aux individus qui sont confrontés à la multiplication d’événements météorologiques extrêmes et imprévisibles qui ont des répercussions sur leur vie et sur leur emploi. Les travaux de recherche, notamment les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (a) et les deux volets de l’étude Baissons la chaleur (a) commandée par la Banque mondiale, lancent une mise en garde : un réchauffement de la planète, ne serait-ce que de 2 °C, aurait un impact sur la sécurité alimentaire et les ressources en eau, et exacerberait le risque de crues urbaines dévastatrices (a). La série documentaire montre au spectateur les premières manifestations de ces menaces sur les populations, des îles de Kiribati aux terres agricoles du Kansas.

La présentation de Years of Living Dangerously a été précédée d’une table ronde organisée par le mouvement Connect4Climate et réunissant Thomas Friedman, éditorialiste au New York Times et « protagoniste » de la série télévisée, le scientifique M. Sanjayan, vice-président exécutif de Conservation International, et Rachel Kyte, vice-présidente et envoyée spéciale de la Banque mondiale pour le changement climatique. Thomas Friedman a comparé la série de James Cameron au documentaire Une Vérité qui dérange, réalisé par Al Gore en 2006, en soulignant leurs différences de perspective : « Ce n’est plus un seul homme qui alerte des milliards d’individus, mais des milliards d’individus qui alertent le monde entier. »

En donnant des visages à l’impact du changement climatique, les producteurs de Years of Living Dangerously montrent aussi le côté humain des scientifiques qui ont tiré la sonnette d’alarme et continuent d’essuyer des critiques parce qu’ils disent ce qu’il en est, a expliqué M. Sanjayan. Et de souligner qu’il est essentiel que les gens se rendent compte que les scientifiques sont des hommes et des femmes qui travaillent, que ce sont leurs voisins, leurs semblables.


« Nous avons des comptes à rendre, et nous devons agir.  »

James Cameron

Producteur exécutif du film, Years of Living Dangerously

La valeur ajoutée de l’action climatique

Thomas Friedman a quant à lui éreinté les opposants à une croissance sobre en carbone en montrant qu’ils se trompent de combat.

Si nous prenions enfin au sérieux les menaces liées à l’évolution du climat et si nous agissions réellement, les effets positifs ne se limiteraient pas au climat, a affirmé Thomas Friedman : « Aux États-Unis, par exemple, en remplaçant l’impôt sur le revenu des particuliers et des entreprises par une taxe sur le carbone, on encouragerait les Américains à financer des mesures destinées à mettre un terme à des tendances indésirables et à promouvoir des objectifs souhaitables, à savoir l’investissement et l’emploi ». Nous pourrions alors investir dans l’amélioration de l’infrastructure portuaire, aéroportuaire et routière, ce qui permettrait à notre pays de devenir plus résilient et plus productif, et de créer des emplois. Davantage de moyens financiers seraient consacrés à la recherche, à l’innovation et aux technologies propres, a-t-il ajouté.

Une chose est sûre, a précisé Thomas Friedman : « La prochaine révolution industrielle mondiale sera celle de l’électricité propre, de l’eau propre, des technologies propres. La seule question est de savoir si nous voulons y prendre part ou pas ». En supposant même que leurs détracteurs ont raison et que les quelque 97 % des scientifiques spécialistes du climat qui estiment que le changement climatique est très probablement imputable aux activités humaines ont tort, « nous serons un peu comme des athlètes qui se sont entraînés pour l’épreuve du triathlon aux Jeux Olympiques sans finalement concourir : en meilleure forme physique et mieux préparés pour réussir dans le monde d’aujourd’hui. »

De nouvelles études commencent à quantifier l’impact plus global de l’action climatique, notamment en termes de vie sauvées grâce à la réduction des émissions diesel (a) qui contribuent à la fois à l’évolution du climat et à une pollution atmosphérique nocive pour la santé. Une commission internationale (a), dirigée par l’ancien président du Mexique Felipe Calderón, et qui s’est réunie cette semaine à la Banque mondiale, travaille sur un nouveau rapport consacré à l’économie du climat. Ce rapport devrait être publié en septembre, au moment où se tiendra le Sommet des Nations Unies sur le climat, afin d’encourager à agir dans la perspective d’un accord international sur le climat en 2015. De son côté, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a récemment organisé une réunion pour lancer l’exploration de solutions (a) qui permettraient aux systèmes financiers de mieux soutenir le développement durable et la transition vers une économie verte.

Le 11 avril, la discussion sur les risques économiques grandissants qui découlent du changement climatique et sur les effets positifs de l’action a donné lieu à une réunion des ministres des Finances, lesquels ont le pouvoir de prendre des décisions qui transformeront nos économies polluantes en économies vivables, à faibles émissions de carbone. Ces ministres ont rencontré les dirigeants du Groupe de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et des Nations Unies, qui appellent les gouvernements de tous les pays à revoir considérablement à la hausse leurs ambitieux et à accroître la mobilisation collective.

« Comme l’indique le titre de la série, nous vivons dangereusement, a expliqué James Cameron dans son message vidéo. Nous avons des comptes à rendre, et nous devons agir. »


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