D’après un nouveau rapport du Groupe de la Banque mondiale, les populations à faible revenu sont les premières à bénéficier des innovations technologiques — par exemple, paiements par téléphone mobile, services bancaires mobiles et identification du client par capture d'empreinte digitale ou balayage de l'iris.
Ces innovations rendent en effet les services financiers moins coûteux et plus faciles d'accès pour les pauvres, les femmes et les habitants des zones rurales, notamment ceux qui vivent dans des régions éloignées et moins peuplées, dépourvues de succursales bancaires classiques, explique le rapport intitulé Global Financial Development Report 2014: Financial Inclusion.
« Beaucoup de gens sont privés de services financiers parce que les pouvoirs publics et les marchés n'ont pas réussi à empêcher les coûts de ces services d'atteindre des niveaux prohibitifs, explique Asli Demirgüç-Kunt, directrice de Recherche à la Banque mondiale et co-auteure du rapport. Les populations vulnérables sont celles qui ont le plus à gagner des politiques et des produits qui contribuent à lever les obstacles réglementaires ou autres à l'inclusion financière. »
Le rapport, deuxième du genre, constitue l'étude la plus complète jamais réalisée sur l'inclusion financière, une question qui attire désormais l'attention du monde entier. Plus de 50 pays se sont engagés à atteindre des objectifs explicites pour accroître l’inclusion financière. Le mois dernier, le président du groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim a établi des cibles pour assurer d'ici 2020 l'accès universel aux services financiers à l'ensemble des adultes en âge de travailler.
Beaucoup de pays ont réussi à promouvoir l'ouverture de comptes bancaires par les personnes mal desservies par les institutions financières classiques. Certaines stratégies se sont avérées particulièrement efficaces — par exemple, l'obligation faite aux banques d'offrir des comptes à frais réduits, en dérogeant aux exigences habituelles en matière de documentation, et le recours aux virements électroniques pour le dépôt des prestations d'aide publique sur les comptes des bénéficiaires. L'Afrique du Sud a par exemple eu recours à un cadre public-privé pour accroître le nombre de comptes bancaires de six millions en quatre ans.
Les innovations technologiques se sont multipliées au cours de la dernière décennie et peuvent accélérer la marche du progrès. Les services bancaires mobiles ont joué un rôle de premier plan dans la promotion de l'inclusion financière des populations de pays à faible revenu comme le Kenya, les Philippines et la Tanzanie. Les nouvelles technologies ont permis au Brésil d'élargir l’accès aux services financiers des habitants des régions éloignées grâce à des réseaux de « correspondants bancaires » qui permettent aux banques d'offrir leurs services dans les commerces de détail et les postes d'essence, ou par l'intermédiaire d'agents qui se déplacent à motocyclette, ou en bateau sur l'Amazone.
Pour permettre aux consommateurs de mettre pleinement à profit les possibilités qu’offrent ces innovations, y compris le compte bancaire et le portefeuille électroniques, le rapport recommande que les responsables de la réglementation encouragent la concurrence entre les fournisseurs de services financiers et s'emploient à en améliorer le cadre juridique, réglementaire et institutionnel. De telles actions permettront par ailleurs de limiter les risques d'endettement des personnes qui ne devraient normalement pas être admissibles à des prêts.
« Les décideurs doivent veiller à trouver un juste équilibre entre les mesures qui encouragent la mise au point de nouvelles technologies et celles qui favorisent une plus grande concurrence », explique Martin Cihak, principal auteur du rapport et économiste principal au Département de la recherche de la Banque mondiale. « Les politiques de concurrence constituent un élément essentiel des mesures de protection du consommateur puisqu'une saine concurrence entre les fournisseurs de services donne un pouvoir accru au consommateur. »