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Douloureusement frappée en son sein, la famille Mandela milite pour la sécurité routière

05 mai 2013


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Aller à l'école ne devrait pas être si dangereux. Les accidents de la circulation sont la première cause de mortalité chez les jeunes de 15-24 ans.


LES POINTS MARQUANTS
  • Chaque année, ce sont environ 1,3 million de personnes qui trouvent la mort sur les routes, dont près de 90 % dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
  • À l’échelle mondiale, ce fléau fait plus de victimes que le paludisme ou la tuberculose : les accidents de la route font partie des dix premières causes de mortalité dans le monde.
  • Le 9 mai, Kweku Mandela et la présidente de Safe Kids Worldwide, Kate Carr, discuteront avec des experts de la Banque mondiale des défis de la sécurité routière, notamment du phénomène global d’urbanisation.

En 2010, l’arrière-petite-fille de Nelson Mandela trouvait la mort dans un accident de voiture alors qu’elle rentrait d’un concert, à Soweto. Le décès de Zenani Mandela, alors qu’elle venait tout juste de fêter ses 13 ans, a attiré l’attention internationale sur le lourd tribut que l’humanité paie aux routes, sans oublier tous les blessés qui souffriront de séquelles dévastatrices. La mort de Zenani a aussi fait des membres du clan Mandela d’ardents défenseurs de la sécurité routière.

Comme l’écrit sa maman Zoleka sur le site web de la campagne de sensibilisation initiée au nom de Zenani Mandela (a), « le jour où j’ai perdu ma fille, un millier d’autres familles ont également perdu un enfant, sur une route, quelque part dans le monde. En une seule journée, les routes nous enlèvent un millier de jeunes ».

À l’occasion de la deuxième Semaine mondiale pour la sécurité routière (6-12 mai), Kweku Mandela, cousin de Zenani et petit-fils de Nelson Mandela mais aussi militant actif de la campagne, se joindra à une table ronde consacrée aux défis de la sécurité des piétons et aux solutions permettant de faire reculer le nombre de victimes de la route. Cet événement, qui sera retransmis en direct sur le web le 9 mai (a), bénéficiera aussi de la présence de Kate Carr, la présidente de Safe Kids Worldwide, et de Karla Gonzalez, ancienne ministre des Transports du Costa Rica et désormais responsable du secteur des transports pour la Région Asie du Sud à la Banque mondiale.

Le but est de sensibiliser les pouvoirs publics et l’opinion à une nécessité urgente : mieux protéger les piétons à travers le monde et prendre des mesures en ce sens pour contribuer à la réalisation de l’objectif de la Décennie d’action pour la sécurité routière 2011-2020. Aux quatre coins du globe, tout le monde est invité à participer cette semaine à un « long bout de chemin » (The Long Short Walk en anglais) afin de manifester son soutien à la cause de la sécurité pour tous les piétons. Les enfants sont au cœur de cette campagne, eux qui sont trop souvent mortellement fauchés sur la route de l’école.

Une pandémie mortelle

Chaque année, ce sont environ 1,3 million de personnes qui trouvent la mort sur les routes, dont près de 90 % dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

À l’échelle mondiale, les accidents de la circulation tuent plus que le paludisme ou la tuberculose. Des données récentes (a) indiquent que les accidents de la route font partie des dix premières causes de mortalité dans le monde mais se classent au premier rang pour les 15-24 ans.


« Si nous n’agissons pas, le simple nombre de piétons victimes d’accidents de la route ruinera tous les efforts pour réduire la pauvreté, relever les niveaux de vie et améliorer la santé publique  »

Mark Juhel

Responsable du secteur des transports à la Banque mondiale

Les blessés de la route représentent un fardeau énorme pour les systèmes de santé des pays à revenu faible et intermédiaire. Au Kenya, par exemple, jusqu’à 60 % des patients souffrant de traumatismes sont des victimes d’accidents de la circulation. Dans ces pays, les rescapés et leurs familles risquent par ailleurs de replonger dans la pauvreté — ou de s’y retrouver enfermés — à cause du poids considérable des frais médicaux, de la médiocrité des services de réadaptation et de l’absence de filets de protection.

Les risques pour les piétons

Moyen essentiel de locomotion, la marche est aussi le mode de déplacement le plus exposé aux accidents de la circulation. D’après l’édition 2013 du rapport de situation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la sécurité routière dans le monde, plus d’un cinquième des personnes tuées sur les routes (270 000 par an) sont des piétons. Dans certains pays, comme au Ghana, cette proportion atteint jusqu’à 40 %.

Plusieurs facteurs de risques contribuent à cette extrême vulnérabilité, parmi lesquels la vitesse des véhicules, la conduite en état d’ivresse, le manque de visibilité, l’absence d’espaces sécurisés pour les piétons et le non-respect de la législation routière. Tel est le constat d’un récent manuel de bonnes pratiques (a), commandé par l’OMS, la fondation FIA, le Partenariat mondial pour la sécurité routière (GRSP) et la Banque mondiale.

Pour des mesures d’atténuation et des données de meilleure qualité

S’il n’existe pas de solution unique pour mesurer tous les risques pesant sur les piétons, de nombreuses dispositions peuvent être prises pour améliorer leur sécurité. Ainsi, une baisse de la vitesse de 5 % réduit les accidents mortels de 30 %. Mais la conception des routes et des véhicules ainsi que l’aménagement du territoire entrent également en ligne de compte.

La collecte de données fiables est par ailleurs indispensable pour améliorer la sécurité routière et réduire les risques pour les piétons. Selon l’étude de l’OMS, les systèmes de collecte des données restent très limités dans la plupart des cas et 71 % des pays ont pour seule source d’informations les rapports de police. Un grand nombre de décès survenant après le transport des victimes à l’hôpital, il faut aussi pouvoir consulter les données des hôpitaux pour avoir une vision complète de la situation.

À travers le Fonds mondial pour la sécurité routière (GRSF) (a), la Banque mondiale aide les pays à remédier à ces difficultés. Elle a contribué à la création de l’Observatoire ibéro-américain de la sécurité routière (OISEVI) dont les 22 pays membres — d’Amérique latine et des Caraïbes — se servent pour échanger des expériences et produire des statistiques à l’appui de politiques efficaces.

« Alors que la population mondiale continue de s’équiper en véhicules à moteur, les déplacements à pied doivent être sécurisés — surtout en milieu urbain — et promus comme un moyen de locomotion sain et bon marché », a estimé Marc Juhel, responsable du secteur des transports à la Banque mondiale. « Si nous n’agissons pas, le simple nombre de piétons victimes d’accidents de la route ruinera tous les efforts pour réduire la pauvreté, relever les niveaux de vie et améliorer la santé publique ».


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