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L’économie africaine croît plus vite qu’ailleurs mais cette croissance doit mener à l’égalité

25 avril 2013


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Misnistres des finances de gauche à droite : Ali Soilihi of Comoros; Alamine Ousmane Mey, Cameroun; Ngozi Okonjo-Iweala, Nigeria; Kosti Manibe Ngai, Soudan du Sud.



WAHINGTON, le 25 avril 2013 - Lors d’une rencontre avec la presse organisée le 20 avril dernier, dans le cadre des Réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI, Ies ministres des finances africains ont discuté des grandes tendances économiques du continent, à savoir la bonne tenue de la croissance au cours de la dernière décennie, le développement du commerce régional et l’ouverture des frontières.

Les ministres ont aussi souligné la nécessité de développer les infrastructures, d’améliorer l’approvisionnement en énergie et de favoriser la création d’emplois, surtout pour les jeunes. Ils ont particulièrement insisté sur le besoin d’appuyer l’essor de la classe moyenne africaine afin de renforcer les rangs des consommateurs qui soutiennent l’économie et ont plaidé en faveur d’une augmentation des investissements étrangers en Afrique.  

Comme l’ont indiqué les ministres des Finances du Nigéria, de l’Union des Comores, du Soudan du Sud et du Cameroun, il faut s’assurer que la croissance économique conduise bien à une réduction de la pauvreté.

« Nous ne voulons pas d’une croissance qui ne profite pas à tous », a déclaré Ngozi Okonjo-Iweala, ministre des Finances et ministre coordinatrice de l’Économie du Nigéria. « Nous devons améliorer en priorité les conditions de vie de ceux qui sont en bas de l’échelle sociale».

La ministre a rappelé les performances économiques du continent : « l’Afrique a connu une croissance continue supérieure à 5 % au cours de la dernière décennie et a stabilisé sa situation macroéconomique. La croissance de son PIB est bonne et son taux d’inflation inférieur à 10 % ». Et d’ajouter que le niveau des réserves en devises est stable et suffisant pour couvrir cinq mois d’importations.

« Les tendances montrent que les pays à faible revenu sont le fer de lance de la croissance mondiale et que, parmi eux, les pays d’Afrique tiennent le haut du pavé », a indiqué Ngozi Okonjo-Iweala en référence à une présentation donnée le matin même lors d’une réunion du Comité monétaire et financier international (CMFI). « L’investissement direct étranger s’améliore, le secteur privé suscite un intérêt accru et nous disposons à présent d’une plateforme qui nous permet de nous pencher sur les autres défis  que le continent doit affronter », a-t-elle ajouté.

Ali Soilihi, vice-président de l’Union des Comores en charge du ministère des Finances, de l’Économie, du Budget, du Commerce extérieur et de la Privatisation, a pour sa part indiqué que son pays s’employait actuellement à préserver et maintenir l’unité nationale après une période d’instabilité chronique marquée par une crise séparatiste. 

Sur une note plus positive, le ministre a signalé que « l’économie comorienne était en phase de reprise grâce à l’accroissement soutenu des niveaux d’activité dans le secteur de la construction et à une très bonne récolte ainsi qu’à la poursuite régulière des envois de fonds en provenance de la diaspora. Ce à quoi il faut ajouter d’importants apports internes et l’accès au crédit bancaire dont bénéficie le secteur privé ».

Alamine Ousmane Mey, ministre des Finances du Cameroun, a quant à lui indiqué que les 15 pays de la zone franc CFA se trouvaient dans des situations macroéconomiques fondamentalement similaires suite à l’atteinte par la Côte d’Ivoire du point d’achèvement de l’initiative PPTE.

Malgré la persistance de la crise macroéconomique, ces pays ont connu un taux de croissance de 6 % au cours des derniers mois, a précisé le ministre : « Nous sommes passés d’une croissance de 4,7 % en 2011 à plus de 6 % en 2012, ce qui contraste fortement avec la situation dans les pays développés et les économies avancées. C’est la diversification de nos relations commerciales qui a permis à nos économies de bien résister à cette période agitée».

Le ministre camerounais a ajouté que la croissance ne peut être durable que si elle promeut l’emploi des jeunes dotés d’une formation et si elle est partagée par l’ensemble de la population.

Le ministre sud-soudanais des Finances et du Plan, Kosti Manibe Ngai, est revenu sur le plus grand des défis auxquels son pays a été confronté quand, au début du mois de décembre 2011, des problèmes de production et d’acheminement du pétrole ont fait chuter les recettes publiques de 98 %, alors même que la jeune nation devait faire face à l’afflux de 200 000 de ses ressortissants en provenance du Soudan et qu’il lui fallait bâtir de toutes pièces ses infrastructures et ses institutions. Une situation qui a mis en péril le nouvel État, dont les indicateurs de développement demeurent encore très faibles.

« Nous avons poursuivi une politique budgétaire et monétaire prudente qui a permis de stabiliser la situation macroéconomique, de protéger les fonctions fondamentales de l’État et d’engager des réformes en réponse à ces difficultés », a déclaré M. Ngai. « Nous avons réduit les dépenses mensuelles de 50 % par rapport aux niveaux précédents. Nous sommes parvenus à accroître les revenus non pétroliers de 226 % l’an dernier, à renforcer les contrôles budgétaires et à améliorer les systèmes, ce qui nous a permis de stabiliser le taux de change et de maintenir l’inflation à un niveau relativement raisonnable. »

Dorénavant, avec la perspective d’une reprise des recettes pétrolières du fait de l’accord conclu avec le Soudan, le pays poursuivra une stratégie financière et économique accélérée dans le but de garantir son indépendance économique, a déclaré le ministre. Le Soudan du Sud va également faire avancer les réformes dans les domaines de la gestion financière, des ressources naturelles, de la sécurité et de la gouvernance et s’attellera à instaurer un climat qui soit propice aux affaires. Parmi ses priorités figure la facilitation des investissements agricoles, routiers, pétroliers, miniers et énergétiques. 

Enfin, les quatre ministres participant à la réunion de presse ont convenu que l’Afrique restait fragile face aux risques de crise alimentaire et aux vicissitudes du contexte économique mondial, en rappelant le ralentissement considérable enregistré en 2008/2009 par la croissance africaine du fait de la crise financière mondiale.


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