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Des arbres fertilisants à l’assaut du changement climatique

18 mars 2013



LES POINTS MARQUANTS
  • Pour lutter contre l’insécurité alimentaire, l’Afrique va devoir augmenter de moitié sa production agricole d’ici 2050
  • Le Faidherbia albida, une espèce d’acacia, améliore la fertilité des sols tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre
  • L’agriculture climato-intelligente est une solution efficace pour lutter contre le changement climatique tout en améliorant la sécurité alimentaire

WASHINGTON, le 18 mars 2013- L’agriculture dans le monde est face à un défi de taille : comment accroître significativement les rendements afin de pouvoir nourrir une population en pleine expansion alors que les sols sont appauvris, les ressources en eau restreintes et qu’il convient de lutter contre le réchauffement climatique ?

En Afrique,  la situation est particulièrement complexe. À la dégradation des sols s’ajoute le fait que la plupart des petits exploitants que compte le continent n’ont pas les moyens d’acheter des engrais. Or, pour parvenir à éviter des famines de grande ampleur, l’Afrique doit multiplier par deux sa production alimentaire d’ici 2050, alors même que le changement climatique menace d’entraîner une réduction considérable des rendements agricoles (pouvant aller jusqu’à 50 %).

Dans ce contexte des plus ardus, il est essentiel de trouver des solutions qui soient à la fois en mesure de faire durablement reculer la pauvreté et l’insécurité alimentaire, et de contribuer à la lutte contre le changement climatique. Ces formes d’«agriculture climato-intelligente » sont au cœur des travaux du CGIAR (Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale), un consortium de 15 centres de recherche parrainé par la Banque mondiale.

L’un des axes de recherche du CGIAR porte sur l’agroforesterie, qui consiste à associer des plantations d’arbres dans des cultures ou des pâturages. En Afrique, cette pratique aide déjà des millions de petits agriculteurs pauvres à se protéger contre la sécheresse et la faim, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, en économisant l’eau et en améliorant la fertilité des sols.

Le pouvoir d’un acacia

Les résultats les plus prometteurs de ce type de technique culturale en Afrique résident dans l’association d’un arbre indigène, Faidherbia albida, avec des cultures vivrières. Cette espèce d’acacia améliore la fertilité des sols en absorbant l’azote de l’air et en le transférant dans le sol via ses racines et sa litière de feuilles.

Contrairement à la plupart des arbres, le Faidherbia perd ses feuilles, riches en azote, au début de la saison des pluies, ce qui le rend extrêmement compatible avec les cultures vivrières, car il ne les concurrence pas pour la lumière, les éléments nutritifs ou l’eau pendant la période de croissance de la végétation. Ses feuilles repoussent au début de la saison sèche, après les récoltes.

Les agriculteurs africains qui ont opté pour l’agroforesterie enregistrent des résultats impressionnants sans recourir à des engrais coûteux. Leurs rendements augmentent souvent de 30 %, voire davantage. En Zambie, par exemple, le rendement des plants de maïs a triplé depuis qu’ils sont abrités par des Faidherbia.

« Autrefois, La culture de mon champ me donnait environ 10 sacs de maïs », témoigne Mary Sabuloni, qui a commencé à planter des arbres fertilisants dans son champ de maïs, au Malawi. « Maintenant, j’obtiens au moins 25 sacs ». Veuve et mère de huit enfants, elle souligne comment cette innovation a changé radicalement leur vie et leur alimentation : « Auparavant, nous avions souvent faim mais maintenant j’ai de quoi nourrir ma famille toute l’année ».

Lutter contre le changement climatique

Outre ce surcroît de productivité et de revenus pour les agriculteurs, la pratique de l’agroforesterie s’accompagne d’autres avantages puisqu’elle permet de :

  • accroître l’efficacité de l’utilisation de l’eau de pluie jusqu’à 380 % ;
  • fixer et stocker jusqu’à 4 tonnes de carbone par hectare et par an ;
  • réduire les émissions d’équivalent CO2 de 3,5 tonnes par hectare et par an.

Dans le contexte du changement climatique, de l’intensification de la pression démographique mondiale, de la réduction de la taille des exploitations et du recul de la productivité des sols, l’agroforesterie constitue non seulement une solution efficace pour relever les défis complexes auxquels l’agriculture doit faire face, mais aussi un moyen financièrement abordable de réaliser le triple objectif qui est au cœur de l’agriculture aujourd’hui : améliorer la productivité, les revenus et la sécurité alimentaire, renforcer la résilience et mieux atténuer les effets du changement climatique.

Les travaux du World Agroforestry Centre, membre du CGIAR, sur l’agroforesterie ont récemment été récompensés par un Climate Week Award au Royaume-Uni. 



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