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Valoriser l’agriculture commerciale au Mali

14 mars 2013


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LES POINTS MARQUANTS
  • Le Programme de compétitivité et diversification agricoles (PCDA) a pour objectif d’améliorer les performances de chaînes de valeur agricoles et d’élevage pour lesquelles le Mali jouit d’un avantage comparatif.
  • Il s’agit de promouvoir l’agriculture commerciale et de petites et moyennes entreprises agricoles rentables au Mali
  • L’objectif est d’accroître les revenus et l’emploi du secteur agricole dans les régions couvertes par le projet

BAMAKO, le 14 mars 2013 -  Aujourd’hui, la production intensive de papayes n’a plus de secrets pour Daouda Diarra. C’est grâce à un reportage diffusé à la télé, que ce producteur de papayes basé à Ségou, ville au bord du fleuve Niger à 230 km à l’est de Bamako, la capitale du Mali, a pris connaissance de l’existence d’un fonds d’innovation dans le cadre du « Programme de compétitivité et diversification agricoles (PCDA) destiné aux petits exploitants.

Entré en vigueur en avril 2006, ce programme, initié par le gouvernement du Mali et soutenu par la Banque mondiale, a pour objectif de promouvoir l’agriculture commerciale comme alternative à l’agriculture de subsistance. Il constitue une opportunité pour les professionnels des filières agricoles d’accroître leurs rendements et leurs revenus.

« Mon projet portait sur la mise en place d’un système d’irrigation goutte à goutte sur une plantation de papayes solo. Dans le cadre de la subvention du PCDA, j’ai pu acquérir  une source d’eau pérenne (un puits à grand diamètre très productif), une pompe immergée avec comme source d’énergie un panneau solaire souvent supplée par un groupe électrogène, et un système de distribution goutte à goutte», témoigne-t-il.  Le coût total du projet était de 9650000 FCFA et la subvention  du PCDA de 4825000 FCFA (environ 9650 dollars américains).

« Le projet s'inscrit dans la stratégie de promotion d'une croissance accélérée et équitable en milieu rural, grâce à des interventions permettant de valoriser l’agriculture commerciale du Mali par l’amélioration des performances de chaînes de valeur agricoles et d’élevage  pour lesquelles le Mali jouit d’un avantage comparatif sur les marchés nationaux, sous régionaux et internationaux », explique Yeyandé Kassé Sangho, experte en agribusiness et chargée de ce projet à la Banque mondiale.

De la petite unité artisanale à l’entreprise industrielle

Nantène Coulibaly, ingénieure agricole,  a créée en 1985 une unité de transformation de céréales dans la banlieue de Bamako. Aujourd’hui, elle est à la tête de « Dado production », une unité de transformation de produits agricoles, née  en juillet 2009 et enregistrée au registre du commerce du Mali. Son entreprise a bénéficié de l’appui technique du PCDA ainsi que d’une subvention de  3 090 000 FCFA (environ 6180 dollars américains)  pour la réalisation du projet  d’un coût total de  7 475 000  FCFA.

Grâce à cet appui financier, elle a pu moderniser son entreprise en acquérant une décortiqueuse, un épierreur, un séchoir mixte à flux transversal, un séchoir à gaz ainsi qu’un moulin à céréales. Elle emploie aujourd’hui 16 employés contre quatre à ses débuts, en majorité des femmes. Sur les conseils des experts du PCDA, Dado Production a adopté le principe de « la marche en avant »  qui vise à éviter la contamination des denrées et impose des règles d’hygiène très strictes. L’unité a également diversifié sa gamme de produits  pour satisfaire les exigences de ses clients.

Aujourd’hui, Dado Production produit chaque mois 5000 kg de céréales contre 3500 par le passé. L’entreprise souhaite également explorer le marché sous régional/international et passer du statut de « Très Petite Entreprise (TPE) à celui de PME (Petite et Moyenne Entreprise (PME) grâce à une subvention du PCDA.

« La collaboration fructueuse  avec le PCDA et certaines personnes de bonne volonté m’ont permis de concrétiser ma vision et mes objectifs : la transformation et la valorisation des produits agricoles et en particulier des céréales locales ; la commercialisation de denrées alimentaires saines au niveau national, sous régional et international ; l’accroissement de la participation des femmes au  développement économique du pays  et la création d’emplois pour les jeunes», affirme Nantène Coulibaly.

Quant à Ibrahima Diakité, agriculteur dans la région de Kouliloro, à une soixantaine de kilomètres de Bamako,  il souhaitait, tout comme  Daouda Diarra (cité plus haut), acquérir la technologie innovante d’irrigation « goutte à goutte ». « Grâce à l’appui du PCDA, j’ai pu installer ce système d’irrigation sur ma parcelle de maraîchage et d’arboriculture fruitière »,  raconte-t-il « Les avantages sont avant tout une économie de temps d’arrosage et de main d’œuvre mais j’économise aussi de l’argent ». Son seul regret ? « Malgré l’implication des experts du PCDA, la procédure pour obtenir cette aide est lourde et le taux de l’apport personnel de 50% me semble encore assez élevé (son apport personnel étant de 4 995 000 FCFA)» explique-t-il.

Selon Yeyandé Kassé Sangho, l’approche recherche et développement du projet,  qui a consisté pendant la première phase à procéder à la démonstration de technologies innovantes d’irrigation et de transformation de produits agricoles et d’élevage,  a permis de mettre au point des référentiels technico-économiques (« farm budgets » ) qui ont servi de base pour la mise en place des petites et moyennes entreprises pertinentes et rentables. Simultanément, la résolution des principaux points critiques des chaînes de valeur a permis de faciliter la mise en marché des produits ciblés ; en particulier l’adhésion au cahier des charges GlobalG.A.P (Global Partnership for Good Agricultural Practices), organisme certifiant les bonnes pratiques agricoles,  a permis de « déverrouiller »  le marché international de la mangue au produit malien. « Le projet devra ainsi  augmenter la valeur des produits commercialisés et promouvoir des petites et moyennes entreprises agricoles rentables au niveau des chaînes de valeur sélectionnées », précise l’experte de la Banque mondiale.  272 entreprises existent à ce jour et 200 nouvelles sont prévues pendant la phase additionnelle dont 40 %  au bénéfice des femmes. « En conséquence le projet devrait augmenter les revenus et l’emploi rural au niveau de ces zones d’intervention », argumente Yeyandé Kassé Sangho.

Le projet, qui devait initialement clore en juin 2012, a été prorogé jusqu’au 30 juin 2013. La préparation d’un financement additionnel − commencée en mars 2012 et interrompue par la suspension des décaissements du Mali (OP 7-30) − a été relancée en octobre 2012.  Ce financement additionnel  est d’un montant de 13 millions de DTS (soit 20 millions de dollars américains)  et d’une durée de 2 ans (2013 -2015). Ce dossier devra être présenté au conseil d'administration de la Banque mondiale le 28 mars 2013.


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