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La Banque mondiale aide le Burundi à faire face aux coupures d’électricité

12 septembre 2012


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Grâce à l'appui financier de la Banque mondiale, les entrepreneurs tels que les coiffeurs espèrent que les délestages répétés cesseront bientôt de nuire à leurs affaires.


LES POINTS MARQUANTS
  • Les délestages répétés nuisent aux petits entrepreneurs qui ont besoin de l’électricité pour faire leur travail en respectant leurs délais de livraison
  • Grâce à l’engagement de la Banque mondiale, près de 10 sites pouvant produire entre cinq et 30 mégawatts ont été identifiés
  • La Banque mondiale, avec la Banque Européenne d’Investissement, est prête à cofinancer les projets de construction des barrages de Jiji et de Mulembwe qui produiront 50 megawatts d’électricité

BUJUMBURA, le 12 Septembre 2012 - Le Burundi dispose de 38 mégawatts pour neuf millions d’habitants. Des lamentations fusent de tous les quartiers dans le partage de cette petite quantité. Issa Bahati est un soudeur qui habite la commune urbaine de Buyenzi. D’après lui, les habitants de ce quartier populaire où vivent essentiellement des gens qui font de petits métiers sont actuellement en difficultés : « Nous pouvons passer deux jours sans avoir de l’électricité. Comment est-ce que nous allons nourrir nos familles puisque nous vivons du métier de soudure ? », s’interroge-t-il. Issa Bahati indique par exemple qu’un travail qu’il devrait faire en trois jours prend actuellement deux semaines à cause du manque de courant : « Nos clients sont en colère parce que le travail se fait au ralenti. » Issa Bahati estime que la Regideso devrait au moins fournir de l’électricité pendant la journée dans les quartiers où vivent de petites gens : « C’est pour nous permettre de travailler pendant la journée parce qu’on ne peut pas faire le travail de soudure pendant la nuit. Cela crée du bruit et ce serait réveiller ceux qui dorment. »

Grâce à l’engagement de la Banque mondiale, il ya de l’espoir pour des entrepreneurs comme Bahati. A travers le Projet Multisectoriel d’infrastructures d’eau et d’électricité, les investissements de la Banque sont essentiellement concentrés sur la réhabilitation de l’infrastructure du réseau principal et sur le soutien financier en faveur de la pleine utilisation de la capacité de génération thermique actuelle, conjugué à des mesures de gestion de la demande énergétique.

Plusieurs activités sont paralysées

Désiré Mugisha a un salon de coiffure dans la commune urbaine de Kamenge. Ce père de trois enfants précise qu’il est fortement touché par le manque de l’électricité. « Nous passons souvent deux jours sans électricité. Pendant tout ce temps, on est oisif. Malheureusement, on doit manger alors qu’on a rien produit », se désole-t-il.

Rosette Niyonzima, également de la commune urbaine de Kamenge précise que le commerce du lait est presque impossible à cause des coupures de courant : « J’ai déjà perdu plusieurs bidons de lait avarié. Chaque bidons contient cinquante litres et coûte 60.000 Fbu ». Cette quadragénaire fait savoir que même si la Regideso leur donne de l’électricité c’est pour quelques heures seulement.

A cause de ce manque de courant, la plupart des habitants utilisent les bougies pour s’éclairer chez eux. Toutefois, ces bougies posent problème car elles causent souvent des incendies.

Ecart de l’offre et de la de demande  et  la crise de l'électricité de 2009

Le Burundi a connu une crise profonde d'approvisionnement en électricité depuis 2009 ayant comme corollaire un délestage à grande échelle et systématique avec des effets graves sur la relance économique d’un pays post- conflit.

Le rapide accroissement du déficit d'alimentation est dû à une combinaison de plusieurs facteurs, comme le manque de capacité d'investissements dans les centrales hydroélectriques du pays, l’insuffisance de la production d'électricité au cours des 15 dernières années : l'augmentation rapide de la demande d’électricité dans la région de la capitale Bujumbura avec le retour de la paix ; la faiblesse des précipitations au cours des trois dernières années ; la dégradation du bassin versant en amont des principales centrales hydroélectriques en raison de la déforestation et l'utilisation des terres qui a augmenté au cours des années de conflit; les pertes considérables sur les plans technique et commercial dans le réseau de distribution d'électricité et le manque de ressources financières pour faire fonctionner la centrale thermique existante.

Le manque à gagner peut atteindre entre 40 et 50% de la demande existante pendant les heures de pointe. Le Gouvernement du Burundi a répondu à la crise en ordonnant le délestage, l'accélération du reboisement des principales zones de captage de puissance centrale hydroélectrique et, surtout, en utilisant les fonds de l'IDA pour l’achat du carburant pour faire fonctionner l'actuelle centrale thermique de Bujumbura qui fournit 5.5 MW

Des solutions sont possibles grâce à l’appui de la  Banque Mondiale

Le projet multisectoriel appuie également les études de faisabilité pour les centrales hydroélectriques renouvelables et a ainsi préparé le gouvernement à solliciter le financement des investisseurs. Ces études étaient un préalable. Grâce à la Banque mondiale, une dizaine de sites pouvant produire entre 5 et 30  mégawatts chacun  ont déjà été identifiés.

Des discussions autour des barrages de Jiji et à Mulembwe qui vont produire 50 mégawatts sont en cours et la Banque mondiale est prête à co-financer le développement de ces deux sites en collaboration avec la Banque Européenne d’Investissement. La production d’énergie hydraulique offre une alternative crédible à faible coût, qui permet d’accroître une partie de l’offre prévisionnelle à moyen terme avant que les grands développements hydrauliques tels que Kabu 16, Rusizi III et les cascades de Rusumo ne deviennent opérationnels.

Un Projet d’Urgence pour le Secteur de l’Electricité (PURSE) a également démarré ses activités en 2011. Cela a été possible avec la mise en vigueur de l’accord de financement intervenu le 23 février 2011 pour un montant d’environ 15.400.000 de dollars sur une période de trois ans. Ce projet prévoit l’extension de la centrale thermique de Bujumbura ainsi que la remise en état des centrales hydroélectriques et du réseau de transport et de distribution de l’électricité. L’acquisition des compteurs à prépaiement ainsi que le carburant pour la centrale thermique et gestion du projet seront aussi une priorité.  


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