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GAFSP : améliorer la sécurité alimentaire des plus pauvres dans le monde

17 mai 2012


À la veille du sommet du G8, la sécurité alimentaire occupe une nouvelle fois — et à raison — le devant de la scène. Chaque jour, près d’un milliard d’êtres humains souffrent de la faim. La plupart sont des enfants.

Alors que le niveau et la volatilité des prix alimentaires continuent de pénaliser les plus démunis, la communauté internationale doit impérativement agir. Soixante-quinze pour cent des pauvres de la planète vivent en milieu rural et la plupart dépendent de l’agriculture pour survivre. Sans compter que la flambée des prix aggrave la sous-alimentation. Cette situation menace les avancées vers les objectifs du Millénaire pour le développement liés à l’alimentation et la nutrition, notamment sur le front de la mortalité maternelle et infantile.

Dans les pays en développement confrontés à des marchés internationaux plus instables, la solution passe par une augmentation de la productivité et des dispositifs de production vivrière plus solides. Le Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP, selon l’acronyme anglais) est plébiscité par les donateurs, les bénéficiaires et la société civile pour la qualité de ses premiers résultats et les perspectives d’avenir qu’il offre.

Administré par la Banque mondiale, le GAFSP a été créé en avril 2010 à la demande du G20. Concevant l’aide comme un vecteur de transformation, il aide les pays à introduire des améliorations durables à travers des investissements pérennes dans l’agriculture et la sécurité alimentaire.

Neil Watkins, d’ActionAid, rappelle que « l’un des résultats les plus positifs du sommet de L’Aquila, il y a trois ans, est la création du GAFSP, un fonds fiduciaire multidonateurs au concept original, qui soutient les plans nationaux et implique les agriculteurs et la société civile dans les processus de décision et de mise en œuvre. Il a déjà entraîné des changements radicaux dans douze pays ». Sept pays et la Fondation Bill et Melinda Gates se sont engagés à fournir environ 1,1 milliard de dollars au cours des trois prochaines années, sachant que 617 millions ont déjà été débloqués.

Au Togo, où le secteur de l’agriculture contribue à hauteur de 40 % au PIB, le GAFSP intervient aux côtés d’autres donateurs pour aider au déploiement du plan national pour l’agriculture. Il a financé l’achat de semences et d’engrais ainsi que la formation des agriculteurs et a aidé la filière à mieux s’organiser. Il a également contribué à augmenter les rendements de maïs et de manioc et optimisé la coordination entre donateurs. Le projet devrait bénéficier directement à 62 000 personnes, dont les fermiers pratiquant une agriculture de rente et les acteurs du secteur de la pêche (producteurs et négociants).

Au Rwanda, l’un des premiers bénéficiaires du GAFSP, le programme cofinance un projet de lutte contre l’érosion des sols et d’augmentation de la productivité de l’agriculture en terrasses. Les résultats sont impressionnants : les rendements obtenus par les producteurs de pommes de terre et de céréales ont été respectivement multipliés par sept et quatre. Pour John Rwangombwa, ministre des Finances du Rwanda, le GAFSP transforme les vies. La semaine prochaine, ce partenariat novateur sélectionnera de nouveaux pays pour des subventions à hauteur de 180 millions de dollars environ.

Au Népal, le GAFSP prévoit d’appuyer un projet qui tient explicitement compte des aspects de sécurité alimentaire et nutritionnelle en augmentant la productivité agricole (cultures, bétail et pêche), en élargissant la palette des moyens de subsistance dans les communautés souffrant d’insécurité alimentaire et en améliorant l’apport nutritionnel pour les adolescentes, les femmes enceintes et allaitantes et les enfants de moins de deux ans. Quelque 150 000 petits agriculteurs et 250 000 adolescentes, jeunes mères et enfants en profiteront directement.

Le GAFSP n’est que l’un des nombreux moyens déployés par le Groupe de la Banque mondiale pour faire de l’alimentation la première des priorités. En voici d’autres :

  • En réponse à la sécheresse qui frappe la Corne de l’Afrique, le Groupe de la Banque mondiale met à disposition 1,8 milliard de dollars pour sauver des vies, améliorer la protection sociale, permettre la reprise économique et renforcer la résistance des populations à la sécheresse.
  • Un tout nouveau produit de gestion du risque, fourni par la Société financière internationale (IFC), permettra de protéger les agriculteurs, les producteurs et les consommateurs des pays en développement face à la volatilité des cours des denrées alimentaires.
  • Le Programme d’intervention en réponse à la crise alimentaire mondiale (GFRP) soutient près de 40 millions de personnes dans 47 pays, grâce à une aide de 1,5 milliard de dollars.
  • Le cadre d’action pour le renforcement de la nutrition (Scaling Up Nutrition [SUN]) pour lutter contre la sous-alimentation a été adopté par 100 partenaires, au nombre desquels la Banque mondiale.
  • Le Groupe de la Banque mondiale a porté ses dépenses annuelles pour l’agriculture de 6 à 8 milliards de dollars, contre 4 milliards en 2008.
  • Le Groupe de la Banque mondiale coordonne son action avec celle des agences des Nations Unies, dans le cadre du Groupe de travail de haut niveau sur la crise mondiale de la sécurité alimentaire, de même qu’avec celle des organisations non gouvernementales.
  • Le Groupe de la Banque mondiale soutient le partenariat pour un Système d’information sur les marchés agricoles (AMIS) afin d’améliorer la transparence des marchés de produits alimentaires et d’aider les gouvernements à réagir en connaissance de cause aux flambées des cours internationaux.
  • Le Groupe de la Banque mondiale milite pour une augmentation des investissements dans la recherche agronomique – au travers notamment du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR) – et la surveillance des échanges agricoles afin de déceler d’éventuelles pénuries alimentaires.
  • Le Groupe de la Banque mondiale œuvre pour une meilleure alimentation des populations vulnérables, à travers des programmes communautaires visant à généraliser le recours aux services de santé et à améliorer les soins prodigués. Dans le cadre de sa réponse à la crise alimentaire, la Banque mondiale a soutenu la distribution quotidienne d’environ 2,3 millions de repas scolaires aux enfants de pays à faible revenu.
  • L’IFC va investir jusqu’à 1 milliard de dollars dans son Programme de financement des produits de première nécessité (CCFP) pour soutenir les échanges de produits agricoles et énergétiques clés afin de réduire le risque de pénuries et de renforcer la sécurité alimentaire des pauvres du monde entier.

Améliorer la sécurité alimentaire

Grâce au seul premier appel à propositions, le GAFSP atteint 7,5 millions de bénéficiaires dans douze pays.

Dans quatre pays faisant état de la réalisation des objectifs de résultats — le Bangladesh, l’Éthiopie, le Niger et le Rwanda —, 44 415 hectares supplémentaires de terres bénéficieront de systèmes d’irrigation et d’évacuation neufs, optimisés ou remis en état.

Au Rwanda, 70 % des fermiers recourent désormais à des pratiques agricoles améliorées. Le projet du GAFSP a concerné 6 752 bénéficiaires, dont 54 % de femmes.


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