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Cameroun : Les universités s’impliquent dans le débat sur l’emploi

22 mars 2012


YAOUNDÉ, le 22 mars 2012 – Plus de 1 000 professeurs, étudiants et membres de l’administration universitaire ont répondu présents pour participer au débat sur l’emploi organisé récemment par le bureau de la Banque mondiale au Cameroun, transformant une modeste campagne d’information en tournée nationale.

C’est la première fois dans l’histoire de la Banque mondiale au Cameroun que du personnel de haut niveau s’adresse au monde universitaire, en se rendant à l’École nationale d’Administration et de Magistrature, à l’Institut des relations internationales du Cameroun, à l’Institut sous-régional de statistique et d'économie appliquée, à l’Université de Yaoundé II et à l’Université catholique d’Afrique centrale, ce qui n’a pas manqué d’attirer l’attention des médias locaux, nationaux et internationaux.

« Si la Banque mondiale a choisi l’Université catholique pour lancer ses Cahiers économiques, ce n’est pas le fait du hasard, mais la preuve de nos longues années de coopération : sur les 46 975 ouvrages qu’elle possède, notre Université est en effet dépositaire de 5 769 publications de la Banque mondiale, soit 12 % de notre centre de documentation, a affirmé Richard Filakota, recteur de l’Université catholique d’Afrique centrale, dans son discours de bienvenue. Je souhaite que ce partenariat se développe, se renforce et perdure pour le bien de nos deux institutions. »

L’initiative a débuté l’an dernier, lorsque Raju Jan Singh, économiste en chef de la Banque mondiale pour le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale la République centrafricaine et le Tchad, a eu l’idée de publier de brefs rapports économiques nationaux dans le but de partager des connaissances et de stimuler le débat parmi ceux qui souhaitent améliorer la gestion économique du pays et lui permettre de déployer son potentiel. Chaque édition des Cahiers économiques du Cameroun, qui paraît deux fois par an, propose une analyse des évolutions économiques récentes, et met l’accent sur un thème particulier. Ces rapports proposent un point de vue différent sur les problèmes économiques du Cameroun et fournissent une tribune supplémentaire pour l’apprentissage et des échanges constructifs.

L’édition de février 2012 met l’accent sur la thématique de l’emploi, qui suscite beaucoup d’intérêt car elle s’applique à la majorité de la population. « Même avec des taux de croissance élevés, le secteur formel ne pourra absorber qu’une fraction des demandeurs d’emplois, affirme M. Singh.  Le secteur informel continuera par conséquent à fournir des emplois à la plupart des Camerounais. L’objectif est alors de faire progresser la productivité, et donc le revenu, de ceux qui ont déjà un emploi, tout en créant dans le même temps davantage d’emplois formels. »

Accroître la productivité, un enjeu pour le Cameroun

Le marché du travail du Cameroun se caractérise par une grande proportion de main-d’œuvre travaillant dans le secteur informel et peu d’emplois dans le secteur formel. Le chômage est faible, car la plupart des Camerounais ne peuvent se permettre de ne pas travailler. L’essentiel de ces emplois affichent cependant une très faible productivité et génèrent des revenus très bas. L’enjeu est par conséquent de faire progresser la productivité, et donc le revenu, de ceux qui ont déjà un emploi, tout en créant dans le même temps davantage d’emplois formels.

L’éducation constitue un point critique à cet égard car nombre d’enfants quittent l’école sans maîtriser les savoirs de base (lire, écrire et compter). Un climat d’investissement défavorable, et en particulier une infrastructure instable, pèse aussi sur les perspectives d’emploi du pays. Dans un tel contexte, une stratégie intersectorielle qui s’attaque aux obstacles à la fois du côté de l’offre et de la demande pourrait accélérer la croissance économique du pays et la rendre plus inclusive.

« Depuis les années 1990, l’emploi formel représente moins de 10 % de la population active », explique M. Singh. Et d’ajouter que cette catégorie de travailleurs se compose essentiellement d’hommes qui vivent en zone urbaine. « Selon les projections actuelles, à court et moyen terme, l’agriculture informelle devrait rester le principal pourvoyeur d’emplois au Cameroun. L’attention doit donc se concentrer sur l’augmentation de la productivité dans ce secteur. »

Selon le rapport, des efforts sont déjà déployés en ce sens. Ainsi, on agrandit les surfaces cultivées et on s’efforce de distribuer des semences améliorées, de moderniser les machines agricoles et d’enseigner aux exploitants comment accroître leur rendement.

« Quatre-vingt-dix pour cent de ceux qui ont un emploi travaillent dans l’économie informelle. Le secteur informel doit être perçu non pas comme une nuisance opérant en dehors du cadre réglementaire, mais comme un atout pour la création d’emplois et une façon de donner à des millions de citoyens la possibilité d’aspirer à la mobilité économique », a déclaré M. Singh.

Favoriser des conditions propices à la création d’emplois

Les investissements dans l’infrastructure, et en particulier dans les routes et l’énergie, pourraient renforcer l’attrait que présente le Cameroun pour l’investissement direct étranger, ce qui aurait un effet positif sur les opportunités d’emploi et sur le climat d’affaires.

Le Cameroun a progressé de sept places dans l’indicateur Doing Business 2012. Il y est en effet plus facile qu’avant de créer une petite ou une moyenne entreprise du fait des avancées réalisées sur le plan des coûts, du temps nécessaire et du nombre de procédures à effectuer. Ces évolutions laissent espérer un avenir meilleur.

Pour rendre les conditions plus favorables à la création d’emplois, il faut en outre que la formation professionnelle corresponde aux besoins du marché du travail. Ainsi, les étudiants en ingénierie ne représentent que 5 % des inscriptions totales. Or les autorités camerounaises comptent investir dans plusieurs grands projets dans les secteurs de l’énergie et des transports sur les prochaines années. Ces projets devraient faire progresser la demande d’ingénieurs compétents. De même, les jeunes qui souhaitent effectuer un stage se heurtent au problème de l’absence de structure formelle de certification des acquis. Or, de telles formations sur le tas constituent une voie importante pour permettre aux jeunes qui entrent sur le marché du travail d’accéder aux compétences pratiques nécessaires à tel ou tel emploi.

Entre mars et juillet 2012, les Cahiers économiques seront également présentés à l’Université de Douala et au Groupement inter-patronal du Cameroun (GICAM), ainsi que dans d’autres régions du pays, ciblant plus de 30 établissements d’enseignement supérieur et associations professionnelles.


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