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Centre sur les conflits et le développement : rapprocher les experts pour agir plus vite

15 juillet 2011


LES POINTS MARQUANTS
  • Le nouveau Centre mondial sur les conflits, la sécurité et le développement ouvre ses portes à Nairobi, au Kenya
  • La Banque entend ainsi renforcer les partenariats sur la sécurité et le développement afin de soutenir des réformes adaptées et intégrées dans les environnements post-conflit

Le 15 juillet 2011— Les acteurs du développement qui évoluent dans des environnements fragiles ou affectés par un conflit travaillent souvent seuls, sans possibilité d’échange avec leurs pairs. Alors que leurs activités sont presque toujours placées sous le sceau de l’urgence, ils ne peuvent que rarement se reposer sur des pratiques de travail établies. Les conseils immédiats d’un collègue ayant rencontré des difficultés analogues peuvent alors faire toute la différence.

Avec l’ouverture, ce mois-ci, du nouveau Centre mondial sur les conflits, la sécurité et le développement de la Banque mondiale à Nairobi (Kenya), les experts du développement vont désormais disposer d’un nouveau dispositif pour partager leurs expériences et leurs idées. Cette plateforme mondiale dont la vocation est de mettre en relation ceux qui, à travers le monde, travaillent dans des situations de fragilité ou de conflit, leur donnera accès aux dernières recherches et connaissances disponibles sur les actions qui ont fait leurs preuves dans ces environnements instables.

Le personnel du centre est constitué d’une équipe d’experts de la Banque ayant déjà travaillé dans des zones fragiles ou touchées par un conflit et œuvrant en étroite relation avec les Nations unies et d’autres partenaires.

« Nous voulons vraiment changer notre manière d’opérer, explique Joel Hellman, directeur du Centre et du Groupe des États fragiles et en conflit à la Banque mondiale. Fondamentalement, ce centre mondial a été créé pour transférer une partie de notre soutien plus près du terrain, à proximité des équipes-pays, de façon à pouvoir leur apporter rapidement des conseils, un soutien et même du renfort en cas de besoin. »

« Nous souhaitions créer un lieu, à la fois physique et virtuel, qui rassemble les personnes travaillant sur des situations de fragilité ou de conflit », précise-t-il.

L’ouverture de ce centre répond aux recommandations du Rapport sur le développement dans le monde 2011 : Conflits, sécurité et développement. (a) Le choix de la Banque s’est porté sur Nairobi non seulement en raison de la proximité géographique de cette ville avec nombre d’États fragiles et de situations de conflit, mais aussi parce que le Kenya est en train de s’imposer comme un pôle important pour l’expertise et la pratique relatives au développement dans toute l’Afrique.

« L’impact délétère des conflits sur le développement est particulièrement marqué en Afrique, qui abrite vingt-trois des pays du monde les plus fragiles ou touchés par un conflit, souligne Obiageli Ezekwesili, vice-présidente de la Banque mondiale pour la Région Afrique. Ce centre apportera un appui fondamental aux efforts que mènent ces pays pour assurer une bonne gouvernance et des institutions solides et légitimes qui non seulement apporteront aux citoyens la sécurité, la justice et les emplois dont ils ont besoin mais qui sont aussi indispensables pour briser le cycle de la violence. »

Bénéficier de l’expertise des partenaires

À travers ce centre, la Banque coopèrera avec des agences des Nations unies, des institutions régionales, des banques multilatérales de développement et des organismes bilatéraux. Elle pourra ainsi bénéficier de leur expertise spécialisée dans les domaines de la politique, de la sécurité et de la justice.

On peut citer comme exemple de ces partenariats un fonds fiduciaire Nations unies-Banque mondiale financé par des capitaux suisses. Il soutient un programme de petites subventions (jusqu’à 100 000 dollars chacune) accordées à des projets dans quatre pays-pilotes : la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la Guinée-Bissau et le Libéria.

« Développement et sécurité étant toujours plus interdépendants, il est vital que les Nations unies et la Banque mondiale collaborent dans les pays fragiles ou touchés par un conflit, affirme Robert Orr, sous-secrétaire général des Nations unies à la coordination des politiques et à la planification stratégique. Le Rapport sur le développement dans le monde renferme moult données et analyses qui confirment ces tendances, pointant plusieurs domaines dans lesquels la coopération pourrait être renforcée. »

« Conçue comme une plateforme mondiale de partenariat et de gestion des savoirs, le centre entend soutenir nos équipes-pays et nos clients afin qu’ils obtiennent des résultats de développement dans des environnements fragiles ou de conflit et les répliquent à une échelle supérieure, précise Joachim von Amsberg, vice-président de la Banque mondiale en charge de la politique opérationnelle et des services aux pays. Nous collaborerons étroitement avec nos pays partenaires et d’autres organismes (au sein des Nations unies notamment), contribuant ainsi à concrétiser le programme d’action du Rapport : bâtir des institutions efficaces pour surmonter la fragilité et les conflits. »

Une initiative de plus en faveur des États fragilisés par les conflits

La Banque travaille depuis longtemps en partenariat dans des contextes de conflit et d’après-conflit. C’est notamment le cas au Rwanda, où elle s’est associée au Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme pour endiguer l’épidémie de VIH-SIDA, ou encore au Libéria où elle appuie les efforts de réforme et d’allégement de la dette en coordination avec les États-Unis, le Fonds monétaire international, la Banque africaine de développement et la Commission européenne.

Le Centre vient s’ajouter à des actions déjà nombreuses de la Banque en faveur des États fragiles et touchés par un conflit. Ce groupe de pays a reçu une aide de 2,6 milliards de dollars en 2010 (contre 772 millions en 2000) via l’Association internationale de développement (IDA). La Banque apporte aussi une contribution de 33 millions de dollars par an au Fonds pour la construction de la paix et de l’État, fonds multidonateur qu’elle administre et qui vient à l’aide de 40 % des pays affectés.

En vingt ans d’engagement auprès des États fragiles ou touchés par un conflit, la Banque a permis la réintégration sociale de 235 300 anciens combattants, la construction de 1 190 kilomètres de routes facilitant l’accès aux hôpitaux, aux marchés, aux écoles et aux lieux de travail, et la création d’emplois représentant plus de 17 millions de jours-homme en Afghanistan, au Burundi, en République du Congo et en Gambie.

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