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Les villes en première ligne dans la lutte contre le changement climatique

02 juin 2011


LES POINTS MARQUANTS
  • La Banque mondiale et les maires du « C40 » lancent un partenariat pour mettre en place des plans d‘action climatiques.
  • Selon une étude de la Banque, un milliard d’habitants des bidonvilles sont particulièrement exposés aux risques liés aux effets du changement climatique.
  • Les villes sont responsables de plus de 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Le 2 juin 2011 – « Les villes sont en première ligne de la lutte pour s’adapter au changement climatique et réduire les risques de catastrophe naturelle. Quand les plus grandes villes du monde s’engagent à travailler ensemble sur l’efficacité énergétique, l’énergie propre et des stratégies d’adaptation et d’atténuation, cette alliance peut constituer une formidable force de changement. »

S’exprimant au Sommet mondial du C40, qui réunit à São Paulo (Brésil) les responsables des 40 plus grandes villes du monde, le président du Groupe de la Banque mondiale Robert B. Zoellick est revenu sur les conclusions d’une nouvelle étude de la Banque mondiale consacrée à l’impact du changement climatique et au risque de catastrophes naturelles pour les populations pauvres des villes (Climate Change, Disaster Risk and the Urban Poor).

« De nombreuses villes intègrent déjà les risques liés au changement climatique dans leurs plans de gestion et d’aménagement urbains », a souligné M. Zoellick. « Mais c’est une tâche colossale qui exigera la coopération des autorités locales, nationales et internationales ainsi qu'un grand soutien financier vis-à-vis des collectivités municipales à travers le monde. »

À l’heure actuelle, les villes sont responsables de plus de 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Quant aux quarante grandes villes engagées dans ce mouvement qui vise à s’attaquer au défi du changement climatique — baptisé « Cities 40 » et plus communément appelé « C40 » — elles sont responsables de 12 % des émissions mondiales de GES.

« Les villes se développent à un rythme plus rapide que jamais et produisent la majorité des émissions de dioxyde de carbone. Nous sommes déjà confrontés à des phénomènes d’élevation du niveau de la mer et à des ouragans, sécheresses et cyclones plus catastrophiques que dans le passé », a indiqué l’ancien président Clinton dont l’Initiative pour le climat est partenaire du C40 et, désormais aussi, de la Banque mondiale.

Des villes déjà actives face au changement climatique

Les villes du C40 sont déjà passées à l’action pour combattre les effets du réchauffement climatique. Elles se sont engagées à oeuvrer ensemble sur l’efficacité énergétique, des programmes d’énergies propres et des stratégies d’adaptation et d’atténuation.

São Paulo, ville hôte de ce sommet du C40, veut réduire les émissions de GES de 30 % d’ici à 2012 et a entamé un ambitieux programme de traitement des déchets. « La ville produit 16 000 tonnes de déchets par jour », explique son maire Gilberto Kassab. « Nous récupérons le gaz méthane rejeté par ces déchets et le transformons en source d’énergie. »

D’autres villes se lancent dans des actions similaires. Mexico a été la première ville d’Amérique latine à développer une stratégie locale face au changement climatique et Jakarta a commencé à intégrer des mesures de réduction des risques climatiques dans ses plans d’aménagement urbain à long terme. Dar es Salam rénove ses bidonvilles et délivre des services de base dans les quartiers pauvres.

Bien souvent, ces actions s’appuient sur la participation des communautés car c’est le meilleur moyen d’identifier des solutions à l’échelon local. À Quelimane, ville portuaire du Mozambique sujette aux inondations, les efforts ont porté sur l’amélioration de la distribution d’eau et de l’assainissement dans les quartiers d’habitations pauvres. Dans la province d’Iloilo, aux Philippines, un projet communautaire gère les risques de catastrophes au niveau local.

La Banque et le C40 partenaires

Le nouvel accord conclu entre la Banque mondiale et le C40 au sommet de São Paulo va renforcer leur coopération à l’appui de l’établissement de plans d‘action climatiques par les villes et de l’harmonisation des méthodes de présentation des données relatives aux émissions de GES. L’utilisation de normes internationales communes permettra en effet de mieux mesurer les progrès réalisés et, ce qui est tout aussi important, de faciliter l’accès des villes aux fonds privés qui financent la réduction des émissions ou appuient l’adaptation.

Selon Michael R. Bloomberg, maire de New York et président du C40, « ce partenariat exceptionnel avec la Banque mondiale permettra aux villes du C40 de bénéficier de l’appui du Groupe de la Banque mondiale en termes de ressources, de connaissances et de renforcement des capacités ». Et cet appui encouragera en retour « des actions locales de réduction des émissions de gaz qui auront un impact considérable au niveau mondial ».

« L’approfondissement de ce partenariat est un prolongement naturel des relations établies de longue date avec les membres du C40, de notre engagement en faveur de l’apprentissage et du partage des connaissances, ainsi que de notre détermination à lutter contre le changement climatique », a ajouté M. Zoellick.

« Notre partenariat avec la Banque mondiale fournira des instruments essentiels pour aider les villes à mieux préserver leur durabilité, développer leur économie, créer des emplois, promouvoir l’indépendance énergétique et assurer un avenir stable aux générations futures », a souligné le président Clinton.

À la base de cette alliance, il y a l’objectif de la Banque mondiale d’offrir aux villes un « guichet unique » pour accéder à ses programmes de renforcement des capacités, d’assistance technique et de financement axés sur le climat.

Projets-pilotes : des résultats au rendez-vous

Le Groupe de la Banque a déjà collaboré avec le C40, via l’Institut de la Banque mondiale, pour renforcer les capacités de quatre villes en matière de finance carbone : Dar es Salam, Jakarta, São Paulo et Quezon City. Cette coopération, d’ores et déjà fructueuse, vise à les aider à mettre en place des projets-pilotes dans le cadre du Mécanisme de développement propre du protocole de Kyoto (projet de gestion des déchets à Dar es Salam ou d’éclairage public à Quezon City).

Dans le champ du savoir, la Banque a en outre lancé une plateforme destinée à faciliter la production et le partage de connaissances de pointe dans des domaines aussi essentiels que l’urbanisation, la croissance verte et les TIC. Rassemblant responsables des villes, décideurs politiques, chercheurs et organisations non gouvernementales (ONG), cette plateforme a pour objectif de favoriser les échanges de savoirs et d’apprentissages mutuels dans le cadre d’un partenariat axé sur le changement climatique et le développement durable.

Au Caire, à Mexico et à Bangkok, ainsi qu’au Maroc et en Tunisie, le Groupe de la Banque mondiale a aidé à cibler et mobiliser les Fonds d’investissement climatiques en faveur de grands projets d’efficacité énergétique, d’énergie renouvelable et de transports urbains destinés à assurer la fourniture de services aux populations pauvres tout en réduisant les émissions de GES. Plus précisément, à Mexico et au Caire, ces actions concernent les transports en commun, et, à Bangkok, la gestion des déchets et la modernisation des bâtiments pour l’amélioration de leur efficacité énergétique.

Si le sommet du C40 a ainsi mis en exergue les villes qui montrent la voie en matière d’atténuation du changement climatique et d’adaptation, les participants ont aussi mis l’accent sur les besoins : les villes doivent être mieux informées sur les sources de financement disponibles pour pouvoir être capables de mieux planifier leur développement et prendre les devants de la lutte contre le changement climatique.

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