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Aider les résidents des zones urbaines à faire face aux problèmes de violence

20 avril 2011


Partout dans le monde en développement, les villes croissent à une vitesse qui semble hors de tout contrôle. Déjà plus de la moitié de la population mondiale vit en zone urbaine et, au cours des 25 années à venir, les villes du monde en développement devraient absorber la quasi-totalité de la croissance de la population mondiale. Cette urbanisation accélérée entraîne d’importantes perturbations sociales et économiques et, notamment, une augmentation de la criminalité et de la violence dans de nombreuses villes. Pour des millions de personnes dans le monde entier, la violence - ou la peur de la violence - est une réalité quotidienne.


« La violence urbaine représente un frein considérable au développement et à la réduction de la pauvreté. Ce rapport montre que certaines mesures simples peuvent jouer un rôle crucial dans la réduction de la violence dans les villes et que le développement communautaire doit être considéré comme un élément central de toute intervention ciblant le problème de la violence urbaine. »

Inger Andersen

Vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement durable

La Banque mondiale a publié sa première étude mondiale consacrée à la violence urbaine, « Violence dans la ville : comprendre et soutenir les réponses des communautés aux violences urbaines ». Cette dernière a été préparée parallèlement au Rapport sur le développement dans le monde sur les conflits, la sécurité et le développement. Un grand nombre de ses observations ont ainsi pu nourrir l’analyse du Rapport sur le développement dans le monde concernant l’évolution de la situation de la violence à l’échelle mondiale et les réponses possibles.

Des infrastructures non adaptées, explique le rapport, se traduisent par une absence d’espaces sûrs permettant d’organiser des rencontres communautaires ou des rassemblements publics. Les rues étroites ou un éclairage public insuffisant sont des conditions favorables aux attaques violentes. Le manque d’infrastructures et de services s’ajoute aux frustrations quotidiennes qui peuvent entraîner des violences et exacerber les sentiments d’exclusion. Il est également à l’origine de vulnérabilités lorsque les résidents doivent faire face à leurs besoins de base (comme aller chercher de l’eau ou se rendre dans des toilettes publiques). L’absence d’implication communautaire ou d’organisations sociales solides entraîne l’impossibilité, pour les populations, d’interagir de manière efficace et d’exercer une pression légitime sur les fournisseurs de services, sur le système judiciaire ainsi que sur les corps en charge de l’application des lois.

La violence dans la ville : comprendre et soutenir les réponses des communautés aux violences urbaines. « Pour des millions de personnes dans le monde entier, la violence - ou la peur de la violence - est une réalité quotidienne, explique Inger Andersen, Vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement durable. La violence urbaine représente un frein considérable au développement et à la réduction de la pauvreté. Ce rapport montre que certaines mesures simples peuvent jouer un rôle crucial dans la réduction de la violence dans les villes et que le développement communautaire doit être considéré comme un élément central de toute intervention ciblant le problème de la violence urbaine. »

Selon ce rapport, même si la violence est répandue dans les villes, elle n’a cependant rien d’inévitable. Si certaines personnes souffrent d’une violence omniprésente, il existe aussi de mégapoles aux taux de violence parmi les plus faibles au monde. De plus, la mise en place de politiques urbaines intelligentes peut permettre de faire considérablement chuter les taux d’homicides, comme on l’a vu à Bogota et à Cali, en Colombie, ou encore à Sao Paulo au Brésil.

En s’appuyant sur l’étude de communautés urbaines au Brésil (Fortaleza), en Haïti (Port-au-Prince), au Kenya (Nairobi), en Afrique du Sud (Johannesburg) et au Timor oriental (Dili), ce rapport formule plusieurs recommandations spécifiques pouvant être appliquées dans les contextes urbains. Ces dernières concernent essentiellement la mise en place des conditions élémentaires dont les communautés urbaines ont besoin pour pouvoir opposer des réponses collectives à la violence.

Entretien avec Alexandre Marc et Alys M. Willman à propos du rapport. Cette étude soutient également que la communauté internationale peut jouer un rôle plus important en soutenant les gouvernements à améliorer la coordination au sein de leurs dispositifs nationaux de prévention de la violence. Initialement, les donateurs peuvent soutenir les gouvernements dans la détermination des besoins et l’élaboration des interventions spécifiques concernant criminalité et violence, ainsi que dans la mise en place de plans nationaux. Par la suite, les gouvernements peuvent contribuer à la coordination des efforts entre les différentes agences, secteurs et niveaux de gouvernement.

Auteur principal du rapport et directeur de l’équipe chargée des conflits, de la criminalité et des violences au sein du Département de la Banque mondiale en charge du développement social, Alexandre Marc relève que « nos clients réalisent de plus en plus que la prévention de la violence représente un élément important du développement urbain et on nous demande de plus en plus souvent d’apporter notre aide dans ce domaine. Ce rapport offre une analyse précieuse ainsi que des recommandations très intéressantes sur la manière dont les communautés peuvent être impliquées dans l’élaboration d’actions de prévention de la violence. Il sera un outil utile pour les gouvernements, ainsi que pour les agences de développement qui les soutiennent, dans la lutte contre la violence urbaine.»

Principales recommandations du rapport

  • Amélioration des infrastructures telles que l’éclairage des rues, des routes, des parcs et autres espaces publics, afin de réduire les opportunités de crime et de violence et d’offrir aux résidents la mobilité dont ils ont besoin pour mener à bien des actions collectives.
  • Des changements de style en terme de définition des politiques sont nécessaires et passent par une approche plus tournée vers les communautés, basée sur la confiance et la coordination entre les différents groupes. Ce changement pourrait aider à répondre à la tendance actuelle qui consiste à faire appel à des solutions extra-légales pour assurer la sécurité, telles que les milices d’autodéfense ou groupes paramilitaires.
  • Les gouvernements doivent également être aidés pour améliorer la collecte de données. et les mécanismes qui permettent aux communautés de disposer d’informations précises sur la violence. Ceci permettrait d’améliorer et de mieux diriger les efforts d’application de la loi, là où la violence est le plus intense. Lorsque les communautés sont impliquées dans la collecte et le partage des données, de telles informations sont à même de soutenir aux mieux leurs efforts de réduction de la violence dans les quartiers.
  • Pour un environnement mieux sécurisé, l’étude recommande une plus grande attention au renforcement de la confiance et à de la cohésion sociale. ce qui implique avant toute chose l’orientation des énergies de la communauté vers des solutions non violentes de résolution des conflits. En particulier, les résidents interrogés ont souligné le besoin d’intégrer de manière efficace les jeunes dans les activités bénéficiant à la communauté, par exemple en leur faisant jouer un rôle central dans les prises de décision collectives. Il est également recommandé de soutenir les formes d’actions collectives portées par la communauté. Ces dernières sont en effet à même de renforcer le lien social et d’aider à faire évoluer des normes qui tolèrent voire promeuvent l’usage de la violence.
  • Enfin, la communauté internationale peut jouer un rôle plus important en soutenant une meilleure coordination au sein des dispositifs nationaux de prévention de la violence. Ce rôle sera sans doute différent en fonction des contextes selon le niveau de capacité. Les donateurs peuvent, dans un premier temps, soutenir les actions gouvernementales en matière de détermination des besoins et d’élaboration des interventions concernant criminalité et violence, ainsi que de mise en place de plans nationaux. Les gouvernements peuvent alors être aidés dans la coordination des efforts menés par différentes agences, secteurs et niveaux de gouvernements. Il s’agit d’un rôle important que la Banque mondiale pourrait être amenée à jouer dans l’avenir.
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