ARTICLE

Le Nigeria fait un pas de plus vers l'éradication totale de la poliomyélite

17 mars 2011


LES POINTS MARQUANTS
  • La Banque mondiale appuie la campagne d’éradication de la poliomyélite menée par le Nigeria à travers l’octroi d’un crédit supplémentaire de 60 millions de dollars
  • Le nombre d’États recensant des cas de poliomyélite au Nigeria a chuté de 27 en 2009 à 8 en 2010
  • Alors que le nombre total de cas de poliomyélite dans le pays a baissé de 95 % entre 2009 et 2010, l’éradication de la maladie pourrait être proche

Le 17 mars 2011—Avec une réduction spectaculaire de 95 % des cas de poliomyélite entre 2009 et 2010, le Nigeria se trouve à une étape décisive dans la lutte contre le redoutable virus. Un nouveau crédit de la Banque mondiale d’un montant de 60 millions de dollars va permettre au pays de prendre des mesures déterminantes en vue de l’éradication de la poliomyélite, objectif ultime désormais à portée de vue.

Le Nigeria, qui fait partie des quelques pays au monde où la poliomyélite est encore une maladie endémique, n’a recensé que 21 cas à la fin de l’année 2010, contre 388 en 2009. Mais, en dépit des avancées formidables de ces dernières années, les campagnes de vaccination de masse devront être prolongées jusqu’en 2011 compte tenu du risque élevé de résurgence de la maladie.

« Le dernier chapitre de l’éradication de la poliomyélite au Nigeria nécessitera encore plus d’efforts que le premier », avertit Mohammad Pate, directeur exécutif de l’Agence de développement des soins de santé primaires du Nigeria (NPHCDA). « Pour de nombreuses raisons, cette campagne exige un leadership et un engagement résolus. Arrêter la poliomyélite, c’est faire en sorte que cette maladie invalidante et mutilante n’emportera plus jamais un seul enfant dans nos familles ».

Recul spectaculaire de la poliomyélite entre 2009 et 2010

En 2003, lorsque la Banque mondiale avait commencé à appuyer les efforts déployés par le Nigeria pour éradiquer la poliomyélite, 4 000 cas étaient recensés dans le pays. Mais avec le concours des chefs traditionnels et des autorités locales du nord du Nigeria, où régnait une méfiance généralisée à l’égard du vaccin contre la poliomyélite, le pays a pu mobiliser rapidement des ressources pour la vaccination et réduire le nombre de cas, particulièrement au cours des dernières années.

« Nous assistons à une avancée absolument remarquable et sans précédent au Nigeria, où l’on a observé une réduction impressionnante de 95 % de cas de poliomyélite au cours des 12 derniers mois », confirme Bruce Aylward, directeur de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Cette avancée est le résultat direct du leadership déterminé du gouvernement nigérian et de l’implication sans réserve des chefs traditionnels et religieux dans tout le pays. »

« Même s’il reste encore beaucoup à faire pour que tous les enfants dans le pays soient entièrement immunisés, l’appui renouvelé de la Banque mondiale ne pouvait arriver à un moment plus décisif : il contribuera à conforter la dynamique actuelle et à atteindre le but final », poursuit-il.

L’aire géographique dans laquelle les cas ont été signalés s’est également considérablement rétrécie, passant de 27 à 8 États du Nigeria entre 2009 et 2010, comme l’illustrent les cartes ci-dessous.

« Grâce à l’appui de la Banque mondiale et au leadership du gouvernement, on peut envisager de manière réaliste que la poliomyélite sera éradiquée au Nigeria à très court terme. Alors, aucun enfant nigérian n’aura plus jamais à supporter la douleur de la paralysie permanente due à la poliomyélite », insiste le docteur Aylward.

Financer des résultats tangibles

Le troisième crédit octroyé par la Banque mondiale au Nigeria pour la lutte contre la poliomyélite appuie les efforts déployés par le pays en vue d’améliorer les résultats en matière de santé. Comme les crédits précédents, il pourra être converti en don grâce aux ressources d’autres partenaires – notamment le Fonds des Nations unies, Rotary International, les Centres de lutte contre les maladies et la Fondation Bill et Melinda Gates –, sous réserve du respect de conditions prédéterminées.

Ce mécanisme « réducteur d’intérêt » est en effet subordonné aux résultats d’un audit de performance indépendant déterminant si les fonds de l’IDA parviennent à assurer une couverture vaccinale contre la poliomyélite d’au moins 80 % dans chaque État endémique du Nigeria.

« C'est l'affaire de tous »

À la NPHCDA, le docteur Pate fait observer que le Nigeria pourrait mettre à profit le succès enregistré dans la lutte contre la poliomyélite pour améliorer la vaccination de routine ainsi que la santé maternelle et celle des nouveau-nés : « Si nous sommes capables de vacciner tous les enfants contre la maladie, alors nous pouvons certainement en faire autant avec la vaccination de routine et les soins prénataux et postnataux ».

Il relève aussi que les progrès accomplis ont renforcé la motivation au sein de l’agence qu’il dirige. « Nous faisons ce que nous avons promis de faire et ces résultats positifs vont se répercuter sur d’autres projets ». Et de déclarer : « Ce genre de changements nécessite l’implication de tout un pays, et le Nigeria est aujourd’hui en train d’aller de l’avant. Un dicton africain dit que si l’on veut aller vite, il faut partir seul, mais si on veut aller loin, il faut être à plusieurs ».

« Pour assurer le succès des programmes de vaccination, il faut travailler en équipe, notamment entre les pouvoirs publics et les institutions traditionnelles », souligne l’émir de Dikwa, Alhaji Kyari Umar El-Kanemi, président du Comité des chefs traditionnels du Nord, en parlant de la qualité des soins de santé.

En écho, l’émir de Dass, Alhaji Bilyaminu Othman Bilyaminu, conclut : « Nous soutenons la campagne de vaccination car nous voulons sauver la vie de ceux qui constituent notre avenir : les enfants d’aujourd’hui ».


Api
Api

Bienvenue