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RDP lao : quand électricité rime avec autonomie

15 mars 2011


LES POINTS MARQUANTS
  • En 15 ans, le taux d'électrification du Laos est passé de 15 à 71 %. Le gouvernement vise une couverture de 90 % en 2020.
  • Être raccordé à l'électricité, cela veut dire pouvoir gagner plus d'argent en travaillant plus vite et mieux, et pouvoir faire ses devoirs même la nuit tombée.
  • Grâce à un programme d'électrification en milieu rural soutenu par la Banque mondiale, 200 000 foyers ont désormais accès à l'électricité.

Le 15 mars 2011 – Mme Pan a perdu son mari. Elle survit en fabriquant des filets de pêche et des napperons. Sa fille travaille avec elle et, pour gagner un peu plus d’argent, la mère et la fille sont à l’ouvrage même la nuit. Une lampe à kérosène les éclairait tant bien que mal jusqu’au jour où leur village, dans le sud du Laos, a été raccordé à l’électricité...

« Je mène une vie normale, maintenant. Ce n’est pas comme avant où nous n’y voyions rien », raconte-t-elle. « Depuis que nous avons l’électricité, nous pouvons fabriquer plus de napperons et de filets, et nous réussissons à gagner entre 40 et 50 000 kip par mois [entre 5 et 6 dollars environ]. Avant, c’était impossible d’avoir plus d’argent. Aujourd’hui, nous faisons ce que nous voulons quand bon nous semble ».

Même constat chez Kantoeun, un sculpteur sur bois du village de Nong Buang : « Grâce aux instruments électriques, nous travaillons plus vite et les finitions sont de meilleure qualité. Avant, quand il n’y avait pas de courant, les gens ne nous commandaient rien. Maintenant qu’ils voient que nous pouvons travailler plus vite, ils nous passent de grosses commandes. Nous vivons mieux. Nous sommes plus riches et plus heureux ».

L’électricité pour tous

L’électrification du pays s’est faite rapidement. En 1995, seuls 15 % des foyers laotiens étaient raccordés à l’électricité. En 2010, la couverture était de 71 %. Plus important encore pour ce pays où 68 % de la population vit en milieu rural, les zones les plus reculées sont aussi raccordées. « Le gouvernement a pris conscience que la meilleure façon d’aider les habitants des campagnes, c’était de leur fournir de l’électricité. C’est pour cela que nous avons commencé à investir dans ce secteur », déclare le directeur général du ministère de l’Énergie et des Mines, Viraphone Virawong.

La Banque mondiale apporte son appui aux autorités laotiennes qui prévoient de raccorder 90 % de la population d’ici 2020. À ce jour, elle a financé plusieurs projets dans le cadre d’un programme d’électrification des zones rurales engagé en 1987. Quelque 200 000 foyers ont désormais accès à l’électricité.

La Banque soutient également l’entreprise publique Électricité du Laos (EdL), chargée de conduire le projet d’électrification rurale à travers le pays et de rendre l’énergie à la fois accessible et bon marché. L’État subventionne 20 à 30 % de la facture des foyers ruraux, qui ne dépensent ainsi pas plus que ce qu’ils paieraient normalement pour du kérosène et des batteries rechargeables. Les zones faiblement peuplées n’offrant pas les conditions de viabilité requises pour être couvertes par le réseau électrique, elles bénéficient de solutions « hors réseau », comme la biomasse, l’énergie solaire ou l’hydroélectricité.

Priorité aux femmes

Comme les projets comportent des volets de développement socio-économique, les chances des pauvres d'accéder à l'énergie s'en trouvent accrues. C'est le cas du projet Électricité pour les pauvres (Power to the Poor ou P2P), qui fournit des crédits sans intérêt pour couvrir les coûts de raccordement au réseau. Cette aide est particulièrement appréciable pour les habitants de villages déjà raccordés mais qui n'ont pas les moyens de s'offrir ce service.

Dans les zones rurales, les ménages où la femme est le chef de famille, comme celui de Mme Pan, sont souvent les plus pauvres et les plus vulnérables. Le P2P leur vient en aide dans la mesure où il intègre des critères d'éligibilité en fonction du sexe. « Le projet P2P est spécifiquement conçu pour les femmes chefs de famille, les femmes divorcées, les veuves ou celles qui ont de nombreux enfants à charge », indique le responsable du projet chez EdL, Gnanhkham Douangsavanh.

Helene Carlsson-Rex, spécialiste des questions de genre à la Banque mondiale, ajoute : « Lorsque les aides sont versées à des femmes, elles ont un impact plus important sur la santé et l'éducation des enfants. C'est pourquoi nous veillons à ce que les femmes bénéficient de cette opportunité ».


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