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Protection sociale et travail : faire preuve de résilience dans un monde instable

23 février 2011


LES POINTS MARQUANTS
  • La Banque mondiale élabore une nouvelle stratégie sur la protection sociale et le travail destinée à aider les populations des pays à revenu faible ou intermédiaire.
  • Cette nouvelle stratégie intervient dans un contexte d’instabilité, de pauvreté et d’inégalités croissantes pour les pays clients de la Banque.
  • Elle couvrira une période de dix ans et s'appuiera sur des modèles qui ont fait leurs preuves : filets de protection sociale, transferts conditionnels en espèces.

Le 28 février 2011 – On estime à 210 millions le nombre de personnes sans emploi dans le monde, ce qui correspond au plus haut niveau de chômage jamais enregistré. Douze mois après le tremblement de terre qui a dévasté leur pays, près d'un million de Haïtiens vivent toujours dans des tentes et autres abris temporaires. Les prix alimentaires dépassent les pics de la crise alimentaire de 2007-2008, et une vague de contestation politique balaye le monde arabe.

Alors que l’on assiste à un effritement du soutien familial et des autres filets de protection traditionnels, les populations sont confrontées, partout dans le monde, à une plus grande incertitude. C’est pour mieux protéger les personnes vivant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire contre les risques économiques et sociaux, et pour renforcer leur résilience, que la Banque mondiale élabore une nouvelle stratégie sur la protection sociale et le travail.

La Banque vient d'annoncer le début d’un premier cycle de consultations mondiales sur une stratégie qui va guider, pour les dix années qui viennent, son travail avec les pays et les partenaires du développement dans ce secteur. La nouvelle stratégie place l’existence de programmes d’emploi et de protection sociale efficaces au centre de la mission de développement de la Banque, une mission axée sur la lutte contre la pauvreté et la création d'opportunités.

« Le monde devient plus incertain. Dans ce contexte, notre nouvelle stratégie sur la protection sociale et le travail doit offrir un éventail d'options qui permettent aux gens et à leur famille de gérer l'incertitude et de surmonter les chocs soudains, tels que le chômage ou la maladie », explique Tamar Manuelyan Atinc, Vice-président du Réseau de développement humain de la Banque mondiale, qui abrite le service en charge du secteur protection sociale et travail.

Tamar Manuelyan Atinc précise que le monde change également en termes de composition et d'évolution démographiques. La population vieillit, dans le monde développé comme en Asie de l'Est, en Europe de l'Est et en Asie centrale, mais d'autres régions, comme le Moyen-Orient et l'Asie du Sud, ont une population juvénile nombreuse qui a besoin de bons emplois et d'opportunités pour réussir dans la vie.

Des modèles qui ont fait leurs preuves

La stratégie s'appuiera sur des programmes qui ont fait leurs preuves – filets de protection sociale, transferts conditionnels en espèces, travaux publics pour la création d'emplois –, tout en promouvant des approches et des outils nouveaux et prometteurs.

Des expériences menées en République dominicaine ont par exemple montré que les stages et les formations professionnelles chez les adolescents issus de familles pauvres leur permettaient d’obtenir des emplois mieux payés et de meilleure qualité. En Turquie, des programmes de transferts conditionnels en espèces permettent aux foyers pauvres de couvrir leurs besoins nutritionnels, tout en encourageant la scolarisation des filles et en élargissant le champ de leurs possibles, ce qui favorise aussi, in fine, la reconnaissance de l'égalité des sexes dans ces familles.

Enfin, dans un pays frappé par la famine comme l’Éthiopie, la mise en place d’emplois temporaires dans les travaux publics durant la morte saison permet aux populations d'investir dans la plantation d'arbres plus résistants à la sécheresse.

Une stratégie en quatre axes

Pour le directeur du secteur protection sociale à la Banque mondiale, et responsable de la stratégie, Arup Banerji, les consultations vont se dérouler dans un contexte difficile pour les pays clients de la Banque, alors que beaucoup d’entre eux doivent se débattre avec de multiples difficultés : des évolutions démographiques qui s’amplifient, une instabilité et une intégration croissantes, la persistance de la pauvreté et des inégalités.

« Notre stratégie sur la protection sociale et le travail doit répondre aux différents aspects de ces évolutions démographiques et aider les populations à faire face aux chocs sans compromettre leurs revenus futurs, et en leur permettant au contraire de continuer à investir dans l'éducation et la santé de leurs enfants, et à investir dans leur propre avenir. Le but est de faire en sorte qu’ils puissent tirer avantage du regain de possibilités qu’apportera la reprise économique une fois qu’elle sera là », détaille Arup Bajerji.

Et d’ajouter que la nouvelle stratégie sur la protection sociale et le travail s’articulera autour de quatre axes :

Édifier des systèmes de protection sociale plus efficaces – De nombreux pays font face à la nécessité de mieux identifier et couvrir les bénéficiaires des systèmes de protection sociale, et à l’impératif d'intégrer et d'harmoniser leurs interventions dans ce domaine. Des systèmes de protection sociale mieux intégrés, mieux ciblés, sont essentiels pour en améliorer l'équité et l'efficacité.

Privilégier les pays fragiles et à faible revenu – Ces pays ont besoin de systèmes de protection sociale durables et évolutifs, ce qui implique d’être à la fois innovant et pragmatique. L’objectif est de poser le socle de base des programmes de protection sociale, et d’améliorer et harmoniser les mesures existantes. Il est essentiel d’édifier des systèmes de protection sociale efficaces pour pouvoir traiter les vulnérabilités existantes, développer la résilience et préparer des réponses efficaces aux crises futures.

Placer la création d’opportunités au cœur des programmes de protection sociale – L’existence de programmes de protection sociale bien conçus peut considérablement améliorer les perspectives, l’employabilité et les moyens de subsistance des populations, qui sont autant d’éléments fondamentaux d'une croissance équitable. Des bonnes pratiques apparaissent qui pourront être exploitées par les programmes de protection sociale afin de privilégier la création d’opportunités tout en promouvant la résilience des ménages.

Investir davantage dans la connaissance et le partage des bonnes pratiques et des résultats – Compte tenu des nombreux défis que recouvre la protection sociale, la Banque doit continuer à améliorer sa compréhension de ce qui marche dans les pays à revenu intermédiaire (notamment les nouveaux types de programmes expérimentés dans certaines économies émergentes), tout en approfondissant sa connaissance de ce qui est le mieux adapté aux contextes fragiles et à faible revenu.

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