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RD Congo : Loange, ou comment un simple pont contribue à la baisse des prix alimentaires

09 février 2011


LES POINTS MARQUANTS
  • Pour les habitants des provinces du Bandundu et du Kasaï-Occidental, plus question de passer des jours entiers à traverser la rivière Loange

KINSHASA, 9 février 2011—A l’heure où la hausse des prix des denrées alimentaires suscite des inquiétudes à travers le monde, les résultats préliminaires d'un projet réalisé en République démocratique du Congo montrent comment des investissements ciblés le long de la chaîne de valeur agricole peuvent conduire à une baisse des prix sur les marchés locaux.

Sur la route Nationale n°1, entre les villes de Kikwit au Bandundu et de Tshikapa au Kasaï-Occidental, la traversée de la rivière Loange constituait un vrai casse-tête pour les voyageurs qui empruntaient cette voie. Et en premier lieu pour les commerçants avec leurs véhicules gros tonnage bondés de marchandises. Ils y vivaient un véritable calvaire. A chaque fois en arrivant ici, ils devaient décharger leurs camions pour ne pas courir le risque de faire écrouler le vieux pont qui surplombait la rivière, et les recharger à nouveau une fois de l’autre côté de la rive. « Cette rupture de charge durait deux jours et il leur fallait cinq jours au total pour joindre les deux villes », raconte John Kukulu, coordonnateur du Projet multisectoriel d’urgence de réhabilitation et de reconstruction (PMURR) par lequel le pont a été réhabilité.

Long de 440 m, le tout nouveau pont Loange, baptisé « Pont du cinquantenaire »  parce qu’inauguré au moment où le pays fêtait ses 50 ans d’indépendance, est un vrai défi contre la nature. Il est par sa taille le deuxième plus long ouvrage de ce type, après l’immense pont Maréchal (722 m) qui enjambe le fleuve Congo, de l’autre côté du pays (Ouest) à l’entrée de la ville de Matadi, dans la province du Bas-Congo.

Impacts économiques réels

Plus de gros souci donc, aujourd’hui, pour les véhicules au gros tonnage qui doivent traverser cette rivière frontière entre les deux provinces. Le nouveau pont Loange permet désormais aux voyageurs de joindre les villes économiques de Kikwit et diamantaire de Tshikapa en quelques heures. D’autant plus qu’un autre pont a été jeté au même moment sur la rivière Lovua, que les véhicules devaient avant contourner par un long détour, pour retrouver la Nationale n°1. Pour les commerçants et les familles vivant dans ces régions, ces ponts ont un impact économique réel.

En permettant le désenclavement du Kasaï et de ses zones agricoles, ces ouvrages contribuent à un meilleur approvisionnement des centres urbains qui sont sur l’itinéraire, à leur développement économique ainsi qu’à la baisse du coût des produits vivriers sur les marchés notamment à Kikwit, Tshikapa, Kananga et Mbuji-Mayi. « Un sakombi de maïs (environ 1 kg) qui coûtait 2 500 francs congolais revient désormais à 1 600 francs du fait de la facilitation du transport », témoigne un habitant de Kikwit.

Faciliter l’intégration régionale

La réhabilitation de cet ouvrage entre dans le cadre du Projet multisectoriel d’urgence de réhabilitation et de reconstruction (PMURR), financé par la Banque mondiale pour un montant global de 700 millions de dollars américains. Monté en 2002 au moment où la RD Congo sortait de la guerre, le PMURR symbolise la réunification du pays.

L’objectif poursuivi par le PMURR, vaste projet qui couvre des secteurs vitaux de l’économie, était d’apporter une réponse aux efforts et stratégies mis en place par le gouvernement, afin de relever les défis qui se posaient au pays, notamment les besoins prioritaires des populations, par la remise en fonction des infrastructures de base.

« Le pont Loange est un facteur très important d’intégration régionale, car non seulement il offre une liaison routière ininterrompue traversant 6 provinces de la RD Congo, mais il permet aussi d’assurer une liaison entre les pays de l’Afrique centrale et ceux de l’Afrique australe et orientale », souligne Christophe Bosch, responsable du département Infrastructures et Développement durable à la représentation de la Banque mondiale à Kinshasa.

Construit en béton armé et en fer dur en l’espace de 18 mois pour un coût total de 36 millions de dollars, l’ouvrage peut supporter jusqu’à 50 tonnes de charge.

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