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La crise financière mondiale a entraîné une chute de la création d'entreprises

12 octobre 2010


LES POINTS MARQUANTS
  • La Banque mondiale publie la plus grande enquête mondiale sur l'immatriculation de nouvelles entreprises.
  • Les nouvelles immatriculations ont augmenté dans les pays ayant un régime juridique et réglementaire stable, des procédures administratives simples et un faible impôt sur les sociétés.
  • La création d'entreprises a diminué dans presque tous les pays pendant la crise, mais davantage dans les pays financièrement plus développés et plus gravement touchés par la crise.

Le 12 octobre 2010 – La création d’entreprises a fortement chuté dans les pays riches du fait de la crise financière mondiale mais elle est restée relativement stable dans de nombreux pays à faible revenu, selon une nouvelle enquête réalisée par la Banque mondiale.

L’édition 2010 des Entrepreneurship Snapshots produits par le Groupe de la Banque mondiale indique que les tendances enregistrées en 2008-2009 ont été déterminées par la crise financière mondiale, laquelle a commencé dans les pays développés et les a plus durement affectés. En particulier, les pays qui ont été touchés de plein fouet par la crise ont connu une baisse plus sévère du nombre d’inscriptions au registre du commerce. En Nouvelle-Zélande, par exemple, 47 897 nouvelles entreprises ont été immatriculées en 2009, soit une baisse de 35 % par rapport à 2007 et ses 74 247 immatriculations. La Bulgarie et la Lituanie ont également connu des baisses massives.

En revanche, les créations d’entreprises ont tenu bon dans de nombreux pays à faible revenu, où la crise a été moins fortement ressentie. Cette situation s’explique principalement par le fait que ces pays ont généralement un taux de création d'entreprises moins élevé et que par conséquent les chocs économiques tendent à y exercer une influence plus limitée. Certains pays ont par ailleurs récemment introduit de nouvelles mesures visant à moderniser l’inscription au registre du commerce, ce qui a aussi contribué à la bonne tendance. Par exemple, au Burkina Faso, pays enclavé d’Afrique de l'Ouest, les immatriculations de nouvelles sociétés sont passées de 581 en 2007 à 610 en 2009 à la suite de l’instauration d’un guichet unique d'immatriculation. La baisse des inscriptions a aussi été évitée au Brésil et au Maroc.

« Nous apportons les premières preuves d’une chute rapide et marquée du nombre de nouvelles immatriculations de sociétés à responsabilité limité à la suite de la récente crise financière », explique Leora F. Klapper, qui a co-rédigé le rapport avec Inessa Love, toutes deux économistes seniors au sein du Groupe de recherche sur le développement de la Banque mondiale. « Les résultats montrent également que la création d’entreprises est favorisée dans les pays où les formalités administratives sont réduites et le climat d'investissement stable. »

Ce rapport est important parce que les données de recensement aux États-Unis, entre autres, ont montré que les nouvelles entreprises sont une source considérable de création d'emplois bruts et nets. « Alors que les pays se battent pour stimuler la création d'emplois après la crise financière, il est plus important que jamais de disposer d’un régime juridique et réglementaire stable, d’une réglementation du travail flexible, d’un impôt sur les sociétés faible et de procédures administratives moins lourdes », explique Asli Demirguc-Kunt, directeur de recherche senior au sein du Groupe de recherche sur le développement de la Banque mondiale et économiste en chef du réseau Finances et développement du secteur privé. « La création d'entreprises peut rester vigoureuse malgré les mauvaises conditions macroéconomiques. »

Le rapport, qui s’accompagne d’une base de données consultable, s’appuie sur les données de 112 pays, issues principalement des statistiques provenant directement des registres nationaux. L'enquête, qui est menée tous les deux ans depuis 2004, est financée par la Fondation Ewing Marion Kauffman.

Mais attention, l'enquête ne couvre que le secteur formel, alors que les entreprises informelles constituent une part importante de l'économie dans les pays moins développés. En outre, elle se concentre sur les entreprises à responsabilité limitée, et non sur les partenariats et les entreprises individuelles, dont les définitions et la réglementation varient à travers le monde.

Les graphiques du rapport 2010 montrent comment la crise financière a affecté la création d’entreprises. Les immatriculations de nouvelles sociétés ont augmenté progressivement de 2000 à 2007, puis la tendance s'est inversée au début de la crise, en 2008. La création d’entreprises a ralenti, en premier lieu dans les pays développés, puis dans le reste du monde lorsque la crise s'est propagée. Dans la plupart des pays à revenu faible et intermédiaire, le nombre des immatriculations de sociétés a baissé pour la première fois en 2009. À partir de là, peu de pays ont été épargnés.

Les données montrent que les pays dont le PIB par habitant est le plus élevé ont connu une plus forte baisse. L’état de développement des marchés financiers représente cependant un indicateur encore plus significatif : les pays dont les marchés financiers constituent une part plus importante de l'économie nationale ont subi une baisse plus importante des immatriculations de sociétés au cours de la crise.

Un tel effet est probablement dû au fait que, plus la finance joue un rôle important dans l'économie, plus la baisse des financements tend à avoir un fort impact sur les jeunes entreprises. Mais ces pays partent aussi avec un nombre plus grand de créations d'entreprises, principalement parce que l'accès au financement facilite le démarrage d'une société. À long terme, selon les auteurs, le développement financier offre plus d'avantages que de risques pour la création d'entreprises.

De fait, les pays développés « créent » davantage d'entreprises. Chaque année, quatre nouvelles entreprises pour 1 000 actifs sont en moyenne immatriculées dans les pays industrialisés, contre moins d'une dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

Et, pour finir, quels sont les facteurs favorisant la création d'entreprise ? Le rapport cite la bonne gouvernance, l'environnement juridique et réglementaire et la réduction des formalités administratives. Par exemple, le rythme des nouvelles immatriculations a été le plus rapide là où le coût de démarrage d'une entreprise est le plus bas.

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