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Croissance et institutions durables: les bases d’un futur État palestinien

21 septembre 2010


Rapport de suivi économique au comité de liaison ad hoc - 21 septembre 2010.

Septembre 2010 – La viabilité d’un futur État palestinien dépendra de la solidité de ses institutions, ainsi que de sa capacité à assurer une croissance économique durable.

Si l’Autorité palestinienne (AP) conserve ses performances actuelles dans les domaines du renforcement des institutions et de la prestation des services publics, elle est bien placée pour parvenir à établir un État palestinien dans un futur proche.

La mise en œuvre du calendrier de réformes de l’Autorité palestinienne a connu une accélération significative au cours du premier semestre 2010. Les dépenses ont été circonscrites aux plafonds budgétaires tandis que l’amélioration des taux de recouvrement s’est traduite par une augmentation des recettes fiscales supérieure aux prévisions : au premier semestre 2010, celles-ci ont dépassé de presque 15 % les prévisions budgétaires et sont supérieures de 50% à celles enregistrées au premier semestre 2009.

Les progrès accomplis dans le cadre des principales réformes ont permis de renforcer la situation budgétaire de l’Autorité palestinienne. Ils comprennent : (a) la fusion des programmes de filets de protection sociale financés par l’Union européenne et la Banque mondiale au sein d’un Programme national palestinien de transferts monétaires ; (b) l’approbation d’un plan d’actions pour la réforme du régime public des retraites ; (c) la réduction des subventions implicites des services d’électricité grâce au démarrage des activités de l’organisme de réglementation et de la compagnie de distribution du nord de la Cisjordanie ; et (d) l’amélioration considérable des systèmes de gestion des ressources publiques.

L’économie cisjordanienne a poursuivi sa croissance au cours du premier semestre 2010 et le taux de croissance réel, combiné à celui de la bande de Gaza, devrait atteindre les 8 % prévus pour cette année. Cette progression de l’activité économique peut être en partie attribuée à une amélioration de la confiance chez les investisseurs et à l’assouplissement partiel des restrictions imposées par le gouvernement israélien. Le principal moteur de la croissance reste toutefois l’aide financière extérieure.

Des données empiriques laissent entrevoir une reprise positive des investissements dans un certain nombre de secteurs. Les responsables de banques et les gestionnaires de programmes de prêts indiquent être contactés par un nombre croissant d’entrepreneurs cherchant des financements pour des projets à long terme. Entre 2008 et 2009, le nombre de nouvelles entreprises enregistrées a bondi de plus de 38 %, tandis que le volume de capitaux déclarés a plus que doublé sur la même période. Les résultats encourageants du premier semestre 2010 indiquent une poursuite de la tendance observée en 2009.

Ces signes ne s’inscrivent cependant pas dans une croissance économique durable en Cisjordanie et à Gaza. Il faut encore faire considérablement évoluer l’environnement politique pour pouvoir augmenter les investissements privés, en particulier dans les secteurs productifs, et permettre ainsi à l’Autorité palestinienne de réduire sa dépendance vis-à-vis de l’aide extérieure.

Les nombreux obstacles qui se posent au développement de l’investissement privé en Cisjordanie sont étroitement liés aux restrictions maintenues par le gouvernement israélien : (a) l’accès à la majeure partie des terres et de l’eau du territoire (Zone C) est fortement restreint ; (b) le marché lucratif de Jérusalem-Est n’est pas accessible ; (c) l’entrée et le séjour des investisseurs en Israël et en Cisjordanie sont soumis à des contingences imprévisibles ; enfin (d) de nombreuses matières premières essentielles pour les secteurs productifs sont considérées par les autorités israéliennes comme potentiellement « à double usage » (civil et militaire) et leur importation est freinée par des procédures complexes générant des retards et des surcoûts importants.

Il est encore trop tôt pour savoir si l’assouplissement récent du blocus de Gaza a permis de redonner vie à une économie devenue moribonde. Dans tous les cas de figure, son effet sur le secteur privé sera limité tant que l’embargo sur les exportations ne sera pas levé.

Malgré les bons résultats qu’elle a obtenus dans la gestion des finances publiques et la maîtrise des dépenses, l’Autorité palestinienne fait face à des prévisions de financement des bailleurs de fonds indiquant un manque à gagner qui pourrait atteindre 300 à 400 millions de dollars d’ici la fin de l’année.

Si aucune action n’est entreprise dans un avenir proche pour lever les obstacles qui entravent le développement du secteur privé et empêchent une croissance durable, l’Autorité palestinienne restera dépendante de l’aide des bailleurs de fonds, et ses institutions, aussi solides soient-elles, ne seront pas en mesure de constituer les fondements d’un État viable.


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