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Les échanges commerciaux : une voie prometteuse pour sortir de la pauvreté

17 septembre 2010


LES POINTS MARQUANTS
  • La crise financière internationale vient souligner la nécessité d’aider les pays les plus pauvres à renforcer leurs liens avec les marchés internationaux et régionaux.
  • L’aide à la facilitation des échanges est dirigée vers les pays les moins développés, où l’absence d’un système de transport de qualité.
  • Ce type d’aide comprend le financement d'infrastructures logistiques et de transport, une assistance aux entreprises pour qu’elles se conforment aux normes de production.

Le 17 septembre 2010 – Le commerce international est considéré comme un facteur de croissance et comme un vecteur de la réduction de la pauvreté. La reprise des échanges aide les pays à sortir de la profonde récession dans laquelle la crise financière les a plongés.

Cette crise est venue rappeler la nécessité d'aider les pays les plus pauvres à mieux s'intégrer aux marchés internationaux et régionaux, soulignent Bernard Hoekman et John S. Wilson, économistes à la Banque mondiale.

« Les échanges commerciaux peuvent avoir un rôle de poids pour aider les pays à surmonter le choc de la crise », précise M. Hoekman, directeur de la branche Commerce au sein de la vice-présidence Lutte contre la pauvreté et gestion économique de la Banque mondiale.

« Dans le contexte actuel de l’après-crise – marqué par une reprise économique fragile – l'aide destinée au commerce revêt une importance accrue. Avec la reprise de l'activité économique et de la demande, les consommateurs et les entreprises dans les pays importateurs risquent d'être encore plus attentifs qu'auparavant aux prix des biens et services qu'ils achètent. C’est pourquoi il est vraiment important de soutenir les mesures destinées à améliorer la compétitivité des pays désavantagés par la faiblesse de leurs capacités commerciales. »

L'aide à la facilitation des échanges concerne les pays les moins développés, où l’absence de routes et de systèmes de transport de qualité entraine un accroissement des coûts, des délais et des difficultés d'exportation et d'importation. Compte tenu des barrières tarifaires et non tarifaires, auxquelles s’ajoutent d'autres coûts, notamment ceux liés à la corruption, ces pays ont du mal à être compétitifs sur la scène économique mondiale, voire à l’échelle de leur région.

Sur les 49 pays identifiés comme les moins développés par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), 31 sont enclavés. Il s’agit d’un facteur géographique qui pèse sur le coût des échanges commerciaux et rend les pays dépendants des conditions logistiques hors de leurs frontières. L’IDA, le fonds de la Banque mondiale destiné aux pays les plus pauvres, leur offre une assistance sous la forme de dons et de crédits sans intérêt.

Quinze pays enclavés sont situés en Afrique, où l'on estime que la crise a entraîné entre 7 et 10 millions de personnes de plus dans la pauvreté.

Le commerce, pivot des autres objectifs de développement pour le Millénaire (ODM)

Aussi l'aide en faveur des échanges, ainsi que la meilleure intégration des pays en développement dans le commerce mondial, sont-elles au cœur de l’objectif de développement pour le Millénaire n° 8 : mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

« Le commerce a toujours constitué un moteur fondamental du développement économique mondial, de la croissance du PIB et du transfert d'information », rappelle M. Wilson, économiste principal pour le commerce et l'intégration internationale au sein du Groupe de recherche sur le développement de la Banque mondiale.

« Le commerce contribue à lier – dans le bon sens du terme – les différents acteurs de la communauté internationale. Si l’on ne donne pas aux échanges commerciaux les moyens d’exploiter leur potentiel, il va être plus difficile d'atteindre les ODM qui concernent la santé, la nutrition et l'éducation, entre autres. Les investissements réalisés par la communauté des bailleurs de fonds dans ces domaines seraient beaucoup moins efficaces et leur retour bien moindre en l’absence d'un système commercial international ouvert et dynamique. »

L'accès au marché des pays en développement s'est amélioré au cours des dix dernières années : 79 % des produits qu’ils exportent dans les économies développées bénéficient désormais d’un accès en franchise de droits, contre 55 % en 1997.

L'aide à la facilitation des échanges est en partie destinée à aider les pays les moins développés à tirer le meilleur parti de ces opportunités. Celle fournie par les pays membres de l’Organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE) s’est élevée à environ 119 milliards de dollars en 2009.

L’ aide au commerce concerne le financement d'infrastructures logistiques et de transport, l’assistance aux entreprises pour qu’elles se conforment aux normes de production internationales, le renforcement des compétences en matière de gestion des frontières et la mise en place de projets visant à relier les producteurs ruraux aux marchés.

« Plus de 90 % de la totalité des engagements pour l’aide au commerce est cependant orienté vers le développement des infrastructures et des échanges commerciaux », précise M. Wilson « Nous devons être attentifs à ce que les engagements soient respectés et utilisés en faveur de projets concrets sur le terrain – et aussi nous occuper de la part relativement modeste des financements destinés aux réformes politiques et réglementaires. »

L'aide en faveur du commerce accompagne également les travailleurs, producteurs et communautés lorsqu’ils doivent s'adapter aux évolutions des politiques commerciales ou des termes de l’échange, comme dans le cas par exemple d’un programme de préférences commerciales.

Des réformes très profitables

Une étude récente de la Banque mondiale (a) montre que l’aide destinée aux réformes politiques et réglementaires, même si elle est relativement modeste, permet d'augmenter considérablement les flux commerciaux. De fait, comme le précise M. Wilson, un dollar investi dans ce type d'aide se traduit par une hausse des échanges se chiffrant à environ 697 dollars.

Pour M. Wilson, « ces résultats suggèrent que la croissance économique pourrait être efficacement stimulée grâce à un programme de mesures d’aide au commerce ciblé et axé sur la réduction des coûts commerciaux, c’est-à-dire des réformes politiques et réglementaires. Cela compléterait les investissement importants qui ont été réalisés dans le domaine des infrastructures. »

Ces réformes peuvent par exemple consister à modifier la réglementation pour autoriser la concurrence dans le secteur du transport routier, à rationaliser les services d'import/export aux frontières ou encore à supprimer les barrières techniques pour le commerce des biens et des produits agricoles.

Au cours de l’exercice 2010, le Groupe de la Banque mondiale a engagé 1,8 milliard de dollars – soit trois fois plus que pour l’exercice 2003 – dans des prêts à l’appui du commerce visant à aider les pays en développement à atteindre leurs objectifs en matière de réforme commerciale.

M. Wilson souligne par ailleurs le rôle que peuvent jouer les partenariats public-privé, le secteur privé représentant une source potentielle de connaissances, de capitaux et d’informations.

La Banque travaille en collaboration avec de nombreux partenaires et associations commerciales afin d'améliorer la logistique commerciale et la gestion des frontières, en complément des investissements dans les infrastructures. Elle étudie également de nouveaux moyens de tirer parti de l'expertise du secteur privé dans la production de données sur les performances commerciales en temps réel susceptibles d’encourager les réformes de facilitation du commerce.

Ces mesures, associées au succès du cycle de négociations de Doha de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), pourraient accélérer la transition vers un système commercial ouvert, prévisible et non discriminatoire, note M. Wilson.

« Les échanges commerciaux sont directement liés à la réduction de la pauvreté et aux efforts pour aider les populations à en sortir. Si on fait le bilan des 30 ou 40 dernières années, on constate que le premier moteur de réduction de la pauvreté a été l'ouverture du commerce, notamment aux nations les moins développées. »

« Si l’on se projette vers les ODM, je crois que nous pouvons nous appuyer sur le travail accompli ces dernières décennies pour nous améliorer et faire preuve de plus de rapidité et d’efficacité dans l’aide que nous apportons aux pays les moins développés pour qu’ils puissent accéder aux marchés mondiaux. »

Pays enclavés : un défi pour la croissance

Les pays enclavés sont répartis à travers le monde : 15 d'entre eux se trouvent en Afrique, 12 en Asie, 2 en Amérique latine et 2 en Europe centrale et orientale. Considérés dans leur ensemble, ils comptent parmi les pays les plus défavorisés du monde. Ils doivent faire face à de nombreux défis en termes de croissance et de développement, dus à différents facteurs :

  • la mauvaise qualité des infrastructures matérielles
  • de faibles capacités institutionnelles et productives
  • des marchés intérieurs réduits
  • l'éloignement des marchés mondiaux
  • une vulnérabilité importante aux chocs extérieurs.

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