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Côte d'Ivoire : La relance économique passe par une revitalisation des petites et moyennes entreprises

01 septembre 2010


LES POINTS MARQUANTS
  • Le Banque mondiale a accordé un don à la Côte d’Ivoire dans le but de favoriser la croissance des PME/PMI, qui à elles seules emploient 23% de la population active
  • Le développement du secteur privé est l’un des quatre piliers de la nouvelle stratégie de partenariat entre la Banque et l’État ivoirien
  • Le don permettra de relancer un millier de PME/PMI et créer ou maintenir au moins 10.000 emplois sur les quatre prochaines années

ABIDJAN, 31 août 2010—Autrefois fleuron de l’économie ouest-africaine, représentant 40% de l’activité économique de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), la Côte d’Ivoire sort peu à peu d’une longue crise politique.

Le processus de sortie de crise en cours dans le pays fait nourrir de gros espoirs sur une reprise rapide de la place jadis occupée par les entreprises ivoiriennes au sein de l’espace UEMOA. Or cette reprise ne saurait se matérialiser sans mettre l’accent sur les petites et moyennes entreprises, véritable poumon de l’économie ivoirienne.

Selon les estimations, le secteur privé ivoirien est dominé par les PME/PMI, les micro-entreprises, ainsi qu’un vaste secteur informel. Même s’il est difficile d’établir des données précises, on estime à environ 18% la contribution des PME/PMI au produit intérieur brut (PIB) de la Côte d’Ivoire, où ensemble elles génèrent quelque 23% des emplois formels.

Or 35% des entreprises ivoiriennes auraient disparu à cause de la crise sociopolitique. Au climat d’incertitude engendré par cette dernière s’ajoutent le manque d’accès au crédit et le racket, qui constitue une manne d’environ 220 millions de dollars (près de 150 milliards de Francs CFA) pour ceux qui le pratiquent, causant des manques à gagner importants pour l’économie nationale. Il y a aussi cette position peu honorable qu’occupe la Côte d’Ivoire dans le classement Doing Business, qui mesure la facilité à faire des affaires dans un État. Pour l’année 2010, la Côte d’Ivoire occupe le 168e rang sur 183 pays examinés.

C’est depuis 2008 que l’idée d’un appui substantiel à la pépinière de jeunes entreprises ivoiriennes lourdement affectées par le blocage politique de ces 10 dernières années a pris corps, à la faveur du réengagement de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire. En Octobre 2009, le Conseil d’administration de la Banque donne son accord pour un don de 15 millions de dollars, soit 7,5 milliards de F CFA. Quelques semaines plus tard, au forum Doing Business organisé dans la capitale Abidjan, un accord de rétrocession du don par l’Etat de Côte d’Ivoire à une entité représentant le secteur privé est signé. L’Association pour la promotion des exportations de Côte d’Ivoire (APEX-CI) est choisie pour piloter ce projet qui va s’étaler sur une période de quatre ans.

Une ambition à la mesure de l’espoir, mais aussi d’énormes défis à relever

C’est le 21 juillet dernier qu’a eu lieu le lancement officiel du Programme de revitalisation et de gouvernance des entreprises (PARE/PME), en présence des représentants de la Banque mondiale, du gouvernement ivoirien, du secteur privé et des services clés de l’administration nationale. L’objectif du PARE/PME est de contribuer au rehaussement de la performance des PME/PMI, ainsi qu’à l’amélioration de l’environnement des affaires. Le programme est divisé en trois composantes : fourniture de services financiers et non-financiers en vue de renforcer les capacités des petites entreprises existantes, l’amélioration du cadre des affaires, et l’apport d’un appui institutionnel en vue de l’aboutissement des objectifs visés.

Le PARE/PME s’inscrit dans le cadre d’une vaste approche visant à booster le secteur privé ivoirien. Pour Madani M. Tall, Directeur des Operations de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire, si le la Banque mondiale a décidé de consacrer l’un des quatre piliers de sa nouvelle stratégie dans le pays au développement du secteur privé, c’est qu’il y a de l’espoir que le pays renoue avec la prospérité économique. « La Côte d’Ivoire a de réelles potentialités qui lui permettent non seulement de retrouver le cap, mais de le garder », a-t-il souligné.

Guy Mbengue, Coordonateur du projet et Directeur général de l’APEX-CI, estime pouvoir revitaliser au moins 1000 PME et créer ou maintenir au moins 10.000 emplois sur les quatre prochaines années. Tout un programme.

« Politiciens, il faut quitter dans ça ! »

Le Ministre de l’Industrie et de la Promotion des PME, Dosso Moussa, partage l’optimisme de l’APEX-CI. Il note cependant que les matières premières agricoles de la Côte d'Ivoire ne sont que très faiblement transformées, ce qui constitue à la fois des défis et des opportunités. Le cas du cacao est éloquent, avec à peine 1% de sa production transformée, alors que le pays en est le premier producteur mondial, aux alentours de 1,2 million de tonnes par an. Il ya aussi le café et la noix de cajou dont le taux de production transformée se situe en dessous de 10%.

Fort de ce constat, la Banque mondiale a présenté aux autorités trois rapports portant sur la transformation du bois, la transformation locale des produits agricoles, les transports et la facilitation des échanges. Ces rapports s’inscrivent dans un cadre de partenariat plus vaste qui a permis à la Côte d’Ivoire de bénéficier d’importants prêts et dons depuis le retour de la Banque il y a un peu plus de deux ans. Mais ces efforts, s’ils ne sont pas soutenus par des signaux très forts de l’ensemble de la classe politique ivoirienne toute tendances confondues, seront vains.

Cette fois, l’appel pour une Côte d’Ivoire politiquement et socialement apaisée n’est pas venu uniquement des partenaires extérieurs. Jean Kacou Diagou, Président de la Confédération Générale des Entreprises de Côte d'Ivoire, dit avoir parlé avec son cœur en lançant cette phrase : « Politiciens, il faut quitter dans ça ! », en référence au parler de l’Ivoirien ordinaire qui souhaite en finir avec une situation de blocage dommageable pour tout le monde.


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