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Les pays en développement accentuent leurs efforts face au changement climatique

18 mai 2010


Au Bangladesh, plus d'un million de foyers n’ayant pas accès à l'électricité sont désormais équipés de panneaux solaires grâce à un projet de la Banque mondiale d'un montant de 130 millions de dollars. Dans les régions rurales des pays en développement, la Société financière internationale (IFC) a récemment lancé le Mécanisme mondial d'assurance basé sur un indice. Il permettra d’aider les agriculteurs à obtenir l’assurance dont ils ont besoin en vue de se protéger contre les catastrophes climatiques qui peuvent détruire les récoltes et par conséquent les moyens de subsistance. Ce mécanisme de l'IFC se concentre sur les marchés émergents tels l’Afrique subsaharienne où les agriculteurs représentent 60 % de la population active mais n'ont pas la possibilité pour la plupart d'assurer leurs récoltes. Le Bangladesh ainsi que plusieurs pays d’Afrique cherchent des solutions pour pallier au changement climatique, dans le cadre de leur politique de développement.

Il ressort des nombreuses études sur le changement climatique que ce sont les pays les plus pauvres et les plus vulnérables qui souffriront le plus de ses effets (augmentation des sècheresses et des inondations, élévation du niveau de la mer et conditions météorologiques imprévisibles et dysfonctionnelles). Ces avertissements ont trouvé un écho. Au cours de l’année passée, les pays en développement ont été de plus en plus actifs dans la lutte contre le changement climatique.

Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale, malgré la crise financière mondiale et le ralentissement économique qui en résulte, les pays en développement ont l'année dernière plus que jamais sollicité le Groupe de la Banque mondiale pour que celui-ci soutienne leurs efforts liés au développement et au changement climatique, envisagés comme deux défis connexes. Publié hier, le Rapport de progrès du cadre stratégique pour le développement et le changement climatique éclaire sur l'intervention croissante du Groupe de la Banque mondiale pour répondre à ces demandes. Il s'agit d'un rapport provisoire basé sur la stratégie de l'année 2008, qui oriente l'action du Groupe dans ce domaine pour les exercices 2009 à 2011.


« ... [Le] travail analytique [entrepris] a contribué à mieux comprendre quels étaient les risques potentiels du changement climatique pour les pays les plus pauvres et les plus vulnérables ... »

Warren Evans

Directeur du dépar-tement pour l'environnement à la Banque mondiale

Les pays en développement demandent différents modes d'assistance, notamment pour mieux résister aux effets du changement climatique, développer les mécanismes d'adaptation, les technologies propres et l'efficacité énergétique ainsi que pour financer les énergies renouvelables. La région Amérique latine et Caraïbes a, à elle seule, ajouté 180 activités au portefeuille de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), avec des co-bénéfices d'adaptation et d'atténuation s'élevant à plus de 7,3 milliards de dollars.

« En collaboration avec des partenaires, nous avons également entrepris un travail analytique qui a contribué à mieux comprendre quels étaient les risques potentiels du changement climatique pour les pays les plus pauvres et les plus vulnérables et de quelle façon la Banque mondiale et les autres organismes d'aide au développement pouvaient aider ces pays à renforcer leur résistance face à ce phénomène dans leur processus de développement », a déclaré Warren Evans, directeur du département pour l'environnement à la Banque mondiale.

Faire de cet aspect un enjeu du développement apparaît comme un élément clé de la réduction de la pauvreté et de la croissance économique en Afrique subsaharienne. Des initiatives pour prévenir le risque accru de sécheresse en Éthiopie (deuxième phase de 175 millions de dollars) à la gestion renforce rapidement ses efforts pour s'attaquer aux défis du développement en tenant compte de l'évolution climatique.

Toga Gayewea McIntosh, directeur de la Banque mondiale en charge d’un certain nombre de pays africains dont le Botswana, l'Afrique du Sud et le Kenya a déclaré que « l'incertitude persistante sur l'avenir de la politique climatique mondiale et les mécanismes de financement représente un défi majeur [...] dans le cas de l'Afrique, la faiblesse des capacités et les ressources limitées rendent les défis bien plus complexes et l'aide doit donc être largement renforcée. C'est là que l'IDA 16 pourrait jouer un rôle majeur. »

L'incertitude persistante sur l'avenir de la politique climatique mondiale et les mécanismes de financement représente un défi majeur...

-Toga Gayewea McIntosh, directeur de la Banque mondiale en charge de plusieurs pays africains.

« Le changement climatique renforce le problème du développement, surtout dans les pays les plus pauvres » indique Katherine Sierra, vice-présidente pour le développement durable à la Banque mondiale. « Des programmes visant à réduire les risques liés au changement climatique (et à favoriser l'adaptation) à la mobilisation de près d' 1 milliard de dollars en faveur du Programme pilote pour renforcer la résistance au changement climatique, nous avons augmenté considérablement la capacité du Groupe de la Banque mondiale. Celui-ci collabore avec d'autres banques multilatérales de développement, les Nations unies, les organismes bilatéraux, la société civile et les différents partenaires du secteur privé afin de répondre aux priorités du changement climatique dans de nombreux pays en développement particulièrement vulnérables. »

Pour faire face à une demande croissante, la Banque mondiale a élargi son soutien aux investissements dans des technologies à faible intensité de carbone et dans des projets visant à renforcer la résistance des pays. En partenariat avec les banques multilatérales de développement et les agences des Nations unies, la Banque mondiale aide le Bangladesh, la Bolivie, le Cambodge, le Mozambique, le Népal, le Niger, le Tadjikistan, le Yémen et la Zambie à renforcer leurs mesures d'adaptation par l'intermédiaire du Programme pilote pour renforcer la résistance face au changement climatique, dans le cadre des Fonds d'investissement climatique (CIF).

Le changement clima-tique renforce le problème du développement, surtout dans les pays les plus pauvres.

-Katherine Sierra, vice-présidente pour le développement durable à la Banque mondiale.

En plus de cela, deux programmes régionaux ciblent les petits États insulaires des Caraïbes et du Pacifique Sud. Le Fonds pour les technologies propres géré par le Groupe de la Banque mondiale, dans le cadre des Fonds d’investissement climatique, a approuvé un financement concessionnel de 4,4 milliards de dollars en faveur de 13 plans d'investissement. Ceux-ci devraient mobiliser 36 milliards de dollars de ressources publiques et privées pour financer des activités dans 12 pays, parallèlement à un programme régional concernant le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord qui permettra d'accélérer le développement de l'énergie solaire à concentration.

Intégrer les initiatives liées au changement climatique dans les stratégies de développement : Il est essentiel que les pays en développement prennent en compte le climat dans leurs efforts pour réduire la pauvreté et développer la croissance économique. Plus de 80% des Stratégies d'aide-pays ou de partenariat avec les pays en développement mises en place pendant les premiers mois de l'année fiscale accordaient une place importante à cette problématique.

L'action des pays en développement se traduit également par un nombre croissant d'initiatives concernant la politique et les évolutions institutionnelles nécessaires afin de lutter contre le changement climatique. 6 milliards de dollars ont été consacrés à ces initiatives durant l’année fiscale 2009 et le premier semestre de l'exercice 2010. Cela comprend notamment des prêts à destination du Mexique, du Brésil, de la Turquie, du Maroc et de l'Indonésie. Les pays les plus pauvres, soutenus par l'Association internationale de développement (IDA), ont jusqu'ici sollicité quatre initiatives de ce type.

Promouvoir l'utilisation des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique : l'exercice 2009 a marqué un record absolu, avec un financement de 3,3 milliards de dollars de la Banque mondiale en faveur des énergies renouvelables (ER) et de l'efficacité énergétique (EE). Les nouveaux engagements en faveur de l'ER/ EE ont augmenté de 88%, alors que l'augmentation moyenne annuelle était jusqu'ici de 30%. En Ouganda, le Groupe de la Banque a collaboré avec le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) dans le but de financer un projet d'énergie renouvelable d'un montant de 76 millions de dollars. Les pays clients de l'Association internationale de développement manifestent actuellement leur intérêt pour le Programme de développement des énergies renouvelables dans les pays à faible revenu (SREP), d'un montant de 292 millions de dollars. Le montant des nouveaux engagements de la Société financière internationale (IFC) dédiés aux énergies renouvelables a été multiplié par cinq pendant l'année fiscale 2009, passant de 115 millions à 587 millions de dollars.

« Le changement climatique est une priorité stratégique pour l'IFC, nous augmentons activement l'investissement lié aux questions climatiques dans tous les secteurs de l'économie, et cherchons de nouvelles formes de partenariat afin de tirer parti de toutes les formes de financement » a déclaré Rachel Kyte, vice-présidente des Services consultatifs de l'IFC. « L'année fiscale 2009 a été la première année où plus de 50% (à la fois en nombre et en montants en dollars) des projets énergétiques de l'IFC portaient sur les énergies renouvelables, et cette proportion va continuer à augmenter. »

Le changement climatique est une priorité stratégique pour l'IFC, nous augmentons activement l'investissement lié aux questions climatiques dans tous les secteurs de l'économie...

-Rachel Kyte, vice-présidente des Services consultatifs de l'IFC.

Impliquer le secteur privé est un élément clé d'un développement intelligent à long terme, prenant en compte la problématique du climat. L'IDA s'appuie sur toute une gamme d'instruments pour y arriver. Par exemple, la garantie partielle de risque de l'IDA d'un montant de 400 millions de dollars jumelée à un crédit de l'IDA de 200 millions de dollars pour le Projet d'amélioration de l'approvisionnement en électricité et en gaz au Nigeria contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre grâce à l'utilisation d'une production plus propre.

Les forêts, un aspect important de la problématique climatique pour les pays en développement : La gestion des forêts représente une opportunité pour les pays tropicaux et subtropicaux de contribuer à la réduction des émissions mondiales, tout en améliorant les moyens de subsistance. Les 558 millions de dollars du programme d’investissement pour la forêt (FIP) - dans le cadre des CIF - faciliteront les efforts des pays en développement pour réduire la déforestation et la dégradation des forêts. Ils permettront aussi de promouvoir une gestion durable, avec pour effet une réduction des émissions et une préservation des réservoirs de carbone (Programme sur la réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts dans les pays en développement (REDD+)). Ce programme complète le Fonds de partenariat pour le carbone forestier (FCPF), qui regroupe 37 pays tropicaux et subtropicaux. Le Fonds de partenariat pour le carbone forestier a mobilisé 160 millions de dollars en faveur du renforcement des capacités et de paiements basés sur les performances afin de tester des projets.

Pour répondre aux priorités de ses clients, la Banque mondiale a renforcé les liens opérationnels entre l'adaptation au climat et la gestion des risques de catastrophes. Le Fonds mondial pour la prévention des catastrophes et la reconstruction (GFDRR) sert de centre de connaissances et de catalyseur pour promouvoir l'intégration de la gestion des risques de catastrophes dans les actions de développement de la Banque mondiale. En tant que telle, l'adaptation au changement climatique est une partie intégrante de la mission du GFDRR et de son plan d'action, qui comprend l'intégration de la réduction des risques de catastrophes et l'adaptation au changement climatique dans les stratégies et les opérations de développement, en soutenant la mise en œuvre, initiée et gérée par les pays, de principes solides de gestion des risques. La réduction des risques de catastrophes constitue la première ligne de défense dans l'adaptation au changement climatique et, par conséquent, le GFDRR a financé des programmes de réduction des risques qui renforcent les capacités d'adaptation dans ses 20 pays prioritaires. Le GFDRR a aussi facilité le développement des approches intégrées et la mise en œuvre coordonnée de la réduction des risques de catastrophe au niveau national ainsi que des interventions d’adaptation au changement climatique.

Pour l'année fiscale 2009, 12 projets du Fonds mondial pour la prévention des catastrophes et la reconstruction (GFDRR), d’un montant de 4 millions de dollars, se sont concentrés sur les questions d'adaptation au changement climatique dans le monde et plus particulièrement en Afrique, en Asie de l’Est, dans les pays du Pacifique, en Amérique latine, dans les Caraïbes, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Asie du Sud.

Les pays développés doivent s'assurer que ceux-ci répondent aux besoins des pays en développement...

-Kseniya Lvovsky, directeur de programme, qui a dirigé l'équipe de la Banque mondiale.
 

« Notre expérience montre que les pays en développement mettent l’accent sur les questions liées au changement climatique. Toutefois, les financements demeurent très limités. Les pays développés doivent s'assurer que ceux-ci répondent aux besoins des pays en développement », a indiqué Kseniya Lvovsky, directeur de programme, qui a dirigé l'équipe de la Banque mondiale en charge du Rapport de progrès du cadre stratégique pour le développement et le changement climatique.

En décembre 2009, à Copenhague, lors de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique, les pays développés ont envoyé un signal politique fort, en annonçant qu’ils étaient prêts à mobiliser 30 milliards de dollars en ressources « nouvelles et supplémentaires » d'ici 2012 destinées aux pays en développement, avec l'objectif d'atteindre un montant de 100 milliards de dollars par an d'ici 2020. Les mesures immédiates pour faire de ces ressources supplémentaires une réalité, mais aussi pour pallier à l'incertitude qui plane sur les marchés du carbone et d'autres mécanismes de financement futurs, détermineront l'ampleur et la rapidité de la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement.

(a) indique une page en anglais.

 


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