NEW YORK, 31 mars 2010 - Lors d'une conférence des donateurs qui s'est tenue au siège des Nations Unies à New York, la communauté internationale s'est engagée à fournir, au cours des 18 mois à venir, 5,3 milliards de dollars pour le financement de la phase initiale de la reconstruction d'Haïti, comprenant une contribution de la Banque mondiale de 479 millions de dollars.
Ce montant, nettement supérieur aux 3,8 milliards de dollars initialement annoncés par le Programme d'évaluation des besoins post-catastrophe (PDNA), permettra de soutenir les priorités gouvernementales de reconstruction dans les domaines des infrastructures, de la production, de la création d'emplois et du rétablissement complet des systèmes de santé et d'éducation, selon un plan d'action présenté par le premier ministre, Jean Max Bellerive. L'ensemble des donateurs s'est engagé à hauteur de 9,9 milliards de dollars pour l'appui des efforts de reconstruction à long terme de la nation caribéenne.
M. Bellerive a expliqué que le peuple haïtien devait faire face à des « défis exceptionnels » depuis le séisme du 12 janvier, qui emporta plus de 200 000 vies et détruisit un tiers de la capitale Port-au-Prince.
Pour cette raison, a-t-il dit, « nous voulons voir émerger un pays fort et moderne, ainsi qu'une économie compétitive et ouverte, qui répond aux besoins de base de la population ». M. Bellerive a également souligné que son gouvernement souhaitait réduire la vulnérabilité du pays face aux risques de catastrophes et développer des opportunités économiques en dehors de Port-au-Prince.
Réunissant des représentants de 120 nations, la conférence a donné son appui à la création d'une commission de reconstruction dirigée par les donateurs et les Haïtiens, qui aura pour mission de guider les efforts de financement et de construction au cours des 18 prochains mois, après lesquels elle laissera place à une Autorité pour le développement d'Haïti.
Elle a également soutenu la création d'un fonds multi-donateurs supervisé par la Banque mondiale. Tirant parti de son expérience internationale, la Banque jouera le rôle d'agent fiscal afin d'assurer un contrôle fiduciaire solide et de donner l'assurance comptable que les fonds ne seront pas détournés de leurs objectifs, ont expliqué les responsables de la Banque mondiale.
Revenant sur le rôle de la Banque mondiale, son Président, Robert B. Zoellick a précisé qu' « il ne consistait pas seulement à contrôler le montant des fonds levés, mais également à vérifier la réalité des résultats obtenus sur le terrain en faveur du peuple Haïtien, grâce à une bonne gouvernance et à une coopération efficace entre les donateurs ».
M. Zoellick a déclaré que 479 millions de dollars seraient mis à la disposition des efforts de reconstruction et de développement d'Haïti d'ici juin 2011. Le Président de la Banque mondiale a expliqué que cette somme comprenait 250 millions de dollars de nouveaux financements, qui se décomposent comme suit : 151 millions de dollars de subventions, 39 millions de dollars d'annulation de la dette d'Haïti auprès de la Banque mondiale et 60 millions de dollars d'investissements de la Société financière internationale (IFC), l'institution de la Banque mondiale chargée des opérations avec le secteur privé.
M. Zoellick a décrit l'engagement des donateurs internationaux comme une « opportunité de faire les choses différemment en Haïti ». « Lélément essentiel, a-t-il ajouté, réside dans la capacité à allier l'adhésion des Haïtiens avec un partenariat efficace avec les donateurs, couplés à un soutien fort aux projets permettant d'aider efficacement le peuple haïtien ».
Le Secrétaire général des Nations Unie, Ban Ki-Moon, a résumé l'état d'esprit de la conférence en déclarant envisager pour Haïti « un renouveau national général, un vaste travail de reconstruction de la nation, à une échelle et à une envergure inédites depuis des générations ».
Les problèmes se posant à court et moyen terme ont été discutés lors de la conférence des Nations Unies, concernant notamment la nécessité urgente de trouver un abri temporaire aux victimes du séisme vivant actuellement dans des camps exposés aux risques d'inondation. Cette situation, a averti l'envoyé spécial des Nations Unies, Bill Clinton, « pourrait nous amener à nous retrouver avec une nouvelle catastrophe sur les bras ».
Une autre question importante abordée à cette occasion concerne le besoin crucial de soutien au secteur privé, afin de favoriser la création d'emplois.
« Si nous voulons que nos efforts soient durables, nous devons créer des emplois, et il existe de nombreuses possibilités à cet égard, dans l'agriculture, le tourisme ou l'industrie textile, grâce à la loi HOPE II qui a permis le maintien d'environ 20 000 emplois », a expliqué M. Zoellick.
Le PDNA a fixé le coût total des dégâts et des pertes à 7,8 milliards de dollars (soit 120 % du PIB haïtien de 2009).
Le rapport dresse la liste des industries du secteur privé et des infrastructures publiques, telles que le port le la capitale, les plus touchées par le séisme du 12 janvier. Le secteur de la production a subi, à lui seul, des pertes s'élevant à plus de 900 millions de dollars, tandis que le montant des pertes dans le domaine des infrastructures liées au transport est supérieur à 300 millions de dollars, restreignant d'autant plus les capacités de production du pays, selon le document préparé par des experts des Nations Unies, de l'Union européenne, de la Banque interaméricaine de développement et de la Banque mondiale.
(a) indique une page en anglais.