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Rapport économique Russie n °21 : une reprise qui ne profite pas à l'emploi ?

24 mars 2010


Rapport économique sur la Russie n°21 : Une reprise qui ne profite pas à l'emploi ?
La Russie devrait connaître une reprise relativement solide mais bénéficiant peu à l'emploi. Les réformes destinées à moderniser le secteur public, à renforcer le secteur financier, à améliorer le climat d'investissement et à diversifier l'économie ont gagné en importance du fait de la crise.

Moscou, mercredi 24 mars 2010 - La Russie devrait connaître une reprise solide mais n'entraînant que peu de créations d'emplois, selon le 21ème Rapport économique sur la Russie présenté aujourd'hui par la Banque mondiale à Moscou. Les réformes destinées à moderniser le secteur public, à renforcer le secteur financier, à améliorer le climat d'investissement et à diversifier l'économie ont gagné en importance du fait de la crise.

L'économie russe devrait connaître une croissance d'environ 5 à 5,5 % en 2010, puis plus modeste en 2011 (3,5 %), principalement due au regain de la demande intérieure.

Comme dans la plupart des autres pays de la CEI, la création d'emplois sera plus lente que la reprise économique. La proportion des chômeurs de longue durée - sans emploi depuis plus de 12 mois - est passée de 27 à 33 % en 2009. On constate en outre une évolution structurelle du chômage, à savoir que les personnes ayant perdu leur emploi durant la crise continuent à avoir des difficultés à se réinsérer dans la vie professionnelle.

Le nouveau rapport fournit une analyse actualisée des récents développements économiques et des nouvelles politiques mises en place en Russie. Il inclut également des prévisions économiques et sociales pour les années 2010 - 2011 ainsi que des données à prendre en compte pour élaborer les stratégies à l'avenir, en tirant les leçons de la crise.

Bien que considérable, la chute de la production, de l'emploi et du niveau des salaires russes au cours de la "Grande récession" a été moins importante qu'on ne l'a craint au début de la crise, grâce en partie aux réponses politiques mises en œuvre. Bien que la baisse des salaires ait atteint 7,9 %, son impact social a été relativement moindre que prévu, les taux de chômage et la proportion de la population pauvre atteignant respectivement 8,2 et 14 %. Ceci s'explique principalement par la solidité des fondements fiscaux en place avant la crise ainsi que par l'importance de la réponse apportée, qui a représenté 6,9 % du PIB, un niveau qui a aidé à stabiliser le secteur financer, à éviter une crise monétaire et à soutenir la reprise de la production et la remontée des salaires.

« La Russie devrait connaître une reprise relativement solide mais bénéficiant peu à l'emploi en 2010-2011. Cela signifie que - en se basant sur les prévisions mondiales actuelles - une rechute russe est peu probable et la reprise devrait être durable et principalement tirée par la demande intérieure (la consommation et l'investissement) », - souligne Zeljko Bogetic, économiste en chef de la Banque mondiale pour la Russie et principal auteur du rapport.

Selon le 21ème Rapport économique sur la Russie, la crise permet de tirer des leçons importantes pour l'avenir, à savoir :

  • Avoir une politique budgétaire saine avant et durant les crises ;
  • Adopter une vision macro-prudentielle du secteur financier ;
  • Mettre en place des stabilisateurs automatiques plus forts et des filets sociaux de sécurité ciblés ;
  • Rester vigilant après une crise et apporter une réponse à long terme aux problèmes structurels en améliorant le climat d'investissement, en modernisant le secteur public, en renforçant encore plus le secteur financier et en insistant sur la compétitivité et la diversification de l'économie.

Malgré une progression de l'économie mondiale estimée aux alentours de 2,7 % en 2010, et tirée vers le haut par les pays émergents et en développement, la croissance sera plus faible dans les pays à revenu élevé en raison du fort taux de chômage, des conditions de crédit et de la nécessité d'abandonner les mesures de relance budgétaire. Les capitaux affluent de nouveau vers les pays en développement, dont la Russie, sans toutefois atteindre les montants d'avant la crise. Les prix du pétrole devraient être relativement stables, aux alentours de 76-77 dollars le baril en 2010-2011, ce qui est de bon augure pour la stabilité des exportations et des revenus budgétaires russes ainsi que du rouble.

« La politique mise en place par la Russie a aidé le pays à faire face à la crise. L' augmentation des salaires, des retraites et des allocations chômage ont permis d'atténuer son impact sur les classes moyennes et les plus démunis. Toutefois, certains éléments de la réponse politique auraient pu être plus efficaces et moins coûteux s'ils avaient été davantage tournés vers l'infrastructure et vers une aide sociale ciblée, qui semblent plus aptes à promouvoir la création d'emplois », explique Pedro Alba, directeur Pays de la Banque mondiale pour la Russie.


Préparé par une équipe de la Banque mondiale dirigée par Zeljko Bogetic, économiste en chef pour la Russie et coordinateur Pays PREM (réseau de lutte contre la pauvreté et de gestion économique). Les membres principaux de l'équipe RER sont : Sergei Ulatov (économiste), Karlis Smits (économiste), Olga Emelyanova (chargée d'études) et Victor Sulla (économiste). Annette De Kleine et Shane Streifler (économistes) ont contribué à l'encadré consacré à l'environnement international. Sue Rutledge (spécialiste du secteur privé) a préparé l'encadré consacré au secteur financier. La note spéciale sur les migrations a été rédigée par Sudharshan Canagarajah (économiste en chef pour le Tadjikistan), Matin Kholmatov, Karlis Smits et Victor Sulla (économistes).

 


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