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Routes en Haïti: voie de sortie de la pauvreté

23 janvier 2008


WASHINGTON, le 23 janvier 2008.- A première vue, la route qui mène à Dade-Duvivier, une commune perdue dans les collines du sud d’Haïti, n’attire pas l’attention : simple, non revêtue, elle ressemble davantage à une piste qu’à une route.

Mais il suffit d’une conversation avec les populations locales pour comprendre que cette route est leur cordon de sécurité.

Autrefois, cette route était toujours ravinée en saison de pluie, obligeant les populations à rester chez elles. Elle n’est  peut-être pas revêtue aujourd’hui, mais les travaux rudimentaires de réfection effectués l’ont rendue praticable en toutes saisons, tant pour les piétons que pour les véhicules à moteur.

« Grâce à la route, nous pouvons transporter nos produits des champs jusqu’au village », déclare Jean-Albert Chéry, un paysan qui, à l’instar de beaucoup de ses voisins, produit diverses cultures telles que les pois, le petit mil et la banane.

D’autres habitants de Dade-Duvivier affirment que la réfection de cette route a non seulement facilité le transport et les communications, mais a également amené les populations à entreprendre des actions positives telles que la rénovation de leurs maisons.

Les communautés locales prennent les commandes

La réfection de la route de Dade-Duvivier fait partie du Projet de développement mené par les communautés en Haïti (Projet CDD), lequel projet est financé au moyen d’un don de 38 millions de dollars alloué par l’Association internationale de développement, organisme du Groupe de la Banque mondiale qui accorde des financements aux pays les plus pauvres du monde, et par des organisations communautaires locales, à hauteur de 2,3 millions de dollars.

Le projet avait été sélectionné démocratiquement par la population locale et financé par un don de 16 938 de dollars fournie par le projet CDD.

« L’approche qui repose sur le développement à l’initiative des populations permet aux communautés d’Haïti de fixer elles-mêmes leurs priorités  », explique John Currely, Représentant résident de la Fondation panaméricaine de développement (PADF). La PADF est le tout premier organisme qui met en œuvre des projets de développement initiés par les populations et  l’une des organisations impliquées dans le projet de Dade-Duvivier et dans d’autres sous-projets CDD à travers le pays.

Le Gouvernement d’Haïti, la Banque mondiale et les partenaires du projet sont tous unanimes pour reconnaître que la réfection des infrastructures rurales de base, à l’instar des routes, est une priorité dans les efforts d’amélioration des conditions de vie dans le pays.

« Lorsque les routes atteignent un état de délabrement avancé, les communautés les plus pauvres d’Haïti n’ont plus accès aux marchés, ni aux services de base », déclare Garry Charlier, chef d’équipe de la Banque mondiale pour le projet CDD d’Haïti. « Il est essentiel d’améliorer l’état des routes pour mettre fin à l’isolement et à l’exclusion ».

Chute des tarifs du transport

Carrefour Virgile-Bidouze, village situé à environ 80 km de Dade-Duvivier, est une autre communauté qui a choisi d’investir dans la réhabilitation des routes avec l’aide du projet CDD.

Les populations locales dépendent de la piste de raccordement de 12 km qui a été réfectionnée et permet d’avoir accès aux boutiques et aux marchés, et d’atteindre Port-au-Prince, la capitale.

Certains se déplacent à pied, d’autres à moto ou dans les tap-taps caractéristiques d’Haïti (petits camions qui transportent des passagers contre paiement).

« Autrefois, la route était absolument impraticable et si quelqu’un tombait malade il était impossible de le transporter à l’hôpital, surtout que les tarifs imposés par les chauffeurs [de tap-taps] étaient bien trop élevés pour nous », explique Polo Renel, secrétaire de l’association locale qui réalise les travaux du projet de réfection de la route.

« Aujourd’hui, le tarif du tap-tap pour aller jusqu’à l’axe principal a chuté de 100-200 gourdes à 35 gourdes. »

Les usagers de la route ont des suggestions pour parfaire ces travaux de réfection. À titre d'exemple, Pascal Irvot, le propriétaire d’un magasin d’approvisionnement situé en bordure de la route, souhaite que la chaussée soit renforcée par un revêtement d’asphalte.

Réfectionner d’abord les tronçons les plus impraticables

Les problèmes d’infrastructure rurale sont particulièrement aigus dans les régions montagneuses du nord d’Haïti, où les communautés peuvent se retrouver complètement isolées si les voies de desserte ne sont pas bien entretenues.

Une solution que les populations locales ont trouvée réside dans la réfection des tronçons de route les plus impraticables pour permettre aux populations d’atteindre leurs destinations, même si le voyage reste très pénible.

Dans la commune de Carice par exemple, une association locale a réhabilité un tronçon de route vital à l’entrée du village, cette portion était généralement impraticable en saison de pluies.

« Nous avons mis en place tout un système de canaux de drainage et de remblais  », explique Erida Jean Simon, un membre du comité de gestion du projet.

« Aujourd’hui, nous pouvons transporter nos produits en ville, nos enfants peuvent aller à l’école, et les camions peuvent circuler même lorsqu’il pleut. Les populations locales sont heureuses et fières de ce que nous avons pu réaliser. »

Cet article est le deuxième d’une série de reportages multimédias sur le projet de développement mené par les communautés en Haïti.


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