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Appel à l’action en faveur des jeunes du monde entier

16 septembre 2006


16 septembre 2006 - Dans des pays comme le Ghana et la Zambie, près de la moitié des jeunes filles ne savent pas lire une simple phrase même après six années de scolarité. Ce constat illustre l’un des défis majeurs qui se posent aujourd’hui aux dirigeants des pays en développement : assurer une éducation de qualité pour les jeunes.

Selon le Rapport sur le développement dans le monde 2007 publié par la Banque mondiale, les pays en développement doivent investir davantage dans leurs jeunes, faute de quoi ils courent le risque de s’exposer à des tensions sociales et de se laisser distancer économiquement à l’échelle mondiale.

Intitulé Development and the Next Generation (Le développement et la prochaine génération), le rapport de cette année souligne que les pays en développement comptent aujourd’hui plus de 1,3 milliard de jeunes, ce qui constitue un chiffre record. Pour ses auteurs, ce nombre même peut pousser ces pays à la limite de leurs capacités pour les prestations de services et les créations d’emplois, ce qui présente des risques pour eux-mêmes comme pour l’ensemble du monde.

Selon François Bourguignon, économiste en chef de la Banque mondiale, l’énorme effectif que constitue la jeune génération d’aujourd’hui et qui, dans beaucoup de pays, est probablement à un niveau qui ne sera jamais dépassé, « présente une opportunité fantastique pour les pays, du fait qu’ils peuvent investir dans cette jeune génération qui sera responsable du développement futur ».

Mais, ajoute-t-il, « si les gouvernements ne sont pas à même de satisfaire — de combler — les attentes des jeunes, alors il faudra très probablement s’attendre à des tensions sociales dans beaucoup de pays. Et on sait que les tensions sociales ne sont jamais bonnes pour le développement. »

Le rapport souligne que le manque d’éducation de qualité n’est pas le seul obstacle auquel soient confrontés les jeunes à l’heure actuelle. Il mentionne également les problèmes suivants :

  • À l’échelle mondiale, près de la moitié du chômage frappe les jeunes.
  • Les taux de chômage des jeunes sont deux à trois fois supérieurs à ceux des adultes.
  • On situe à 500 000 le nombre de jeunes de moins de 18 ans enrôlés dans des groupes militaires ou paramilitaires.
  • Quelque 300 000 jeunes de moins de 18 ans ont pris part à des conflits armés dans plus de 30 pays à travers le monde.
  • Chaque année, 13 millions de filles âgées de 15 à 19 ans mettent un enfant au monde.
  • Les jeunes représentent près de la moitié des nouvelles infections à VIH recensées.

Mais ce qu’ont aussi découvert les auteurs du rapport, Emmanuel Jimenez et Mamta Murthi, dans le cadre des consultations approfondies qu’ils ont menées auprès des jeunes du monde entier, c’est que les jeunes veulent avoir davantage voix au chapitre en ce qui concerne leur avenir. « Les jeunes avaient souvent le sentiment d’être traités comme des agents de risque, alors qu’ils aimeraient être perçus comme des agents de changement, des agents qui peuvent insuffler énormément d’énergie et d’enthousiasme dans le processus d’édification d’une nation », note Mme Murthi.

Quant aux pays en développement, ils ont, selon M. Jimenez, une occasion seulement limitée de tirer parti de cette abondance sans précédent de jeunes. « Les jeunes accèderont au marché du travail à un moment où ils ont moins de personnes à charge, et cela veut donc dire qu’il y aura plus de personnes à travailler par rapport à celles qui ne travaillent pas », explique-t-il. « Mais cette occasion ne durera qu’environ 40 ans pour beaucoup de pays, car à un certain moment la population vieillira. »

Passant en revue les défis qui se posent aux responsables des pays en développement s’ils veulent investir davantage dans ce nombre record de jeunes, il résume en disant qu’il s’agit pour eux de donner des opportunités, des capacités et des secondes chances aux jeunes. « Ont-ils assez d’opportunités de continuer à apprendre durant leur existence ? Ont-ils la possibilité de donner libre cours au capital humain qu’ils développent sur le marché du travail ?

Deuxièmement, c’est une question de capacité : la capacité de faire un choix parmi ces opportunités, car les jeunes prennent effectivement des décisions quant à la façon dont ils développent leur propre capital humain. Le troisième défi a trait aux secondes chances : dans le cas, pratiquement inévitable, où les jeunes prennent de mauvaises décisions, il faut leur donner une seconde chance », dit-il.

Pour M. Bourguignon, c’est l’éducation qui constitue le premier défi essentiel auquel doivent répondre les dirigeants des pays en développement. « La première chose est de faire en sorte que le processus éducatif soit adéquat, et que les progrès qui ont été accomplis ces dernières décennies au niveau de la scolarité primaire se poursuivent et s’étendent », dit-il.

L’éducation est également décrite par Mme Murthi comme une « énorme barrière » pour beaucoup de jeunes. « Il y a dans le monde 130 millions de jeunes qui ne savent ni lire, ni écrire », fait-elle observer. « Et il y a tout un tas de choses que peuvent faire les gouvernements pour assurer effectivement l’alphabétisation de ces jeunes. »

Selon M. Jimenez, il faut que les pays « élargissent les opportunités au-delà de l’école primaire. Il s’agit en premier de fournir davantage de places scolaires au niveau du secondaire et même du tertiaire. Mais un autre aspect important consiste à s’assurer que le niveau de qualité de ce qui est dispensé est suffisamment élevé pour permettre aux diplômés d’être à même de soutenir la concurrence sur le marché du travail à l’échelle mondiale. »

M. Bourguignon fait quant à lui observer que, sans un certain niveau minimum d’éducation secondaire, il est très difficile aux jeunes d’acquérir les compétences qu’il leur faut pour « mener une bonne existence et aider leur pays à se développer ».

Tout en notant que le monde a certes fait d’énormes progrès pour répondre aux besoins des enfants, Mme Murthi ajoute qu’il lui faut à présent concentrer son attention sur la série de problèmes suivants :

« C’est vrai que des problèmes subsistent, mais les niveaux de scolarisation primaire sont aujourd’hui bien supérieurs à ce qu’ils étaient il y a 30 ans. Plus de 85 % des enfants des pays en développement sont inscrits à l’école primaire. Les enfants ne meurent plus des mêmes maladies infantiles qu’il y a 30 ans. L’espérance de vie a énormément augmenté.

Le monde a ainsi atteint un stade où se pose une deuxième génération de problèmes. Les jeunes vont à l’école, mais est-ce qu’ils apprennent quelque chose à l’école ? Quand ils sortent du primaire, est-ce qu’il y a des places pour eux dans le secondaire ? Est-ce qu’ils trouvent un emploi ?

Les jeunes d’aujourd’hui sont confrontés à des risques sanitaires qui sont tout à fait différents de ceux d’il y a 30 ans : il n’y avait pas de VIH/SIDA. L’objet du rapport consiste donc à concentrer l’attention sur la prochaine génération de problèmes, pour ainsi dire : ceux que le monde doit désormais traiter en priorité. »


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