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Un lent démarrage : des tempêtes tropicales freinent la reprise économique sur la grande île

Dernier numéro: 
  • May 2015


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Anjatiana Rafiarenana / Croix Rouge Malagasy

LES POINTS MARQUANTS
  • La relance économique à Madagascar est entravée par une série de catastrophes naturelles, par les fluctuations monétaires et par un manque de réformes.
  • Des conditions météorologiques extrêmes ont provoqué une hausse du taux de l’inflation, qui a atteint 7,9 % au mois de mars.
  • Point positif, la valeur des exportations a augmenté de 12 %, grâce à l’augmentation du volume d’exportation de nickel et de cobalt.

ANTANANARIVO, le 24 juin 2015 — Le bureau de la Banque mondiale à Madagascar vient de publier sa note de situation économique du deuxième trimestre 2015.  Le nouveau rapport révèle une lente reprise économique comme en témoigne la baisse des créations d’entreprise, de la création d’emploi et de la consommation de produits pétroliers. Des conditions météorologiques extrêmes ont entrainé une augmentation du taux d’inflation et une détérioration du pouvoir d’achat des ménages.

Le fort rebond économique espéré ne s’est pas réalisé au premier trimestre 2015. Plusieurs indicateurs témoignent de la faiblesse de la reprise, comme le nombre de création d’entreprises (3 289 nouvelles entreprises enregistrées), en baisse de 30 % par rapport à la même période en 2014. De plus, ces créations d’entreprises n’ont pas donné lieu à de nouveaux emplois, le nombre de travailleurs enregistrés à la caisse de retraite du secteur privé (CnaPs) étant resté stable. Le volume de consommation de produits pétroliers a décliné, en particulier le Jet fuel, baromètre des activités du secteur touristique.

Les deux tempêtes tropicales Chedza et Fundi, et leurs fortes précipitations, ont détruit des zones agricoles, des infrastructures et des habitations, entraînant un lourd bilan humain. Les coûts de long terme des dégâts provoqués et de la reconstruction nécessaire ne sont pas encore chiffrés et constituent un fardeau pour l’économie. L’impact immédiat des pertes de produits agricoles est l’augmentation de l’inflation, qui atteint 7,9 % en mars après s’être stabilisé à environ 6 % pendant un an et demi. La hausse de l’inflation a détérioré le pouvoir d’achat des ménages, surtout des pauvres qui dépensent une proportion plus élevée de leur revenu sur les denrées. Le pouvoir d’achat plus faible a un effet en cascade sur toutes les autres activités, freinant la reprise économique.

La Banque Centrale de Madagascar a maintenu une politique monétaire prudente pendant le premier trimestre 2015. L’ariary, la monnaie locale, s’est fortement dépréciée par rapport au dollar en mars, après une période de stabilité depuis mi-décembre 2014. Face à l’euro, l’ariary a connu une tendance à l’appréciation depuis début décembre 2014, reflétant la dépréciation de l’euro par rapport au dollar. Ces mouvements s’expliquent en partie par le fait que le marché des devises est étroit et peut être influencé par les activités de quelques participants. La Banque centrale est intervenue sur le marché des changes pour limiter la volatilité et a préservé ses réserves internationales à un niveau légèrement supérieur à celui du trimestre précédent.

Le premier trimestre 2015 est également prometteur. En premier lieu, les recettes fiscales ont augmenté de 20 % au premier trimestre par rapport à la même période en 2014. En second lieu, le déficit commercial s’est réduit. La valeur des importations a diminué de 17 % au premier trimestre 2015, grâce à la baisse des cours mondiaux de l’énergie et à la baisse des importations de riz. La valeur des exportations a augmenté de 12 % car l’augmentation du volume d’exportation de nickel et de cobalt a plus que compensé la baisse des prix, et aussi grâce à de bonnes productions et prix du girofle et de la vanille. La performance de ces produits a plus que compensé la baisse de la valeur des exportations de crevettes, de thons et de textiles, qui sont les produits phares de la zone franche.

Malgré un lent départ, l’économie peut encore rebondir au cours de l’année 2015. Le Plan National de Développement (PND) et son plan de mise en œuvre prévoient de nombreux investissements qui pourraient dynamiser l’économie, à la condition que le financement puisse être identifié, en majorité de la part du secteur privé et de l’aide internationale. Pour réaliser la vision présentée dans le PND, des signaux forts de la part du gouvernement en faveur de la mise en œuvre des réformes prioritaires seront clef.

Ce rapport présente également de nouveaux résultats issus de la 7 ème et dernière enquête « A l’écoute de Madagascar », portant sur la qualité de vie et l’évolution du bien-être des ménages. Ces enquêtes innovantes par téléphone mobile sont mises en œuvre conjointement par l’Institut National de la Statistique (INSTAT) et la Banque mondiale. Les enquêtes précédentes portaient sur l’inclusion financière, l’éducation, la fiscalité et gouvernance, l’électricité et le transport des ménages, la santé, l’eau et l’assainissement, et enfin la nutrition et la sécurité alimentaire. D’après la dernière enquête, les mesures de bien-être subjectif confirment les indicateurs quantitatifs. La majorité des enquêtés se déclarent insatisfaits de leur niveau de vie et jugent que leurs revenus sont trop faibles pour couvrir leurs besoins. Presque la moitié des ménages pensent que leur bien-être s’est dégradé par rapport à 2008, essentiellement à cause de la hausse du coût de la vie.  





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