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Baisse du prix du pétrole: une opportunité à saisir pour Madagascar

Dernier numéro: 
  • Mars 2015


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Une usine de transformation de minerai: à Madagascar, l’industrie extractive et le secteur des services sont les principaux moteurs de croissance. 

Felana Rajaonarivelo / World Bank Group

LES POINTS MARQUANTS
  • Le taux de croissance à Madagascar s’est situé autour de 3% en 2014 selon un rapport de la Banque mondiale
  • Les investissements publics sont en hausse mais insuffisants par rapport aux besoins du pays
  • La baisse du prix du brut sur le marché international représente une opportunité pour les autorités malgaches d’engager des réformes.

Antananarivo, 5 mars 2015 – Le bureau de la Banque mondiale à Madagascar vient de publier sa note de situation économique du premier trimestre 2015.  Les principaux indicateurs montrent que les conditions macroéconomiques sont restées généralement stables à la fin de l’année 2014. Le taux de croissance est estimé à 3% en 2014. L’industrie extractive et le secteur des services sont les principaux moteurs de cette croissance. L’inflation est contenue à 6% à la fin de l’année, du fait notamment de la baisse du prix du pétrole. Le ratio recettes fiscales/PIB demeure faible (10.1%) et l’objectif de 11.6% visé dans la loi de finances rectificative n’a pas été atteint. Les dépenses courantes continuent à absorber une part importante des dépenses totales (75%). 


« La baisse des prix offre une opportunité pour la réforme des subventions sur les produits pétroliers, et Madagascar pourrait emboîter le pas aux autres pays qui ont profité de la situation pour engager ce type de réformes sachant que le coût politique sera moindre  »

Faniry Razafimanantsoa

Économiste à la banque mondiale

Le gouvernement a commencé à faire des efforts pour rétablir le niveau des investissements publics après les contractions observées pendant la crise. Les dépenses d’investissement sur financement interne ont doublé par rapport à l’année précédente. Cependant, le total des investissements publics n’a été que de 3.5% du PIB, ce qui est insuffisant pour répondre adéquatement aux besoins du pays. Ces dépenses d’investissement ont été orientées vers les secteurs sociaux (éducation et santé), l’agriculture et les travaux publics. Les ressources publiques ont été appuyées par le retour des financements extérieurs, dont un appui budgétaire de la Banque mondiale pour un montant de 45 millions de dollars en décembre 2014.

Les premières estimations indiquent que le solde de la balance des paiements a été excédentaire en 2014. Ce résultat provient essentiellement de la forte contraction du déficit commercial suite à la progression des exportations des produits miniers et textiles, de l’amélioration du solde des services et de l’encaissement de transferts en faveur du secteur public. Les investissements directs étrangers entrants sont estimés autour de 360 millions USD, ce qui est en dessous de la moyenne des 5 dernières années. Ce niveau reflète en partie l’achèvement de la phase d’investissement dans les grands projets miniers, mais aussi la quasi-absence de nouveaux investissements. Les crédits à l’économie ont augmenté de 18.8% au cours de 2014. Les nouveaux crédits sont repartis à parts égales entre les crédits à court terme et  les crédits d’investissement.

L’analyse des impacts des évolutions récentes du cours du pétrole est également un des sujets abordés par cette étude. L’année 2014 a été marquée par la forte chute du prix du brut sur le marché international. Ceci a accéléré l’ajustement des prix à la pompe qui sont fixés par l’administration au prix indicatif pour le marché. La baisse des prix permet au pays, entre autres, d’élargir l’espace fiscal, d’alléger la facture d’importation et de baisser l’inflation. Le retour à la vérité des prix devrait permettre au gouvernement de libérer les dépenses allouées aux subventions et de réallouer les ressources publiques vers des dépenses en faveur de la croissance et de la lutte contre la pauvreté. Le mécanisme de subvention des prix des produits pétroliers a engendré des pressions importantes sur les finances publiques au cours de ces dernières années. En plus des coûts sur les finances publiques, la politique n’est pas bien ciblée car elle profite plus à la tranche de la population ayant des revenus élevés. « La baisse des prix offre une opportunité pour la réforme des subventions sur les produits pétroliers, et Madagascar pourrait emboîter le pas aux autres pays qui ont profité de la situation pour  engager ce type de réformes sachant que le coût politique sera moindre  » a indiqué Faniry Razafimanantsoa, économiste à la Banque mondiale.

Le gouvernement a présenté la Politique Générale de l’État en 2014. La loi de finances rectificative constitue un premier pas vers la mise en œuvre de cette politique à travers le renforcement des ressources disponibles et le ciblage des dépenses. Étant donné le niveau de pauvreté élevé  et les années perdues pendant la crise, le défi reste immense. Le Plan National de Développement devrait apporter plus de visibilité sur les intentions futures du gouvernement. Les perspectives vont dépendre, en grande partie, de la mise en œuvre par le gouvernement des réformes visant à augmenter ses ressources (notamment les recettes fiscales dont le ratio au PIB est parmi les plus faibles du monde) afin de réaliser son programme de développement et des réformes visant à améliorer  le climat des affaires afin d’appuyer le secteur privé.





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