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publication 16 décembre 2020

Perspectives économiques de Madagascar : la pandémie aggrave la pauvreté, un nouvel élan de réforme est nécessaire pour reconstruire plus fort

Dernier numéro: 
  • Decembre 2020
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LES POINTS MARQUANTS

  • L'impact de la pandémie de COVID-19 a entraîné une récession en 2020 comparable à celle causée par la crise politique de 2009 et l’effacement de près d'une décennie de progrès en matière de réduction de la pauvreté
  • Près de 1,4 million de personnes ont basculé dans l'extrême pauvreté en 2020 en raison des pertes d'emplois dans les secteurs clés de l'industrie et des services, ainsi que de la perte soudaine de revenus pour les travailleurs informels affectés par les mesures de confinement dans les grandes villes
  • Les mesures visant à préserver les moyens de subsistance et à prévenir une résurgence de la pandémie restent une priorité à court terme, mais elles devront être associées à des réformes ambitieuses pour mettre le pays sur la voie d’un relèvement économique et social durable

ANTANANARIVO, 16 décembre 2020 – La pandémie de COVID-19 (coronavirus) a déclenché une forte récession à Madagascar, mettant un frein à des années de progrès en matière de réduction de la pauvreté.

Le dernier rapport sur les Perspectives économiques de Madagascar : Tracer la voie de la reprise, relève que les populations vulnérables, en particulier en milieu urbain, étaient les plus affectées par les pertes d'emplois dans les secteurs clés des services manufacturiers et par la perte de revenus entraînée par l’arrêt soudain de l'activité économique. Les ménages ruraux ont également été touchés, note le rapport, mais une production agricole résiliente a contribué à absorber le choc de cette crise.

La pandémie a également réduit la marge de manœuvre budgétaire disponible pour les investissements prioritaires et les programmes sociaux. La crise pourrait ainsi exacerber certaines contraintes structurelles freinant une croissance plus forte et plus inclusive. Pour assurer une reprise durable, le gouvernement devra mobiliser des ressources intérieures supplémentaires pour renforcer le capital humain et les infrastructures, mettre en œuvre des réformes d’envergure pour stimuler l'investissement privé et la création d'emplois, accélérer la numérisation de l'économie et renforcer la productivité agricole et la sécurité alimentaire.

« En l'absence de réformes ambitieuses, cette crise risque d'exacerber le déficit de capital humain, la forte prévalence de l'informalité et de l'agriculture de subsistance, l'insuffisance et le mauvais entretien des infrastructures, ainsi que les faiblesses en matière de gouvernance », rappelle Marie-Chantal Uwanyiligira, directrice des opérations de la Banque mondiale pour Madagascar. « Un nouvel élan de réforme est essentiel pour reconstruire mieux et plus fort après la crise ».

Quelle est l'ampleur des impacts de la crise du coronavirus sur l'économie malgache ?

La crise de la COVID-19 a déclenché une contraction soudaine de l'activité mondiale et nationale

On estime que l'impact combiné des perturbations du commerce mondial et des mesures de confinement à Madagascar a entraîné une contraction du PIB de 4,2 % en 2020, semblable à celle observée lors de la crise politique de 2009.

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La perturbation des échanges commerciaux et des transports au niveau global a eu de graves répercussions sur des secteurs auparavant très performants à Madagascar. Les recettes d’exportations ont ainsi connu une forte contraction, notamment dans les secteurs du textile, de l'exploitation minière et du tourisme, qui étaient des sources importantes de croissance et de création d'emplois avant la crise.

L'impact d'un arrêt brutal de l'activité sur les entreprises et les ménages a été important. En moyenne, 97 % des entreprises interrogées ont signalé une baisse de la demande de leurs produits et services au cours du premier semestre, tandis que 64 % des ménages ont fait état d'une perte de revenus depuis le début de la crise.

La pauvreté a augmenté, affectant de manière disproportionnée les populations urbaines

L'extrême pauvreté devrait augmenter de manière significative en 2020, en particulier pour les populations vulnérables des zones urbaines. Les pertes d'emplois dans les secteurs clés de l'industrie et des services, ainsi que la perte soudaine de revenus des travailleurs informels touchés par les mesures de confinement dans les grandes villes ont contribué à plonger un grand nombre de personnes dans l'extrême pauvreté. Le taux de pauvreté (fixé à 1,90 $ par jour) devrait passer de 74,3 % en 2019 à 77,4 % en 2020, ce qui correspond à une augmentation d’environ 1,4 million de personnes en un an.

La stabilité macroéconomique et financière a été maintenue malgré les difficultés

L’effondrement des recettes fiscales et l’augmentation des dépenses liées à la crise ont creusé le déficit budgétaire qui représente 5,2 % du PIB en 2020. La dette publique est passée de 37,4 % en 2019 à 45,1 %, mais elle reste bien inférieure au niveau enregistré dans d’autres pays de la région. La chute soudaine des recettes d'exportation a entraîné une augmentation du déficit courant à 4 % du PIB en 2020, mais les pressions sur la monnaie ont été gérables et l'inflation modérée, à 4,3 %. La solvabilité des banques est restée généralement saine malgré l'augmentation des défauts de crédits.  

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Combien de temps faudra-t-il à Madagascar pour récupérer les pertes subies pendant la récession ?

La croissance à Madagascar se redressera en 2021-23, mais à un rythme progressif et continuera de se heurter à des contraintes sous-jacentes.

Alors que la crise continue d’assombrir les perspectives économiques nationales et mondiales, la croissance devrait rester modérée à Madagascar en 2021, aux alentours de 2 %, avant de rebondir à 5,8 % en 2022. Cependant, la crise risque d’exacerber les contraintes structurelles qui limitaient déjà la croissance auparavant.

Le taux de pauvreté devrait reprendre sa tendance à la baisse à moyen terme, mais les populations vulnérables restent très sensibles aux chocs.

Le taux de pauvreté devraient retrouver une tendance à la baisse à partir de 2022 grâce à une reprise économique progressive. À moyen terme, le rythme de la réduction de la pauvreté dépendra en grande partie de la capacité du pays à améliorer la productivité agricole, à faciliter la création d'emplois formels dans le secteur non agricole et à accroître la résilience aux chocs climatiques et économiques.

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Comment reconstruire sur des bases plus solides après la crise ?

Prévenir une résurgence de la pandémie et préserver les moyens de subsistance restent les priorités à court terme

Des mesures sanitaires supplémentaires seront nécessaires pour prévenir une deuxième vague de la pandémie à Madagascar, notamment par un renforcement des capacités de dépistage et par des travaux préparatoires à une campagne de vaccination. Si la crise persiste, les programmes de protection sociale devraient également être étendus pour augmenter la couverture, et devraient bénéficier d'une allocation budgétaire transparente et prévisible de la part de l'État pour assurer leur pérennité.

Reconstruire sur des bases plus solides pour une reprise économique durable

Une stratégie de relance forte et durable devra s'appuyer sur des réformes ambitieuses visant à stimuler l'accès au marché, à accélérer la numérisation de l'économie, à renforcer la qualité des investissements publics dans les infrastructures et le capital humain, et à renforcer la productivité agricole et la sécurité alimentaire. La mobilisation de ressources intérieures supplémentaires est devenue essentielle pour soutenir ces priorités, ce qui nécessite des réformes fiscales d’envergure, notamment la suppression des exonérations fiscales inefficaces et l'optimisation de la fiscalité minière.

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