Le développement d’Haïti continue d’être entravé par l’instabilité politique, la montée de la violence et des niveaux d’insécurité sans précédent, ce qui accentue la fragilité du pays. Haïti demeure le pays le plus pauvre d’Amérique latine et des Caraïbes, et l’un des plus pauvres au monde. En 2024, le PIB par habitant s’élevait à 2 142,62 USD et l’indice de GINI (basé sur la consommation) à 0,41. La valeur de l’Indice de Développement Humain (IDH) pour 2023 est de 0,554 — ce qui place le pays dans la catégorie du développement humain moyen, au 166e rang sur 193 pays.
Depuis 2019, le niveau de violence et d’insécurité reste élevé, notamment dans des villes de la région métropolitaine de Port au Prince, de l’Artibonite et du Centre, avec des conséquences dévastatrices pour la population, dont le déplacement de 1 300 000 personnes au 30 juin 2025. Selon le Service des droits de l’homme (HRS) du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), entre le 1er janvier et le 30 juin 2025, plus de 3 100 personnes ont été tuées et plus de 1 100 blessées dans le contexte de violences perpétrées par des gangs, des groupes d’autodéfense, des membres non organisés de la population, ainsi que lors d’opérations des forces de sécurité.
Haïti est également l’un des pays les plus vulnérables aux aléas naturels, principalement les ouragans, les inondations et les séismes. Plus de 96 % de la population est exposée à ces types de chocs et, alors que les crises persistent, 5,4 millions d’Haïtiens peinent chaque jour à se nourrir.
Haïti compte au total 93,212 cas suspects de choléra au 09 aout 2025. La mortalité infantile et maternelle reste élevée, et la couverture des mesures de prévention stagne ou diminue, en particulier pour les ménages les plus pauvres.
Selon l’Indice du capital humain 2020, un enfant né aujourd’hui en Haïti ne sera que 45 % aussi productif qu’il pourrait l’être s’il avait eu pleinement accès à une éducation et à des soins de santé de qualité. Plus d’un cinquième des enfants risquent des limitations cognitives et physiques, et seulement 78 % des jeunes de 15 ans survivront jusqu’à 60 ans.
Economie
Le potentiel économique à long terme d’Haïti repose sur une population jeune, la proximité de grands marchés d’exportation, la résilience des transferts de la diaspora et des opportunités dans l’agriculture, la petite industrie et les services. Réaliser ce potentiel nécessitera de surmonter des défis complexes. L’instabilité politique, la violence des gangs et la faiblesse institutionnelle ont contribué à un piège de fragilité croissant. Les perturbations des réseaux de transport et des postes frontaliers ont limité le commerce et la mobilisation des recettes publiques.
L’économie s’est contractée de 4,2 % en 2024, avec des baisses dans l’agriculture (-5,6 %), l’industrie (-4,7 %) et les services (-3,9 %). L’inflation a diminué de 44,2 % en 2023 à 25,8 % en 2024, mais l’inflation alimentaire reste élevée (34,7 % en moyenne en 2024). On estime que 37,6 % des Haïtiens vivent avec moins de 2,15 $/jour (PPP 2017) en 2025. Les recettes fiscales ont chuté de 6,3 % à 5,2 % du PIB, bien qu’une politique budgétaire stricte et des transferts solides aient permis de stabiliser la gourde et de réduire l’inflation.
En 2025, le PIB devrait se contracter de 2,0 %, l’incertitude politique et la violence des gangs freinant l’investissement privé et l’inflation élevée réduisant la consommation privée. Une croissance modeste du PIB est prévue pour 2026, avec une reprise de l’investissement à partir d’une base faible, sous réserve d’améliorations modestes sur les plans politique et sécuritaire. Cependant, des changements de politique commerciale pourraient freiner les exportations textiles, aggravant les défis existants. Avec une croissance modeste, la pauvreté devrait diminuer légèrement, la part des Haïtiens vivant avec moins de 2,15 $/jour (PPP 2017) passant de 37,6 % en 2025 à 36,7 % en 2027.
Pour accélérer la croissance et réduire la pauvreté, des progrès en matière de sécurité, d’élections crédibles et d’investissements dans la gouvernance, les infrastructures et le capital humain sont nécessaires. Une meilleure gestion des risques de catastrophe et un contrat social renforcé seront essentiels pour inverser la fragilité et permettre un développement durable.
Dernière mise à jour: 13 oct. 2025