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publication 01 octobre 2021

Vivre à l’heure de la COVID-19 en République du Congo : que révèlent les enquêtes sur les ménages et les entreprises ?

8e édition du Rapport de suivi de la situation économique et financière de la République du Congo

LES POINTS MARQUANTS

  • La 8e édition du Rapport de suivi de la situation économique et financière de la République du Congo, publiée par la Banque mondiale, dresse un aperçu de l’impact de la pandémie de COVID-19 sur la conjoncture économique.
  • S’appuyant sur une enquête téléphonique auprès des ménage, le rapport constate que la crise sanitaire a eu des répercussions sévères sur les ménages malgré l’aide d’urgence déployée par le gouvernement.
  • Le rapport formule quelques recommandations de politiques publiques à mettre en œuvre au cours des 12 prochains mois pour favoriser une reprise durable.

BRAZZAVILLE, République du Congo, 21 décembre 2021— Alors que les projections d’avant la pandémie tablaient sur une croissance positive de l’ordre de 4,6 %, l’économie congolaise se serait contractée de 7,9 % en 2020. Les conséquences de la pandémie ont exacerbé les difficultés d’une conjoncture déjà fragile et expliquent cette faible performance. Telles sont les conclusions des dernières perspectives économiques de la République du Congo, publiées par la Banque mondiale, qui soulignent également que les secteurs pétrolier et non pétrolier se sont respectivement contractés de 7,7 % et 8,3 % sur la même période.

Intitulé, Vivre à l’heure de la COVID-19, le rapport de suivi de la situation économique et financière de la République du Congo note que les autorités congolaises et la Banque centrale régionale ont pris des mesures pour atténuer le choc de la pandémie, malgré un contexte d’espace budgétaire restreint, et grâce au soutien de la communauté internationale.

Sur le plan budgétaire, le gouvernement a adopté des mesures visant à alléger le paiement des impôts et des droits pour les entreprises privées. En juin 2020, il a par ailleurs mobilisé 50 millions de dollars versés par la Banque mondiale pour fournir un complément de revenu d’urgence aux ménages, dont un transfert ponctuel inconditionnel de 50 000 XAF (82 dollars) à 231 546 ménages urbains.

Malgré ce soutien, l’enquête téléphonique à haute fréquence (EHF) sur la COVID-19 révèle que les dommages économiques subis par les ménages et les entreprises ont été sévères :

  • En août 2020, environ 82 % des ménages ont connu une diminution de leurs revenus tirés du travail ou d’autres activités génératrices de revenus, par rapport à la période précédant la pandémie ;
  • La moitié des ménages avec des enfants d’âge scolaire n’ont entrepris aucune activité pédagogique entre avril et octobre, lorsque les écoles étaient fermées ;
  • La plupart des entreprises ont enregistré une baisse de leurs revenus de ventes d’août à décembre et, par rapport à la période d’avant la crise, 69 % des entreprises à travers le pays ont déclaré un taux de rotation du personnel plus faible ;
  • Par rapport au premier trimestre 2020 où seules 5 % des sociétés n’étaient pas en activité, 23 % de plus ont fermé temporairement ou définitivement au deuxième trimestre.

Avec l’impact de la pandémie, le PIB par habitant réel a chuté de 10,3 % en 2020, faisant augmenter les taux de pauvreté de quatre points de pourcentage en à peine un an, soit de 48,5 % à 52,5 % en 2020, plongeant 290 000 personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté.

Les projections pour 2021 tablent sur une contraction de l’économie congolaise de 1,2 %, tirée principalement par une contraction du secteur des hydrocarbures de 1,8 %. Le secteur non pétrolier reste fragile et devrait connaître un recul de 0,5 %. L’activité économique devrait repartir progressivement en 2022-2023, avec une croissance du PIB de 3,1 % en moyenne grâce à un secteur pétrolier plus dynamique et une reprise progressive du secteur non pétrolier.

Bien que le pays reste surendetté en raison d'arriérés intérieurs et extérieurs en souffrance, les récents accords de restructuration de la dette, la hausse des prix du pétrole et l'amélioration de la gestion de la dette ramènent le pays vers la viabilité de sa dette. Le taux de pauvreté devrait atteindre 53,3 % en 2021-2023. En supposant que l'économie croisse en moyenne de 5 % par an à partir de 2024, le PIB par habitant ne reviendra aux niveaux d'avant COVID-19 que d'ici 2028, et restera inférieur au niveau de 2014. Dans le même temps, le taux de pauvreté devrait revenir aux niveaux d'avant la pandémie d'ici 2026. Les perspectives sont soumises à des risques à la hausse et à la baisse.

Enfin, le rapport recommandent les priorités politiques à mettre en œuvre à court terme pour favoriser une reprise économique soutenue. La République du Congo gagnerait à renforcer son système de santé et à améliorer la sécurité alimentaire de la population la plus vulnérable. Il sera également essentiel de diversifier l’économie et de restaurer et maintenir la viabilité budgétaire ainsi que la soutenabilité de la dette. Toutes ces actions nécessiteront de développer un système de collecte des données solide pour mieux guider l’élaboration des politiques publiques.