OUAGADOUGOU, 10 juillet 2025 – Selon la Note sur la situation économique du Burkina Faso de la Banque mondiale d’avril 2025, l’économie du pays a enregistré une croissance de 4,9 % en 2024 contre 3 % en 2023. Le taux de croissance réel du PIB par tête a également progressé de 0,7 % à 2,5 % sur la même période.
Cette accélération est attribuée principalement à la performance des services et de l’agriculture, soutenus par une amélioration de la situation sécuritaire, des conditions météorologiques favorables ainsi qu’un appui renforcé du gouvernement au secteur agricole.
L’inflation a connu une hausse en 2024, atteignant 4,2 %, contre 0,7 % en 2023 et qui est due à la flambée des prix des denrées alimentaires, elle-même provoquée par la spéculation sur les marchés en lien avec un démarrage tardif de la saison des pluies.
Malgré cette dynamique inflationniste, la forte croissance des secteurs agricole et des services en 2024 a permis une réduction du taux d’extrême pauvreté de 3 points de pourcentage, s’établissant à 23,2 %, avec une baisse plus marquée en milieu rural. Toutefois, le nombre absolu de personnes vivant dans la pauvreté demeure élevé, dépassant les 5,5 millions d’individus.
Le rapport note également une baisse des déficits jumeaux (budgétaire et du compte courant) en 2024. Le déficit budgétaire s’est amélioré en 2024, passant de 6,5 % à 5,6 % du PIB, grâce à la meilleure maîtrise des dépenses publiques et à une mobilisation accrue des recettes.
Parallèlement, le déficit du compte courant, s’est également amélioré passant de 8 % du PIB en 2023 à 6,4 % en 2024, en raison de la hausse des prix de l’or qui ont boosté la valeur des exportations. Toutefois, le financement de ce déficit s’est en grande partie appuyé sur les marchés régionaux, dans un contexte marqué par une hausse des taux d’intérêt.
Le rapport souligne que les perspectives à court et moyen terme restent positives mais soumises à de multiples risques tels que l’insécurité, les chocs climatiques, le refinancement de la dette et les défis dans le secteur financier.
En supposant une atténuation de ces risques, la croissance devrait se consolider à 5 % à moyen terme, portée par un secteur tertiaire dynamique, une reprise attendue du secteur secondaire, notamment grâce à l’amélioration de l’accès à l’énergie, et des conditions météorologiques moyennes favorables à l’activité agricole.
L’inflation, quant à elle, devrait progressivement se stabiliser dans la fourchette cible de l’UEMOA. Ces perspectives, combinées à la poursuite de la consolidation budgétaire, devraient permettre une réduction continue mais modérée de la pauvreté, estimée à environ 1 point de pourcentage par an.
Concernant l’économie dans son ensemble, Daniel Pajank et Ibrahim Nana, co-auteurs du rapport, appellent à « renforcer la mobilisation et l’efficacité des ressources publiques, notamment par la modernisation continue de l’administration fiscale, l’élargissement de l’assiette fiscale et une optimisation des dépenses publiques, tout en améliorant la gestion de la dette et en mobilisant davantage de financements concessionnels. »
La note analytique consacrée à l’énergie au service de la croissance économique propose une évaluation approfondie du secteur de l’électricité au Burkina Faso et formule des recommandations concrètes pour atteindre les objectifs fixés dans la stratégie nationale d’électrification. Il souligne le rôle clé de l’énergie dans la transformation économique du pays. Comme le souligne Hamoud Abdel Wedoud Kamil, représentant résident de la Banque mondiale au Burkina Faso, « une électricité abordable, fiable et durable est essentielle pour améliorer la productivité dans l’agriculture, soutenir la croissance des services et relancer le secteur industriel ».
Malgré les efforts engagés, l’accès à l’électricité demeure limité au Burkina Faso avec un taux bien en dessous de la moyenne régionale. Cette situation constitue un frein majeur à une croissance inclusive et réduit les opportunités économiques pour une large partie de la population, en particulier en milieu rural.
Ainsi les co-auteures du chapitre dédié au secteur de l’énergie, Regina Nesiama Miller et Adwoa Asantewaa, soulignent qu’« une réforme ambitieuse du secteur, incluant une tarification fondée sur les coûts de la production de l’électricité et l’expansion de l’accès hors réseau, serait essentielle pour réduire les vulnérabilités et garantir une croissance inclusive ».
Finalement, le rapport recommande de s’attaquer aux contraintes structurelles qui freinent la transformation économique du pays, en particulier dans le secteur de l’électricité encore marqué par des coûts de production parmi les plus élevés de la région et une forte dépendance aux combustibles importés.