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ARTICLE 20 novembre 2018

Burundi : premier bilan de la riposte d’urgence face à la peste des petits ruminants

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En février 2018, le gouvernement cherchait de l’aide d’urgence pour endiguer l’épidémie de peste des petits ruminants, qui a épargné cette chèvre.

Photo : Flore de Preneuf / Banque mondiale.


LES POINTS MARQUANTS

  • Plus de 8 500 chèvres ont succombé à la peste des petits ruminants au Burundi depuis décembre 2017.
  • Plus de trois millions d’ovins et de caprins — soit le total du cheptel de petits ruminants du pays — ont été vaccinés en quelques mois, grâce au soutien de la Banque mondiale.
  • La FAO, l’OIE et leurs partenaires veulent éradiquer la peste des petits ruminants dans le monde à l’horizon 2030.

BUJUMBURA, le 20 novembre 2018—Depuis décembre 2017, le Burundi est frappé par une épidémie de peste des petits ruminants, qui a été confirmée en janvier 2018, tuant des milliers de bêtes et menaçant la survie de millions de petits paysans et éleveurs qui dépendent de leurs cheptels d’ovins et de caprins pour se nourrir, obtenir rapidement de l’argent liquide ou amender leurs sols.

Les premiers foyers épidémiques correspondent aux endroits où 5 438 boucs et chèvres ont été distribués aux agriculteurs par le gouvernement au titre de la deuxième phase du projet de gestion de l’environnement du lac Victoria, financé par la Banque mondiale.

 

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Une chèvre attachée à une clôture en février 2018, quand certaines provinces ont interdit tout mouvement des troupeaux pour endiguer la propagation de l’épidémie — photo : Flore de Preneuf / Banque mondiale.

Ces caprins étaient-ils infectés ?

Afin d’évaluer la situation, la Banque mondiale a immédiatement organisé une réunion de crise, rassemblant le personnel dédié au pays et au projet, les directeurs des pôles mondiaux d’expertise en environnement et agriculture ainsi que des spécialistes de l’élevage, des mesures de sauvegarde et de la communication.

Les données recueillies ne permettaient pas d’obtenir une réponse tranchée : certes, la peste des petits ruminants tuait des chèvres, dont certaines avaient été distribuées dans le cadre du projet, mais rien ne permettait de dire avec certitude d’où provenait l’épidémie au Burundi.

Sur les 5 438 bêtes distribuées, 494 boucs avaient été importés et 4 944 chèvres achetées sur les marchés locaux. La mort de certains boucs importés pouvait suggérer un éventuel non-respect des protocoles de vaccination en Ouganda, pays d’origine de ces animaux où la peste ovine et caprine est endémique. Les experts de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) ont souligné que rien ne permettait non plus d’exclure la présence du virus au Burundi antérieurement à cette flambée épidémique.

Au-delà des chiffres et du travail d’enquête, une chose était certaine : le Burundi était confronté à une crise et avait un besoin d’une aide d’urgence.

 

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Pendant l’interdiction partielle de la commercialisation de chèvres en février 2018, ce restaurant de brochettes, à Gitega, reste vide. Photo : Flore de Preneuf/Banque mondiale.

À titre conservatoire, le gouvernement a rapidement interdit tout mouvement et vente des petits ruminants dans les provinces touchées, gelant de facto certains des biens mobiliers d’une grande partie de la population de ce pays de 10 millions d’habitants — ceux-là même qui, aujourd’hui, pourraient avoir du mal à acheter des semences et des engrais ou à assumer leurs dépenses de santé et les frais de scolarité de leurs enfants. Les étals de viande caprine au bord des routes sont vides.

« À cause de [l’interdiction], nous manquons de sel et d’huile pour cuisiner, car nous n’avons plus d’argent », indique Consolate Havyarimana, éleveuse de chèvres à Nyabisindu, un village proche de la frontière avec la Tanzanie.

En février, avec la FAO et l’OIE, la Banque mondiale a effectué une mission sur place pour recueillir des informations et identifier les options techniques et financières envisageables pour aider les autorités. Très rapidement, le 2 mars, la Banque mondiale approuvait un mécanisme de riposte immédiate de 2,8 millions de dollars au titre de la composante d’intervention d’urgence conditionnelle du projet régional de développement agricole intégré dans les Grands Lacs, financé par l’Association internationale de développement (IDA).

« Tout le mérite en revient au personnel du ministère de l’Agriculture burundais, de la Banque mondiale, de l’OIE et de la FAO qui ont travaillé sans relâche main dans la main pour parvenir à cette décision en un temps record », souligne Bella Bird, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Burundi, le Malawi, la Somalie et la Tanzanie.

 

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Des vétérinaires au début de la campagne de vaccination — photo : services vétérinaires du Burundi.

« Nous avons tous assumé nos responsabilités pour élaborer une stratégie de riposte détaillée, mobiliser les ressources, se procurer des vaccins et former les services vétérinaires, afin de ne pas laisser tomber les habitants », renchérit Nestor Coffi, responsable des opérations pour le Burundi.

 

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Ces éleveurs font la queue pour faire vacciner leurs chèvres — photo : services vétérinaires du Burundi.

Le 30 mai, plus de 3 millions de caprins et d’ovins — soit l’intégralité du cheptel de petits ruminants du pays — avaient été vaccinés grâce au soutien de la Banque mondiale, de l’OIE, de la FAO mais aussi du Fonds international de développement agricole (FIDA) et de l’Union africaine. Le 14 juin, les marchés ont pu rouvrir, même si l’interdiction d’importation a été maintenue.

« Les premiers résultats de la campagne de suivi sérologique organisée depuis le 13 août sont excellents. Ils confirment la qualité du vaccin utilisé et l’efficacité de la campagne de vaccination par les services vétérinaires. Une nouvelle campagne de vaccination sera organisée pour protéger tous les jeunes animaux nés depuis la première opération », explique Caroline Plante, spécialiste de l’élevage.

 

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Les chèvres sont vaccinées — photo : services vétérinaires du Burundi.

La protection du cheptel actuel est une première étape importante pour prévenir la réapparition d’une épidémie à court terme. La riposte d’urgence a également apporté une expertise de haut niveau et a permis d’améliorer les capacités des services vétérinaires burundais à planifier et mettre en œuvre des programmes nationaux de vaccination et de surveillance. Une évaluation exhaustive des services vétérinaires, prévue en février prochain pour vérifier le respect des normes internationales définies par l’OIE, servira de référence pour de nouvelles aides.

« La prochaine étape consiste à compenser la perte des moyens de subsistance dans l’un des pays les plus pauvres du monde. Une étude socioéconomique est en cours pour cerner au mieux la situation des habitants victimes de cette épidémie de peste des petits ruminants et soutenir l’élaboration des futures interventions, afin de les aider durablement », explique Nora Kaoues, économiste principale spécialisée dans l’agriculture et chef d’équipe du projet régional de développement agricole intégré dans les Grands Lacs.

« Le travail n’est pas terminé », rappelle Nestor Coffi. « Mais au vu des premiers résultats, je suis convaincu que le Burundi parviendra à surmonter cette crise et à renforcer la filière des petits ruminants, vitale pour tant d’habitants. »

 

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À Bujumbura en février 2018, ces chèvres en pleine santé sont à vendre — photo : Flore de Preneuf / Banque mondiale.



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